À partir de cette saison, les équipes de la Ligue canadienne de football (LCF) pourront utiliser un joueur de plus lors de leurs matchs (45 au lieu de 44). À la condition que l’un de ces 45 joueurs soit originaire du Mexique ou de l’Europe – les joueurs qui sont désignés comme étant «globaux».

Lorsqu’il a été nommé commissaire de la LCF, l’un des objectifs de Randy Ambrosie était de doubler le chiffre d’affaires du circuit. Et selon lui, l’une des façons d’y arriver est en internationalisant le football canadien.

En obligeant les équipes à faire appel à au moins un joueur «global» dans leurs matchs, la LCF espère que l’intérêt pour son produit s’accroîtra à l’extérieur du Canada et des États-Unis. Chaque club de la LCF a donc sélectionné des joueurs «globaux» lors des repêchages mexicain et européen durant la saison morte.

Chez les Alouettes, le botteur Enrique Yenny, le demi défensif Juan Tamayo et le joueur de ligne offensive Diego Kuhlmann ont été choisis lors du repêchage mexicain. Le demi offensif Asnnel Robo, qui a passé quatre saisons avec les Carabins de l’Université de Montréal, a quant à lui été pris lors du repêchage européen.

Au moins l’un des trois joueurs globaux qui n’obtiendront pas une place dans la formation se retrouvera dans l’équipe de développement. Si Yenny amorce la saison avec les Alouettes, ce sera d’ailleurs fort probablement comme membre de l’équipe de développement. À moins d’être blessé, Boris Bede sera le botteur de l’équipe lors de son premier match de la saison, le 14 juin à Edmonton.

«Enrique possède une jambe puissante, mais Boris est à un autre niveau. C’est un botteur assez spécial», a dit Mickey Donovan, coordonnateur des unités spéciales, hier.

Yenny ne se plaindrait pas de son sort s’il devait aboutir dans l’équipe de développement. Le Mexicain de 25 ans ne veut pas voir son rêve de jouer au football professionnel prendre fin. Encore moins depuis qu’il a participé au match préparatoire des siens la semaine dernière à Toronto.

«C’était une expérience incroyable. De voir son nom sur le chandail de l’équipe, c’est vraiment quelque chose qui est très spécial. C’est un rêve qui s’est transformé en réalité pour moi. Je veux rester avec l’équipe et l’aider comme je le peux, même si c’est en faisant partie de l’équipe de développement.»

Et si l’aventure devait se terminer samedi, lorsque les Alouettes devront procéder à leurs dernières coupes? Yenny retournera-t-il au Mexique?

Après un silence de quelques secondes et un soupçon d’appréhension dans le regard, le botteur a livré un plaidoyer qui venait du fond du cœur.

«Je n’y ai pas vraiment pensé. Si ça ne fonctionne pas, je ne sais pas vraiment ce qui va se passer ou ce que je ferai. Je ne veux pas abandonner le football. Je veux rester à Montréal, j’adore la ville et l’équipe. Et j’espère pouvoir faire partie de cette équipe pour beaucoup d’années. Je savoure chaque moment qui passe», a dit Yenny en anglais.

«Il travaille fort et il progresse bien. Il est très enthousiaste d’être ici et c’est plaisant de lui enseigner des choses. Mais il doit améliorer son synchronisme, entre autres. Il perd un peu trop de temps avant d’effectuer ses bottés de dégagement. Ce sont des éléments techniques qui se corrigent assez facilement», a expliqué Donovan.

«Il s’est constamment amélioré depuis la première fois que je l’ai vu à l’œuvre. Il a encore beaucoup de travail devant lui afin de pouvoir jouer à ce niveau, mais il est sur la bonne voie», a quant à lui analysé l’entraîneur-chef Mike Sherman.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le porteur de ballon français Asnnel Robo

Robo se frotte aux meilleurs

Contrairement à Yenny, Asnnel Robo connaissait bien la LCF, les Alouettes et Montréal avant le début du camp des recrues, il y a trois semaines. Après avoir joué une saison au cégep de Thetford Mines, le demi offensif s’est joint aux Carabins. Il a d’ailleurs profité des conseils des entraîneurs de l’équipe au cours de l’hiver.

«J’ai travaillé avec Jason Hogan et Anthony Calvillo durant la saison morte, alors j’étais assez bien préparé pour le début du camp. On a mis l’emphase sur la technique», a raconté Robo, qui n’a commencé à jouer au football qu’à l’âge de 18 ans en France.

«On affronte des hommes dans la LCF. Si on n’a pas une bonne position en protection de passe, on se retrouve sur le derrière. Si notre tracé de passe n’est pas impeccable, on ne réussit pas à se défaire de notre couvreur. Les joueurs pros lisent et anticipent tous le jeu extrêmement bien», a dit Robo au sujet de la différence entre les rangs universitaires et professionnels.

«Certains membres de l’équipe ont joué dans la NFL ou ont fait partie des plus gros programmes de la NCAA. C’est donc vraiment spécial de pouvoir les côtoyer et de me comparer à eux.»

Même s’il est plus à l’aise avec le football canadien que le sont les trois joueurs mexicains, Robo ne se considère pas pour autant en avance dans la course pour la 45e place.

«Je ne pense pas détenir une longueur d’avance. Ces joueurs font tous un très bon travail. C’est une compétition depuis le début du camp et comme l’a dit notre entraîneur, ce sera l’examen final jeudi soir.»

«Je suis plus excité que nerveux. J’apprécie chaque moment comme si c’était le dernier, car avant que la LCF adopte cette nouvelle initiative, j’avais mis une croix sur le rêve de faire carrière au football professionnel.»

Deuxième et dernier match préparatoire: Rouge et Noir d’Ottawa c. Alouettes, jeudi à 19h30, au stade Percival-Molson