Danny Maciocia rêvait des Alouettes depuis 18 ans. Mario Cecchini y pensait depuis 10 ans.

Si les nouveaux directeur général et président du club montréalais ont réalisé des rêves qu’ils caressaient depuis longtemps, les deux hommes ont peu de temps pour laisser leur marque.

Officiellement nommés lundi — une semaine après que le nouveau copropriétaire des Alouettes Gary Stern eut promis de combler rapidement les deux postes —, Maciocia et Cecchini disposent de peu de temps pour redresser la barre dans leurs sphères d’activités respectives.

Maciocia, pour un, se joint aux opérations football à un mois seulement de l’ouverture du marché des joueurs autonomes dans la Ligue canadienne. Et bien que l’équipe ait montré une belle progression en remportant 10 victoires en 2019, elle a des lacunes.

« C’est certain que ce n’est pas idéal, a admis l’homme de 52 ans. Dans un monde idéal, nous aurions tous été assis ici il y a un mois, mais ce n’est pas de cette façon que les choses se sont passées. J’ai déjà commencé à étudier notre formation et nous avons d’importantes décisions à prendre : qui garderons-nous, qui laisserons-nous aller, à qui allons-nous faire des offres sur le marché des joueurs autonomes. On doit mettre en place un réseau de dépisteurs aux États-Unis également, et je n’ai même pas encore parlé du repêchage de la LCF.

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Danny Maciocia

« Concrètement, je crois que notre priorité sera la ligne défensive, a ajouté le DG. Je pense que nous devons compter sur quatre joueurs capables de se rendre aux quarts adverses. »

La troupe de Khari Jones a terminé au dernier rang de la ligue en 2019 avec 27 sacs seulement, une statistique qui devra être améliorée rapidement afin que les Alouettes poursuivent leur progression.

Plusieurs observateurs craignaient aussi que Maciocia, à la tête des Carabins de l’Université de Montréal depuis 2011, ne dispose pas des contacts pertinents au sud de la frontière afin d’engranger la banque d’espoirs du club. Il assure que c’est tout le contraire.

« J’ai plusieurs noms en tête, a-t-il affirmé. J’ai un réseau plutôt intéressant, car presque chaque année, je suis allé visiter des universités américaines afin de m’enquérir de leurs façons de travailler : à Miami, ou Ohio State, par exemple. J’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs personnes lors de ces séjours et je sais exactement qui est disponible. Ce qui sera important, c’est de couvrir les États-Unis au complet, qui sera peut-être le plus grand défi. »

Maciocia, qui a fait partie du personnel d’entraîneurs des Alouettes de 1996 à 2001, promet également de faire un meilleur travail de recrutement parmi les joueurs québécois.

« Quand on regarde les joueurs québécois qui ont un impact, mais qui ne sont pas à Montréal, ça me dérange. Il faut que ça change et ça presse. […] À partir d’aujourd’hui, nous serons très visibles au Québec. Ça ne sera pas possible de tous les avoir, mais si on peut en amener davantage chez nous, on va le faire. »

Par ailleurs, Maciocia ne voit aucun inconvénient à ce qu’il n’ait pas choisi son entraîneur-chef.

« Je sais que dans la perception des gens, le président embauche le directeur général, qui nomme ensuite son entraîneur-chef. Mais il faut regarder ce que Coach Jones a eu à gérer l’an dernier. Soyons francs : on ne lui a pas donné une bonne main, a-t-il imagé. Je ne vois pas comment, dans les circonstances, on ne pouvait pas lui donner une prolongation de trois ans ; comment on ne pouvait pas lui offrir de mener de l’avant cette équipe ? Avec ce qu’il a réussi, je suis surpris qu’il n’ait pas été nommé entraîneur-chef de l’année. »

« Je pense que c’est la bonne personne en place. Je crois que nous sommes chanceux de pouvoir compter sur lui. »

Ce n’est pas la première fois que Maciocia occupera ces fonctions au niveau du circuit Ambrosie : il a tenu ce rôle de 2008 à 2010 avec les Eskimos d’Edmonton. Il a compilé une fiche de 20-21 avant d’être congédié après cinq matchs en 2010. Il avait précédemment remporté la Coupe Grey comme entraîneur-chef de l’équipe, en 2005. Il avait aussi remporté le titre en 2003, à titre de coordonnateur à l’attaque.

« Ce que je retiens de mon passage à Edmonton, c’est que je vais cette fois m’entourer de personnes qui ont des forces là où je perçois des faiblesses chez moi, a-t-il souligné. Je crois que je n’étais peut-être pas prêt pour ce poste à ce moment-là. »

Un complexe d’entraînement pour Cecchini

Les défis de Mario Cecchini, qui jouit d’une grande expérience dans le monde des médias au Québec, notamment à la tête de Corus Média et RNC Média, se trouvent à un autre niveau. Sa priorité sera de rassembler le personnel des opérations football et le personnel administratif des Alouettes sous un même toit, des bureaux qu’il souhaite jumelés à un nouveau complexe d’entraînement.

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Mario Cecchini

« C’est une priorité pour les 24 prochains mois. C’est très clair pour les propriétaires. Ça nous prend tous nos gens sous un même toît et le terrain d’entraînement à proximité. C’est plus qu’un enjeu ou un souhait : c’est une priorité. Je m’attends à travailler là-dessus dès la semaine prochaine. C’est primordial pour l’esprit de corps, les communications et le sentiment d’appartenance. Les joueurs souhaitent également ne pas avoir à se déplacer à gauche et à droite. On veut pouvoir dire : ici, c’est les Alouettes. »

Cecchini remplace Patrick Boivin, qui a été congédié le 3 janvier. Les Alouettes n’avaient plus de directeur général depuis le congédiement de Kavis Reed, en juillet dernier.