Les recrues des Alouettes s’entraînent depuis mercredi, mais c’est aujourd’hui que le camp se met en branle, avant un premier entraînement prévu demain. Et malgré tous les changements qui ont marqué l’intersaison, une certitude demeure : il y aura beaucoup de nouveaux visages autour de l’entraîneur-chef Mike Sherman.

Un Trestman de la défense ?

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Après avoir passé plus de 20 saisons dans la NFL, Bob Slowick a été embauché durant l’hiver comme coordonnateur défensif des Alouettes de Montréal.

Embauché durant l’hiver comme coordonnateur défensif des Alouettes, Bob Slowik sera-t-il le Marc Trestman de la défense ? Son parcours est très similaire à celui de Trestman lorsqu’il est arrivé dans la LCF, en 2008.

Slowik a passé plus de 20 saisons dans la NFL (de 1992 à 2013). Il a notamment été le coordonnateur défensif des Bears de Chicago, des Browns de Cleveland, des Packers de Green Bay et des Broncos de Denver. Comme Trestman, il a travaillé pour plusieurs équipes de la NFL, mais est arrivé au Canada après quelques années passées à l’écart de la compétition.

Le parcours de Slowik est impressionnant. Mais il n’a aucune expérience dans la LCF, ce qui est évidemment un facteur considérable. Cela dit, un peu comme l’avait fait Trestman il y a 11 ans, Slowik a passé l’hiver à étudier le jeu à trois essais. Il avait également passé une semaine avec les Alouettes comme entraîneur invité, la saison dernière, à la demande de Mike Sherman, qu’il a connu chez les Packers en 2000.

« Mike m’a demandé si je voulais venir passer du temps avec l’équipe et j’ai accepté. J’ai assisté aux entraînements et j’ai pris beaucoup de notes. Il y a tellement de choses qui se passent sur le terrain dans la LCF, c’est vraiment fascinant comme jeu. »

« Heureusement, j’ai eu quatre mois [de janvier à avril] pour m’immerger dans l’étude du jeu canadien. Je n’avais pas de réunions ou de rencontres avec des joueurs, alors j’ai pu me consacrer à la préparation de notre livre de jeux, ce qui était une tâche colossale. » — Bob Slowik

« J’allais m’entraîner le matin, puis je fermais la porte de mon bureau à la maison, en Floride, et je passais la journée à étudier et à regarder la dernière saison des Alouettes. Je l’ai regardée deux fois et demie », a raconté Slowik, qui a eu 65 ans cette semaine.

Des débuts prometteurs

Slowik a amorcé sa carrière dans la NFL en 1992 avec les Cowboys de Dallas et a gagné le Super Bowl dès sa première saison. Sous les ordres de l’entraîneur-chef Jimmy Johnson et du coordonnateur défensif Dave Wannstedt, Slowik avait l’unique responsabilité de bien préparer Darren Woodson et Kenny Gant, qui étaient les cinquième et sixième demis défensifs utilisés par les Cowboys en situation de troisième essai (nickel and dime) à l’époque.

« On a terminé au premier rang de la ligue en situation de troisième essai et je pense même qu’on a établi un record à ce chapitre. C’était très innovateur comme concept, en 1992. Aucune autre équipe n’avait un entraîneur qui se concentrait uniquement sur cet aspect du jeu. »

Slowik se souvient que sa charge de travail à Dallas était immensément plus imposante que ce qu’il avait connu dans les rangs universitaires jusque-là.

« Dans la NCAA, il y avait 9 ou 10 matchs par saison à cette époque. Dans la NFL, ça faisait déjà huit semaines qu’on travaillait jour et nuit, et la saison n’était même pas encore commencée ! Ce fut un choc. Rendu au milieu de la saison, je me demandais si je dormirais à nouveau, un jour. Mais c’était une année incroyable et tout ce travail a évidemment rapporté. »

« Espérons que ma carrière dans la LCF commencera de la même façon que dans la NFL. » — Bob Slowik

Dans les semaines qui ont suivi la conquête des Cowboys, Wannstedt a obtenu le poste d’entraîneur-chef des Bears de Chicago. Il a ensuite embauché Slowik comme coordonnateur défensif, un pari risqué, étant donné que ce dernier n’avait qu’une seule saison d’expérience dans la NFL.

« Ce fut une très belle marque de confiance, en effet. Je lui serai toujours reconnaissant de m’avoir donné cette chance. En plus d’être le coordonnateur, je m’occupais des secondeurs. »

Slowik aura précisément le même rôle à Montréal : coordonnateur défensif et responsable des secondeurs. Dans la NFL, il a également souvent été l’entraîneur des demis défensifs.

« Je pense qu’en tant que coordonnateur, on choisit généralement de meilleurs jeux lorsqu’on est le responsable des secondeurs que lorsqu’on est celui des demis défensifs. On est généralement plus agressif, car on a moins tendance à vouloir jouer de prudence afin de ménager nos demis défensifs. »

Slowik reconnaît qu’il aurait été encore plus difficile pour lui de se familiariser avec la LCF s’il avait dû superviser la tertiaire. « La charge de travail aurait été trop imposante. Il y a pratiquement toujours au moins six demis défensifs sur le terrain dans la LCF. »

Une pause bénéfique

Même s’il ne travaille plus dans la NFL depuis 2013, Slowik est resté dans le monde du football. Il estime que les dernières années l’ont aidé à mieux analyser toutes les nouvelles tendances.

« J’ai continué de travailler, notamment en aidant à la préparation de jeunes joueurs avant le combine et le repêchage de la NFL. Et j’ai regardé beaucoup de football, ce qui m’a permis d’avoir une meilleure vue d’ensemble. »

« Avoir toujours le nez collé sur son équipe, ce n’est pas la meilleure façon de rester à l’affût de ce qui se passe. » — Bob Slowik

Il y a quelques jours, Slowik travaillait sur les techniques de ses nouveaux joueurs lors du camp des recrues des Alouettes. Au milieu de colosses, il était facile de le perdre de vue, lui qui mesure approximativement 5 pi 7 po.

Mais on a rapidement pu constater que c’est un entraîneur qui accorde une très grande importance aux petits détails sur le terrain. Minutieux. Les techniques doivent être appliquées avec précision.

Le curriculum vitæ de Slowik démontre d’ailleurs qu’il est tout à fait capable d’enseigner le football à ses joueurs sur le plan individuel. Mais sera-t-il en mesure de bien s’ajuster au jeu à trois essais ? Nombreux ont été ceux qui n’y sont pas parvenus.

« Les rares fois où j’ai proposé des idées de jeux qui n’allaient pas fonctionner dans la LCF, les autres entraîneurs du club me l’ont poliment fait savoir ! On possède amplement d’expérience dans la LCF parmi notre groupe d’entraîneurs. Je suis bien entouré, n’ayez crainte. »

Des postes à pourvoir

En ce début de camp, voici l’essentiel de la formation montréalaise, avec ses valeurs sûres et ses points d’interrogation.

Quarts-arrières

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Antonio Pipkin

Rien n’est joué au poste de quart. Ce sera une compétition ouverte, même si Antonio Pipkin détiendra la position de tête à la ligne de départ. Pipkin a un beau potentiel, le physique de l’emploi et une attitude qui lui vaut des éloges. Mais jusqu’à quel point peut-on avoir confiance en un quart qui totalise trois passes de touchés et huit interceptions en carrière ? Vernon Adams fils, Matthew Shiltz et Jeff Mathews sont les autres candidats dans cette lutte à quatre. Tous devraient obtenir l’occasion de remporter la bataille.

Demis offensifs

PHOTO COLE BURSTON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

William Stanback (31)

À l’exception du quart partant, William Stanback sera le joueur le plus important de l’attaque. Logiquement, l’unité devrait même être construite autour de lui. Il devrait y avoir deux objectifs dans le cas de Stanback durant le camp : améliorer son jeu en protection de passe et s’assurer qu’il reste en santé. Les Alouettes ont embauché le vétéran Jeremiah Johnson, anciennement des Lions de la Colombie-Britannique, comme réserviste de Stanback. Le Canadien Ryder Stone a connu une bonne première saison. Il peut apporter sa contribution dans un rôle de soutien ou terminer un match comme demi régulier si le partant se blesse.

Receveurs

PHOTO JASON FRANSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

B.J. Cunningham (85)

En raison de son inconstance, B.J. Cunningham serait à sa place comme deuxième receveur d’une équipe. À quelques jours de son 30e anniversaire, l’ancien des Spartans de Michigan State peut-il élever son jeu d’un autre cran ? Eugene Lewis progresse bien et a le don de réussir des jeux importants. On doute par contre qu’il puisse devenir un receveur de 90 ou 100 attrapés par saison. Ernest Jackson est quant à lui un receveur de possession dont les meilleures saisons sont chose du passé. Il manque un autre receveur d’impact aux Als. Est-ce que DeVier Posey, obtenu sur le marché de l’autonomie, peut être ce joueur ? Recrue de 25 ans, Chris Brown a passé quatre saisons avec le Fighting Irish de Notre Dame et pourrait mêler les cartes s’il s’adapte rapidement au football canadien. Zac Parker s’est mis en évidence avec quelques beaux jeux au camp des recrues.

Ligne offensive

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Luc Brodeur-Jourdain (au centre) et une partie des membres de la ligne offensive lors du camp d’entraînement en 2018

Le succès de ce groupe dépendra beaucoup de Trey Rutherford et de Tyler Johnstone. Rutherford a été le deuxième espoir sélectionné au repêchage de 2018, alors que Johnstone a été choisi lors du repêchage supplémentaire, l’été dernier. Les Alouettes ont donc sacrifié le deuxième choix de l’encan de 2019 afin de l’obtenir. C’est l’évidence que l’équipe ne peut se permettre d’avoir deux hauts choix au repêchage comme eux assis sur le banc. Tony Washington devrait être le bloqueur à gauche, tandis que Kristian Matte sera le centre ou occupera l’un des deux postes de garde. Le Québécois préfère nettement jouer comme garde et est plus efficace à cette position. Spencer Wilson et Sean Jamieson lutteront également pour une place de partant.

Ligne défensive

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

John Bowman (7) et une partie des membres de l’unité défensive lors d’un match en octobre 2018

La pression sur le quart-arrière qu’exerce une défense peut camoufler bien des maux. Mais malheureusement pour eux, les Alouettes ne comptent sur aucun chasseur de quart de premier plan. John Bowman a été le meilleur de son époque et vient au premier rang de l’histoire des Alouettes avec 126 sacs en carrière. Il aura toutefois 37 ans en juillet et ses campagnes de 12 sacs ou plus semblent être chose du passé. Réembauché il y a un peu plus d’un mois, Gabriel Knapton tentera de relancer sa carrière. Après avoir totalisé 29 sacs de 2014 à 2016, il n’en a réussi que 7 en 30 matchs depuis. Les plaqueurs Ryan Brown et Woody Baron ont bien fait à leur première saison et représentent déjà l’une des forces de l’équipe.

Secondeurs

PHOTO PETER MCCABE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Hénoc Muamba (10)

Hénoc Muamba est le cœur et l’âme de la défense et probablement le plus grand leader du club. Le secondeur intérieur est à l’apogée de sa carrière et représente l’une des rares valeurs sûres des Oiseaux. La question est de savoir quels joueurs le flanqueront. L’année dernière, Chip Cox a rejoint l’équipe et n’a signé son contrat qu’à la fin du camp d’entraînement. Le scénario se répétera-t-il ? Le Canadien Bo Lokombo a signé un contrat comme joueur autonome et sa présence chez les partants servirait bien la cause de l’équipe sur le plan du ratio. Certains joueurs devront émerger chez les secondeurs.

Tertiaire

PHOTO TODD KOROL, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Taylor Loffler, dans l’uniforme des Blue Bombers de Winnipeg

Sans trop faire de bruit, Tommie Campbell a joué à la hauteur des attentes à son premier tour de piste avec les Als. Taylor Loffler est un maraudeur étoile et sa venue à Montréal améliorera considérablement la tertiaire, notamment en raison de sa robustesse. Plusieurs joueurs devraient lutter pour l’autre poste de demi de coin et les deux de demi défensif. Du lot, notons le vétéran de la NFL Marcus Cromartie ; la recrue de l’Université Clemson, Ryan Carter ; et Patrick Levels, qui a joué 2 saisons et pris part à 25 matchs chez les Stampeders de Calgary.

Unités spéciales

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Boris Bede (14)

À ses quatre premières saisons dans la LCF, Boris Bede n’a réussi que 80,9 % de ses tentatives de placements (110 en 136) et a raté 11 convertis. Le Français est normalement à son sommet lorsqu’il est en concurrence, mais est-ce que le Mexicain Enrique Yenny sera en mesure de lui offrir un minimum d’opposition ? Stefan Logan aura 38 ans dans quelques semaines, mais demeure le spécialiste des retours de botté jusqu’à preuve du contraire, tandis que Martin Bédard amorcera une 11e saison comme spécialiste des longues remises de l’équipe. Jermaine Robinson, Jean-Samuel Blanc, Brandon Calver et Paul Kozachuk ont tous terminé la saison dernière avec neuf plaqués ou plus sur les unités spéciales.