Éliminés, les Alouettes de Montréal tenteront de laisser un bon souvenir à leurs partisans au cours des trois dernières rencontres de 2018. C'est une question de fierté.

«C'est certain qu'on veut jouer avec fierté et finir en beauté, a noté le centre Kristian Matte. Sur la ligne, je veux toujours être fier de la façon dont je joue, je veux montrer que je suis un bon joueur. C'est certain que je ne vais pas me relâcher dans les dernières semaines de la saison. Personne n'est comme ça au sein de cette équipe. Nous sommes un groupe confiant et fier. Pas fier de la saison qu'on a eue, mais on veut être fier de notre fin de saison. Ça pourrait bien nous aider à mieux amorcer la prochaine.»

Ce dernier droit s'amorcera samedi, 16h, alors que les Alouettes (3-12) visiteront la seule autre équipe pour l'instant exclue des éliminatoires dans le circuit Ambrosie, les Argonauts de Toronto (3-12), au BMO Field.

Les deux équipes connaissent de bien vilaines séquences. La troupe de Mike Sherman a perdu ses quatre dernières sorties, tandis que celle de Marc Trestman a subi sept revers consécutifs, dont trois à domicile, où ils ont une fiche globale de 3-5. Les Alouettes n'ont pas gagné depuis le 31 août, alors que la dernière victoire des Argos remonte à 13 jours plus loin.

Ces deux formations cherchent à laisser meilleure impression. Dans le cas des Argos, il s'agit de la dernière occasion devant leurs partisans.

«Pour moi, je cherche encore à m'améliorer et c'est quelque chose que les entraîneurs apprécient, a indiqué le secondeur Hénoc Muamba, qui n'a absolument rien à se reprocher cette saison. Je pense qu'au niveau de la défense, on a été en mesure de voir une progression et il faut continuer de grandir. Même si on est éliminés, il faut continuer dans cette voie. Il faut avoir une vue d'ensemble afin de préparer le chemin qu'on va prendre.»

Certains joueurs des deux clubs profiteront également des trois derniers matchs de la saison afin de passer une audition pour 2019. C'est notamment le cas chez les Alouettes, avec les nombreux nouveaux venus en raison de la liste des blessés.

«On peut regarder ça comme ça, mais en même temps, on est aussi bon que notre dernier jeu, a rappelé Matte. Pour ceux qui souhaitent confirmer leur place, il faut s'assurer de bien terminer afin de mettre un doute dans la tête des décideurs. Il faut montrer qu'on est professionnels, qu'on peut jouer dans toutes les circonstances et démontrer qu'on est assez bons pour jouer à ce niveau.»

Audition réussie

Un qui n'a pas à s'en faire pour sa place en 2019 est le garde à droite Philippe Gagnon. Le colosse de six pieds quatre, 311 livres a été tenu à l'écart du jeu un peu plus d'un an en raison d'une sérieuse blessure au genou gauche.

Pendant 12 mois, le premier choix des Alouettes au reprêchage de 2016 a mis les bouchées doubles afin de regagner son poste.

«Je ne le connaissais pas du tout, mais je le voyais venir au gymnase très souvent avant que la saison ne s'amorce, a dit Sherman au sujet du footballeur de 26 ans. Puis le camp a commencé et il était toujours là. Il ne parle pas beaucoup, vous savez, mais je voyais ce qu'il faisait. J'étais très enchanté par sa force mentale et son dévouement. Je voyais qu'il voulait revenir le plus tôt possible et de mon côté, j'étais plutôt excité à l'idée d'ajouter un joueur comme ça à notre équipe.»

Le 18 août à Edmonton, exactement 53 semaines après s'être blessé, Gagnon a repris sa place dans la formation. Comme s'il ne l'avait jamais quittée.

«C'est certain qu'il y avait une bonne couche de rouille à enlever, a t-il admis. Autant j'ai fait du mieux que je pouvais en rééducation, ce que tu fais dans un gym et en situation de match, c'est loin d'être la même chose. J'ai dû me réacclimater à la vitesse du jeu. Mais j'ai eu la chance de jouer avec Kristian Matte, Sean Jamieson, Luc Brodeur-Jourdain : des gars que je connais depuis des années. Alors on ne repartait pas de zéro.»

Son travail acharné au cours de cette année passée loin du terrain n'est d'ailleurs pas passée inaperçue chez ses coéquipiers.

«Ça démontre à quel point il a travaillé fort pour revenir au jeu, a souligné Matte. Ce n'est pas facile de revenir d'une blessure sérieuse au genou. Il a mis tous les efforts, il a regardé des films, il assistait aux réunions. Il voulait s'assurer de savoir tout ce qu'il y avait à savoir. Il est très humble, alors il ne le dira jamais. Mais un joueur comme lui, tu peux l'insérer immédiatement dans ta formation, c'est facile.»

«De passer au travers l'intervention chirurgicale et l'année qu'il eue, ce n'est pas rien, a pour sa part déclaré Brodeur-Jourdain. En plus, au football, quand tu n'as pas de camp d'entraînement pour te préparer, faut le faire. Philippe, on dirait qu'il n'est jamais parti.»

«C'est un dur ! Il est plutôt amoché présentement, mais il ne recule devant rien et souhaite être de chaque jeu, qu'on soit à l'entraînement ou dans un match, a conclu Sherman. "Gags" nous donne le meilleur de lui à chaque jeu.»