Tyrell Sutton a été très surpris d'apprendre qu'il avait été échangé aux Lions de la Colombie-Britannique, mardi. Ses anciens coéquipiers l'ont été autant que lui.

«Honnêtement, j'étais triste, car je n'ai pas vu ça venir du tout. Je ne m'y attendais pas, alors ça m'a sonné», a commenté le demi offensif William Stanback.

«Ça m'a fait mal d'apprendre la nouvelle, car j'étais heureux de pouvoir travailler avec lui. Je croyais qu'on pourrait s'aider mutuellement. C'était bon de pouvoir apprendre d'un vétéran comme lui, étant une recrue dans cette ligue», a poursuivi Stanback, qui aura maintenant la mission de remplacer Sutton de façon permanente.

«Je suis très reconnaissant que l'équipe me témoigne une telle confiance et qu'elle estime que je suis capable de chausser les souliers d'un joueur comme Tyrell Sutton. Je suis très enthousiaste.»

Mike Sherman a souligné l'attitude irréprochable de Sutton. L'entraîneur-chef a cependant bon espoir de voir Stanback faire le boulot à compter de dimanche, lorsque les Alouettes accueilleront les Roughriders de la Saskatchewan.

«Tyrell est une très bonne personne et a toujours fait ce qu'on lui a demandé depuis que je suis avec l'équipe. On n'aurait probablement pas fait cette transaction si on ne croyait pas que William serait en mesure de faire le travail», a dit Sherman.

«Même si je n'ai joué avec lui qu'à quelques reprises, j'ai vu de quelle façon il était capable de changer un match. J'ai également pu voir jusqu'à quel point il était aimé et respecté dans notre vestiaire», a commenté Johnny Manziel. 

«J'espère que je pourrai rester en contact avec lui pendant très longtemps», a ajouté le quart-arrière.

«Un Montréalais d'adoption»

Manziel, Sherman et Stanback connaissent Sutton depuis moins d'un an. Luc Brodeur-Jourdain, lui, a vu toute la carrière de Sutton de près.

«C'est dommage de voir partir un coéquipier qui était autant investi dans l'équipe et notre programme Ensemble à l'école. Il vivait à Montréal durant toute l'année et il est un Québécois et un Montréalais d'adoption. Lorsqu'on voit un joueur qui est toujours très investi, peu importe le score, c'est la marque d'un champion.

«Tyrell était très volubile dans le vestiaire et j'espère qu'il ne changera pas. C'est bon d'émettre des opinions. Il motivait l'équipe, c'est un joueur qui nous poussait toujours à faire mieux. Mais il était également capable de donner la fameuse tape dans le dos pour encourager un joueur», a raconté le centre.

«C'est le porteur de ballon le plus robuste avec lequel j'ai joué durant ma carrière. Lorsqu'il y avait une brèche, il l'attaquait toujours à pleine vitesse. Et lorsqu'il y avait un joueur défensif dans le corridor de course, plutôt que de le contourner par la gauche ou la droite, Tyrell passait à travers du joueur!»

Plusieurs équipes intéressées

Le directeur général Kavis Reed a défendu sa décision d'avoir échangé Sutton, même s'il a avoué qu'elle avait été difficile à prendre.

«Tyrell n'a pas seulement excellé sur le terrain, il l'a également fait dans la communauté. Notre organisation doit être très reconnaissante de pouvoir compter sur de telles personnes.»

«Ce fut une décision difficile, mais on ne voulait pas risquer de ralentir la progression de Stanback en redonnant le poste de partant à Tyrell. On a donc décidé d'étudier de plus près les offres qu'on avait sur la table pour Tyrell le week-end dernier. Et c'est celle de la Colombie-Britannique qui était la meilleure pour nous.»

Plusieurs équipes auraient sondé le terrain quant à une transaction impliquant Sutton. Reed a précisé qu'il avait des pourparlers avec certains de ses homologues depuis quelques semaines déjà.

«On était très hésitants à faire un geste, car on ne savait pas ce qu'on possédait derrière lui. Mais en raison de sa blessure, on a pu voir ce que Stanback pouvait faire, et il a été très productif. »

Le DG a également souligné que l'organisation aimait le potentiel des recrues Ryder Stone et Lawrence Pittman.

«On juge qu'on possède des jeunes demis offensifs qui étaient prêts à prendre le relais et on croit fermement que William Stanback a un très bel avenir.»

Pas une question d'argent

Reed a aussi expliqué qu'il voulait mettre la main sur un choix au repêchage, puisque les Alouettes n'avaient pas de sélection dans les deux premiers tours de l'encan de 2019. Il a donc obtenu le choix de deuxième tour des Lions, ainsi qu'un choix conditionnel de sixième tour. En plus de Sutton, les Lions ont de leur côté reçu le choix de troisième tour des Roughriders, qui appartenait aux Alouettes.

«Tyrell a déjà reçu environ 80% de son salaire, alors l'argent n'a pas été un facteur. Le choix au repêchage était par contre très important pour nous. On n'avait pas de choix de deuxième tour et on avait déjà utilisé notre premier afin de sélectionner Tyler Johnstone.»

Les Alouettes ont effectivement sacrifié leur choix de premier tour en 2019 afin de pouvoir sélectionner le bloqueur Tyler Johnstone lors du repêchage supplémentaire, il y a quelques mois. Leur choix de deuxième tour appartient aux Tiger-Cats de Hamilton, qui l'ont acquis dans la transaction qui avait amené Ryan Bomben à Montréal. Bomben a depuis été échangé aux Argonauts de Toronto.

«Le prochain repêchage sera très bon et on voulait s'assurer d'obtenir un actif plutôt que de risquer de perdre un joueur sans rien obtenir en retour», a expliqué Reed.

Sutton obtiendra son autonomie en février prochain. En six saisons avec les Alouettes, le demi a disputé 69 matchs. Il a totalisé 3573 verges au sol et 1507 par la passe, et a marqué 18 touchés.

Prochain match: Roughriders de la Saskatchewan c. Alouettes, dimanche (13h) au stade Percival-Molson

Photo Marco Campanozzi, La Presse

William Stanback