Qu'ont en commun Chip Cox, Luc Brodeur-Jourdain et John Bowman? Ils ont 35 ans ou plus, sont des visages reconnus depuis de nombreuses années et leur retour avec les Alouettes en 2019 reste encore entouré d'un point d'interrogation. Ils n'ont toutefois pas le même regard sur leur situation respective.

Lors du bilan de saison des joueurs, le centre québécois a dit être passionné comme au premier jour malgré un rôle restreint cette saison. L'ailier défensif, lui, se donne un temps de réflexion avant de prendre sa décision, alors que le secondeur a été extrêmement ferme sur sa volonté de poursuivre sa carrière.

Rarement le plus volubile, Cox, 36 ans en juin prochain, s'est carrément emporté lorsqu'il a été interrogé sur sa capacité à demeurer encore au plus haut niveau. En 2018, Cox a réalisé 78 plaqués et obtenu 5 sacs du quart.

«Regardez les bandes vidéo et mes pourcentages. Évidemment que je peux encore jouer, a lancé celui qui vient de terminer sa 12e saison à Montréal. Je vais poursuivre ma carrière. Pourquoi vous continuez à me parler de ce genre de choses? Personne ne parlait de la retraite à Kobe Bryant quand il avait mon âge. Je possède le même genre de statistiques, mais au football.

«Arrêtez et laissez-moi tranquille. Je penserai à la retraite lorsque je jugerai avoir vieilli et que je n'aurai plus d'aussi bonnes statistiques. Je n'ai probablement raté que six plaqués seulement cette année.»

À l'autre bout du vestiaire, Luc Brodeur-Jourdain, 35 ans, portait un regard plus lucide sur sa propre contribution, mais aussi sur celle des joueurs de son âge. Oui, il veut continuer à jouer au football, à s'entraîner tous les jours, mais il s'est dit «extrêmement serein et conscient de la situation».

Il précise: «Le facteur qui pèse le plus [dans ma réflexion] est l'équipe en soi. Il n'y a plus grand-chose à investir dans un joueur de 35 ou 36 ans. Tu veux investir dans le présent et le futur, et non pas dans le passé. Si on a les éléments qui font en sorte qu'on n'a plus besoin de moi, je vais l'accepter, tout simplement. On verra comment ça va être avec l'ouverture du marché des joueurs autonomes, le repêchage et s'il y a de la place», a énuméré Brodeur-Jourdain.

Cette année, le numéro 58 a vu son rôle se réduire au sein de la ligne offensive des Alouettes. Cela ne changera pas l'an prochain, avec la possible émergence de plus jeunes joueurs, dont Trey Rutherford et Tyler Johnstone. Peu importe son utilisation déclinante, Brodeur-Jourdain s'est dit satisfait d'avoir servi de modèle au cours de la dernière année.

Il faisait tout de même partie de la ligne partante, samedi, lors de la victoire à Hamilton. «Il y avait quelques jeux sur lesquels je m'en voulais, mais on a eu une attaque productive en première demie. Ça s'est calmé ensuite et c'était frustrant. [...] Mais je ressens toujours ce feeling d'être sur le terrain. Est-ce que je me sens dépassé ou est-ce que j'ai été surclassé? La réponse est non. Je suis content.»

Entre les certitudes de Cox et la sérénité de Brodeur-Jourdain se trouve John Bowman qui, officiellement, ne dit ni oui ni non à un retour. L'ailier défensif de 36 ans, qui s'est joint aux Alouettes en 2006, n'affiche pas les chiffres de ses belles années, mais il a tout de même réalisé cinq sacs du quart. «J'ai déjà parlé à Bob [Wetenhall] et à Kavis [Reed] un peu et je leur ai fait part de mes sentiments. Ils m'ont dit de prendre mon temps», a indiqué Bowman.

«Comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas un quart-arrière, un receveur ou quelqu'un qui change le cours d'un match. Je ne suis qu'un ailier défensif et je ne porte pas l'organisation sur mes épaules. Je vais prendre mon temps pour voir si je peux encore me lancer dans une autre aventure de sept ou dix mois puisqu'on commence à s'entraîner en janvier.»

Photo Robert Skinner, La Presse

Luc Brodeur-Jourdain