Il y a plusieurs raisons derrière la décision des Alouettes d’avoir remercié Mike Sherman au cours des derniers jours. Mais l’élément qui est revenu le plus souvent était la longueur de ses séances d’entraînement.

Aux yeux de certains membres de l’équipe, la durée de celles-ci était nettement trop longue. C’est d’ailleurs ce qui lui était reproché tôt la saison dernière. Sherman s’est ajusté, mais le camp d’entraînement qui s’est terminé mercredi dernier a été trop exigeant, selon certains.

« Les recrues s’adaptaient à ce qu’on leur demandait de faire, mais chez les vétérans, il y en a pour qui ça rappelait ce qui s’était passé l’année dernière », a indiqué l’entraîneur des demis offensifs André Bolduc, hier.

« Il a imposé ses idées et ses façons de pratiquer, aussi. On avait souvent l’impression qu’on jouait plusieurs matchs par semaine la saison dernière. C’est une chose qui devenait lourde parce que c’est une saison de 20 semaines. On n’a pas le luxe d’avoir beaucoup de joueurs dans la formation », a rappelé Bolduc.

« La saison dernière, c’était principalement le temps passé sur le terrain et le nombre élevé de répétitions [qui étaient des problèmes]. C’est une ligue où les matchs sont très rapprochés l’un de l’autre », a dit Luc Brodeur-Jourdain, qui estime que Sherman ne permettait pas à ses joueurs de récupérer suffisamment.

« Je pense que dans la nouvelle vague d’entraînement, on accorde même plus d’importance au repos qu’à l’entraînement. Je sais qu’il s’est ajusté, mais il reste qu’au niveau des stratégies de la LCF, c’était un peu inadéquat. » — Luc Brodeur-Jourdain

Ce n’est sûrement pas un hasard si la première séance d’entraînement de Khari Jones a été plus courte, hier. Environ 90 minutes, alors que celles de Sherman duraient normalement entre 120 et 150 minutes. L’entraîneur-chef par intérim a souligné qu’il accorderait plus de repos à ses joueurs à partir de maintenant.

« Je veux permettre aux joueurs de reposer leurs jambes un peu plus, mais je veux également qu’on s’entraîne avec intensité. Il y aura un peu moins de répétitions », a expliqué Jones.

Selon Bolduc, il y a déjà eu 96 répétitions (jeux) lors d’un entraînement dirigé par Sherman. Hier, il y en aurait eu 34, selon l’entraîneur québécois. « Il va y avoir un peu moins de répétitions chaque jour et nos joueurs vont arriver au match vendredi soir avec des jambes fraîches. »

Sherman a longtemps fait carrière dans la NFL, où les équipes n’ont pas à respecter une limite de  temps quotidienne avec leurs joueurs, ce qui n’est pas le cas dans la LCF. La convention collective de la LCF stipule que les équipes peuvent exiger que leurs joueurs soient au stade pour une durée quotidienne de quatre heures et demie. Les réunions, séances vidéo et entraînements doivent tous se dérouler au cours de la période de temps allouée.

Pas de révolte

Bolduc ne cache pas qu’il jugeait que les Alouettes devaient procéder à un changement au poste d’entraîneur-chef pour le bien de l’équipe.

« Je ne vais jamais dire que c’est une bonne affaire, car c’est un emploi qui a été perdu. On ne souhaite jamais ça à personne parce que ce sont des gens avec des enfants et des familles. Je pense que la direction a pris une décision qui était assurément nécessaire. »

« Il y avait plusieurs choses où l’on avait des visions différentes. On argumentait souvent et ça menait à des pertes de temps inutiles. » — André Bolduc, entraîneur des demis offensifs

Brodeur-Jourdain a tenu un discours très similaire. « Je vois un enthousiasme dans l’équipe et je pense que ça aura un impact positif, autant au niveau de l’ambiance qu’au niveau organisationnel. Je crois que la décision qui a été prise sera extrêmement favorable pour notre équipe », a-t-il dit.

Même s’il est d’avis que le départ de Sherman sera profitable à l’équipe, Brodeur-Jourdain n’a jamais senti qu’une mutinerie ou une révolte se préparait dans le vestiaire de l’équipe. « Je considère que c’est un mot qui est trop fort. Ce n’était pas une révolte à ma connaissance. »

« Je n’ai jamais senti une seule fois que les joueurs ne voulaient pas jouer pour Sherman. C’est du sport professionnel et il y a des attentes », a pour sa part commenté Antonio Pipkin.

« Il [Sherman] est une bonne personne et il connaît très bien le football. Il avait ses préférences quant à la façon dont les choses devaient être exécutées, mais au bout du compte, ça n’a pas fonctionné. »

« J’ai été surpris d’apprendre la nouvelle. C’est une décision d’affaires. Ce n’est pas agréable, mais on doit aller de l’avant », a dit Vernon Adams fils.

La fin du passage de Sherman chez les Alouettes n’est pas sans rappeler celle de Jacques Chapdelaine, un autre entraîneur-chef dont la personnalité et la durée des entraînements étaient critiquées par certains membres de l’organisation.

Compte tenu de tous les changements d’entraîneurs auxquels ont procédé les Alouettes dans les dernières années, les joueurs ne sont pas à l’abri de tout blâme.

« C’est vrai. À un moment donné, il faut que nos joueurs produisent à la hauteur. On a une équipe talentueuse et il faut le démontrer. Si on joue seulement un match par semaine, on va être corrects », a lancé Bolduc.

Pipkin, sans surprise

C’est Antonio Pipkin qui amorcera le premier match de la saison, vendredi soir à Edmonton (21 h). « Ce fut une belle lutte et la décision n’a pas été facile. Mais Antonio a démontré qu’il était capable de bien mener cette équipe », a dit Khari Jones.

Vernon Adams sera le réserviste, tandis que Matt Shiltz occupera le troisième échelon. Jeff Mathews a été libéré, samedi soir. Hugo Richard a obtenu un poste dans l’équipe de développement.

Alouettes c. Eskimos, vendredi (21 h) à Edmonton