C’est le printemps de l’incertitude dans la Ligue canadienne de football (LCF). Alors qu’on ne sait trop ce que l’avenir des Alouettes nous réserve à Montréal, la menace d’un conflit de travail plane sur le circuit.

Entendons-nous. Ni la LCF ni les joueurs ne peuvent se permettre de prolonger indûment une impasse. Il est toutefois possible que les camps d’entraînement ne débutent pas le 19 mai, comme c’est actuellement prévu.

La convention collective liant la Ligue et les joueurs viendra à échéance le 18 mai. Le comité de négociation de l’Association des joueurs, mené par son président Brian Ramsay, a donc avisé ses membres de ne pas se présenter aux camps si un nouveau contrat de travail n’était pas en place.

En 2014, les joueurs s’étaient présentés aux camps, même si la convention collective était échue. Cette fois, l’Association des joueurs veut conserver un pouvoir de négociation.

Une nouvelle ronde de négociations entre les deux parties s’est déroulée au cours des trois derniers jours. L’Association des joueurs fera d’ailleurs le point sur celles-ci lors d’une conférence téléphonique avec les journalistes, cet après-midi (13 h).

Le mois dernier, l’Association a blâmé la partie patronale parce qu’elle jugeait que la Ligue faisait traîner les négociations. La LCF avait notamment indiqué qu’elle n’avait pas le temps de discuter parce qu’elle avait d’autres dossiers plus pressants à régler. Les pourparlers ont finalement repris lors des séances du 29 et 30 avril.

La LCF a également demandé à ses neuf équipes de ne pas débourser l’argent des primes prévues aux contrats des joueurs à partir du 1er janvier dernier d’ici à l’entrée en vigueur d’une nouvelle convention collective, ce qui a évidemment déplu au syndicat des joueurs.

Les enjeux

Parmi les principaux points où l’Association des joueurs espère enregistrer des gains, il y a bien sûr la rémunération des joueurs. Le salaire minimum des joueurs a augmenté de 1000 $ par saison depuis le renouvellement du contrat de travail, en 2014. Il était de 54 000 $ l’an dernier. Le plafond salarial était quant à lui de 5,2 millions par équipe.

En plus d’une hausse des salaires, l’Association veut obtenir une meilleure couverture en assurance pour ses joueurs qui subissent des blessures sérieuses. La question du ratio de joueurs canadiens est un autre enjeu important, encore plus avec le désir du circuit de s’internationaliser avec des joueurs européens ou mexicains, notamment.

Les joueurs américains ont perdu un atout dans leur jeu avec la disparition de l’Alliance of American Football (AAF) cet hiver. À l’origine, la nouvelle ligue devait payer ses joueurs 85 000 $US par année, ce qui aurait probablement forcé les équipes de la LCF à leur offrir de meilleurs contrats pour leurs services.

L’AAF n’aura existé que quelques mois. Ce sera maintenant au tour de la XFL de tenter sa chance au terme de la prochaine saison de la NFL, en février. Étant donné l’échec retentissant de l’AAF, les vétérans de la LCF seront sûrement hésitants à quitter une ligue relativement solide pour l’inconnu que représentera la XFL.

Premier test pour Ambrosie

Puisque la convention collective actuelle sera toujours valide à ce moment, les recrues de la LCF devraient se présenter aux camps des recrues, qui s’amorceront mercredi prochain. L’Association des joueurs n’aurait pas recommandé aux recrues de s’absenter.

Mais quatre jours plus tard, les terrains d’exercice risquent d’être vides. Les joueurs semblent plus solidaires qu’ils ne l’étaient lors des négociations qui ont mené au renouvellement des conventions précédentes.

De l’autre côté de la table, Randy Ambrosie voudra assurément démontrer aux gouverneurs et aux propriétaires des neuf franchises qu’il peut bien mener ses premières négociations à titre de commissaire. S’il a été nommé commissaire de la LCF, c’est beaucoup grâce à son expérience dans le monde de la finance et à ses qualités de leader.

Il reste que contrairement à ce que l’on peut observer dans la NFL et les autres grandes ligues professionnelles de l’Amérique du Nord, la LCF ne peut s’offrir le luxe de prolonger l’impasse. Si la grande majorité des joueurs a besoin de son chèque de paie, la ligue, elle, ne peut courir le risque d’aliéner ses télédiffuseurs TSN et RDS ou sa base de partisans.

Un arrêt de travail serait donc probablement de très courte durée, si arrêt il y a. Mais puisque les camps ne durent approximativement que trois semaines, chaque jour perdu aurait des répercussions pour les équipes et sur la prestation sur le terrain.