Un homme très riche venu d’ailleurs partage avec son beau-fils une passion pour le sport. Les deux achètent au rabais une équipe montréalaise qui évolue dans un stade désuet. Puis ils promettent aux partisans des jours meilleurs.

Les Expos en 1999 ?

Oui. Et les Alouettes en 2020.

Souhaitons que les nouveaux propriétaires du club de football, Sidney Spiegel et Gary Stern, se comportent mieux que Jeffrey Loria et David Samson. Remarquez, la barre n’est pas haut placée. Loria et Samson avaient sorti les Expos des ondes, abandonné le projet de stade au centre-ville et brûlé tous les ponts avec la communauté.

Sidney Spiegel, 89 ans, et Gary Stern, 65 ans, ont l’avantage de connaître le Québec. Ils ont déjà investi dans des entreprises à Rouyn et à Longueuil. M. Spiegel a aussi possédé des édifices à Montréal. En ville, on raconte que les deux hommes ont mis des lignes à l’eau, en 2009, pour joindre un consortium qui souhaitait acheter le Canadien. Un porte-parole de la LCF m’a indiqué lundi soir que l’information n’était pas fondée. Mais une source impliquée dans le processus de vente du Tricolore à l’époque a confirmé à mon collègue Richard Dufour que le duo s’était bel et bien manifesté.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Gary Stern

Les nouveaux propriétaires ne partent donc pas de zéro. C’est rassurant. Gary Stern a d’ailleurs reconnu en conférence de presse que le Québec est un marché distinct. Qu’il allait nommer un président pour gérer le club au quotidien. Et que cette personne devra parler français couramment. Comme Pierre Boivin avec le Canadien pendant le règne de George Gillett.

Une sage décision.

Chez les Expos, Jeffrey Loria avait tenu tête aux actionnaires québécois et nommé son beau-fils David Samson à la direction de l’équipe. Un choix mal avisé qui avait mis le feu dans la cabane.

Maintenant, ce futur président devra relever plusieurs défis. Notamment celui de gérer ses patrons. Car si M. Stern a promis d’être « le propriétaire le plus patient » lundi, les événements des dernières semaines suggèrent le contraire.

Le 24 novembre, lors d’un party de la Coupe Grey, il a appris que les Alouettes étaient à vendre. Le lendemain, il appelait le commissaire pour signifier son intérêt. La transaction a été conclue en trois semaines. Tout s’est passé si vite que ni M. Stern ni M. Spiegel n’avait encore visité le stade Percival-Molson avant lundi.

En conférence de presse, M. Stern a aussi fait preuve d’impulsivité. Lorsqu’un journaliste lui a demandé pourquoi il investissait dans les Alouettes et non les Argonauts de Toronto – il vit en Ontario –, le nouveau propriétaire a répondu : « Parce que les Argos sont nuls (they suck). »

De la grosse classe.

Je suis peut-être vieux jeu, mais il me semble que ce n’est pas une blague à faire lorsqu’on rencontre la belle-famille pour la première fois. Assis à ses côtés, le commissaire Randy Ambrosie ne l’a pas trouvée drôle. Il a d’ailleurs précisé que la Ligue cherchait des propriétaires « compétitifs sur le terrain, mais collaborateurs à l’extérieur ».

Un rappel à l’ordre poli, mais ferme.

Maintenant, la grande question : pourquoi le commissaire a-t-il préféré ce tandem à des actionnaires locaux ?

Débat d’autant plus légitime que les aspirants étaient nombreux. Le commissaire a affirmé avoir discuté avec de 7 à 10 groupes. Le problème, a-t-il indiqué, c’est qu’un consortium, ça fonctionne bien quand un club gagne. Mais c’est difficile quand une franchise en arrache. D’où sa préférence pour un duo de l’extérieur aux poches pleines.

C’est son droit. Mais ça reste un choix discutable. Des investisseurs locaux bien branchés dans la communauté auraient facilité la recherche de commandites et les ventes de loges (entre autres). Les nouveaux propriétaires, eux, devront s’en remettre à leur futur président et à son carnet de contacts.

C’est possible.

Mais mettons que la Ligue n’a pas choisi le tracé le plus simple.

Claude Julien en territoire dangereux

J’ai souvent maintenu ces dernières semaines que Claude Julien n’était pas le grand responsable des insuccès du Canadien. Je le pense toujours. Sauf que son club vient de s’incliner dans un sixième match de suite. Une léthargie qui en suit une autre, au cours de laquelle le Tricolore avait perdu huit parties de suite.

Le Canadien s’éloigne des séries.

Et des projections des maisons de paris sportifs.

Et ça, c’est très souvent le canari dans la mine pour un entraîneur-chef.

Il existe une très forte corrélation entre un entraîneur dont le club ne comble pas les attentes des parieurs et la fin de son contrat.

Comment calcule-t-on ça ? C’est vraiment simple.

On prend les prédictions du début de la saison. Pour le Canadien, c’était 88,5 points.

On calcule la tendance actuelle. Pour le Tricolore, c’est 82 points.

Puis on mesure l’écart.

Les pires différentiels

Red Wings de Detroit - 32
Devils du New Jersey - 19
Sharks de San Jose - 17
Predators de Nashville - 8,5
Blackhawks de Chicago - 6,5
Canadien de Montréal - 6,5

Les Devils et les Sharks ont changé d’entraîneur-chef l’automne dernier. Les Predators ont congédié le leur lundi soir. Celui des Blackhawks se fait huer à domicile. Pas précisément le groupe auquel un coach veut être associé.

Claude Julien devra retrouver rapidement le chemin des victoires. Car les chiffres ne jouent pas en sa faveur.

Qu’il le mérite.

Ou pas.

Dans le calepin

Ilya Kovalchuk a prouvé contre les Jets lundi soir qu’il était encore à sa place dans la LNH. Solide en échec avant sur le premier but du Canadien… Mikaël Robidoux, suspendu neuf fois par la LHJMQ, a choisi de quitter la ligue… Les hockeyeuses canadiennes ont gagné l’argent au Championnat du monde des moins de 18 ans. La gardienne québécoise Ève Gascon s’est (encore) distinguée. Retenez son nom – elle a le potentiel d’être la prochaine grande vedette de son sport.