Selon toute vraisemblance, le dossier de la potentielle vente des Alouettes n’a toujours pas été réglé. Ça ne change rien à la réalité que le camp des recrues s’amorcera dans deux semaines, quelques jours avant le camp «régulier».

Plusieurs jeunes joueurs deviendront des Alouettes demain soir, alors qu’aura lieu le repêchage annuel de la Ligue canadienne de football (20h). Hier matin, le directeur du dépistage national des Alouettes, Miles Gorrell, a rencontré les journalistes.

À moins qu’ils ne fassent une transaction, les Alouettes ne parleront pas au premier tour. N’allez cependant pas dire à Gorrell que l’équipe n’a pas de premier choix…

«On en a eu un premier choix, son nom est Tyler Johnstone. Il fait déjà partie de notre équipe et est un partant. On a pris la décision de sacrifier notre choix de premier tour parce qu’on croyait que Tyler serait un joueur spécial», a rappelé Gorrell.

S’ils n’avaient pas choisi Johnstone au repêchage supplémentaire de la LCF, l’été dernier, les Alouettes auraient eu la deuxième sélection de l’encan demain soir. Johnstone, bloqueur ayant déjà appartenu aux Chargers de Los Angeles, devrait être l’un des partants sur la ligne offensive des Alouettes cette saison.

Les Als détiennent tout de même cinq des 30 premiers choix du repêchage, dont trois au deuxième tour (les 13e, 16e et 19e au total). La 19e sélection est un «choix territorial». La LCF a annoncé il y a deux semaines qu’elle accorderait une sélection supplémentaire aux Argonauts de Toronto et aux Alouettes à la fin du deuxième tour. Les Alouettes devront ainsi repêcher un espoir originaire du Québec et les Argonauts devront en choisir un originaire de l’Ontario.

«Il y a plusieurs bons joueurs québécois dans la LCF, dont Antoine Pruneau à Ottawa. Il y a aussi de très bons joueurs de ligne en attaque et en défense. Il y a eu au moins un joueur du Québec qui a été sélectionné au premier tour chaque année depuis 10 ans», a dit Gorrell, qui aime particulièrement le groupe de receveurs disponibles cette année.

«C’est une cuvée qui est particulièrement forte chez les receveurs. Il y a aussi de très bons joueurs de ligne offensive et défensive, même si ce n’est pas aussi relevé que dans les dernières années.»

Justin McInnis (Arkansas State) et Hergy Mayala (Connecticut) sont deux des principaux receveurs qui intéressent les recruteurs. Respectivement originaires de Pierrefonds et de Montréal, les deux joueurs sont classés troisième et cinquième parmi les espoirs disponibles selon le Bureau de recrutement de la LCF.

«Ces deux jeunes joueurs sont très talentueux et je n’ai aucun doute qu’ils pourront jouer dans notre ligue», a estimé Gorrell.

Le dilemme Betts

Bien que McInnis et Mayala soient très bien classés par le Bureau de recrutement, Mathieu Betts l’est encore plus. Considéré comme le meilleur espoir disponible, l’ailier défensif a signé un contrat avec les Bears de Chicago au cours du week-end.

«Il est un très bon joueur. On ne gagne pas le trophée J.P. Metras [remis au meilleur joueur de ligne défensive du football universitaire canadien] trois années de suite si on ne l’est pas», a dit Gorrell.

«Qu’il soit né ici ou sur la Lune, ça m’est égal, je tenterais de le repêcher d’une façon ou de l’autre. La question est de savoir s’il sera disponible lorsque ce sera notre tour à repêcher et quels seront nos besoins à ce moment précis.»

Comme c’est le cas avec plusieurs espoirs canadiens, les Alouettes et les autres équipes de la LCF devront évaluer si le risque en vaudra la chandelle dans le cas de Betts. S’il fait carrière dans la NFL, l’équipe qui l’aura repêché aura gaspillé un choix.

Vente de l’équipe

Les rumeurs quant à leur potentielle vente circulent depuis plusieurs mois, mais l’équipe n’a pratiquement pas commenté la situation. Cette incertitude mine-t-elle le moral des troupes à l’aube du repêchage et d’une nouvelle saison?

«Il n’y a jamais rien de sûr dans le monde du sport professionnel. Si on ne gagne pas, on perd son travail. Alors qu’il s’agisse de la possibilité que l’équipe soit vendue, dissoute ou qu’elle déménage, il y a toujours de l’incertitude», a répondu Gorrell.

«Ça fait presque 41 ans que je travaille dans la LCF et j’ai vu beaucoup de choses. Des équipes organiser des téléthons, d’autres qui ont fermé boutique. La LCF est une ligue très différente, nous sommes tous Canadiens et il y a beaucoup de solidarité.»

Ancien joueur de ligne offensive, Gorrell a porté les couleurs des Concordes de Montréal de 1982 à 1985. Membre du Temple de la renommée du football canadien, il s’est joint aux opérations football des Alouettes en 2017.

«J’ai joué à Montréal lorsque la famille Bronfman possédait l’équipe, et qui sait si elle la possédera à nouveau? Mais à ce que je sache, les Wetenhall en sont toujours les propriétaires, et je reçois un chèque de paie toutes les deux semaines.»

«Oui, ça n’inquiète un peu [l’avenir de la concession], mais il n’y a rien que je puisse faire, sauf aider l’équipe à gagner. Et c’est ce que j’essaie de faire. On a gagné cinq matchs la saison dernière et on doit en gagner plus cette année. Sinon, je ne serai plus en poste en 2020.»