Il a les qualités athlétiques d'un porteur de ballon et le gabarit d'un secondeur (6 pi 3 po et 225 lb). On le dit très travaillant et studieux; intelligent et dévoué. Ses passes sont précises et puissantes et il est déjà l'un des quarts les plus dangereux de la LCF avec ses jambes. Il a le flegme et le calme d'un vieux pro, mais aussi l'intensité et l'enthousiasme du jeune joueur de 23 ans qu'il est. Il n'est pas craintif derrière sa ligne et tous ses coéquipiers l'aiment.

Antonio Pipkin n'est-il pas exactement le genre de quart-arrière autour duquel une équipe rêve de pouvoir construire son équipe?

Khari Jones sourit avant de reconnaître qu'il serait assez difficile d'affirmer le contraire. Le jeune homme qui mène son attaque depuis maintenant près d'un mois semble posséder la très grande majorité des critères de sélection de l'emploi.

«En effet, on peut mettre un crochet dans plusieurs des cases. Alors, oui, il est certainement le genre de joueur autour duquel on peut construire une équipe. Cela dit, il n'a joué que quelques matchs et il ne faut pas s'emporter. Plusieurs quarts ont connu du succès durant de courtes périodes», rappelle le coordonnateur offensif des Alouettes.

Rakeem Cato avait le potentiel, mais était peut-être trop bouillant et imprévisible pour être un quart partant. Troy Smith avait le bras, mais ne voulait pas courir avec le ballon et n'étudiait pas assez son cahier de jeux. Les autres quarts qui sont passés à Montréal depuis le départ d'Anthony Calvillo avaient trop de faiblesses dans leur jeu pour qu'on s'y attarde.

Pour l'instant, il ne semble pas y avoir de drapeaux rouges dans le cas de Pipkin. Solide lors des trois derniers matchs, il a forcé la main des Alouettes. Même s'ils ont sacrifié beaucoup pour obtenir Johnny Manziel, ils n'ont pas le choix de poursuivre avec Pipkin.

«Antonio étudie beaucoup et il investit le temps nécessaire pour être un bon quart-arrière. Il fait tout ce qu'on demande de lui. Encore plus depuis qu'il est revenu avec l'équipe. Je pense qu'il veut s'assurer de ne pas subir le même sort une deuxième fois», croit Jones.

Il n'y a plus vraiment de danger que les Alouettes renvoient Pipkin chez lui comme ils l'ont fait cet été... Il y en a cependant un bien réel qu'une autre équipe de la LCF lui offre un gros contrat en février prochain.

Comme La Presse l'a rapporté la semaine dernière, le directeur général Kavis Reed et les Alouettes ont déjà sondé Pipkin au sujet d'une prolongation de contrat. Ce dernier pourrait obtenir son autonomie dans cinq mois. Il refuse toutefois de faire de commentaires sur son avenir à Montréal.

«Je préfère ne pas parler de ça, je me concentre pleinement sur la présente saison. Je veux aider l'équipe à accéder aux éliminatoires, c'est vraiment mon seul objectif pour le moment.»

Pipkin ne doute cependant pas qu'il puisse effectivement être un quart-arrière de concession dans la LCF. «Je pense que je suis le genre de quart qui peut faire le travail, oui. Peu importe le genre de quart qu'une équipe veut, je sens que je peux être ce joueur.»

Du travail à faire

Même si les Alouettes connaissent leurs meilleurs moments en près de deux ans depuis que Pipkin a remplacé Manziel, le jeu du quart de deuxième année est loin d'être parfait. Ses statistiques en attestent: 54 passes réussies en 84 tentatives pour des gains de 762 verges, une seule passe de touché, 4 interceptions et un coefficient d'efficacité de 77,6. Il a toutefois ajouté 130 verges et 4 touchés par la course.

«Il doit continuer de progresser comme quart-arrière car il y a plusieurs choses qu'il n'a pas encore vécues sur un terrain. Il est encore très jeune. Il doit suivre une progression et on ne peut pas présumer des choses parce qu'il a gagné deux matchs, a rappelé Mike Sherman. Antonio travaille fort. Et il ne fait aucun doute qu'il a démontré qu'il avait les habiletés nécessaires pour être un bon quart-arrière.»

«Je pense que j'ai pris de bonnes décisions dans l'ensemble lors des matchs, mais je peux certainement améliorer cet aspect de mon jeu. Je dois parfois me contenter de prendre ce que la défense m'accorde, plutôt que de prendre des risques inutiles», a analysé Pipkin.

Mais lorsque Pipkin a commis des erreurs, comme lorsqu'il a lancé deux interceptions de suite à son dernier match, il a démontré qu'il n'était pas du genre à s'écraser.

«On a apporté quelques correctifs et il a terminé le match en force. Normalement, un jeune quart qui commet des erreurs comme celles-là ne joue plus de la même façon durant le reste de la partie. Mais je savais que ça ne l'affecterait pas», a raconté Jones.

«Il est capable de faire face à l'adversité. Il est assez fort mentalement pour surmonter les obstacles qui se dresseront devant lui, car il y en aura. C'est peut-être l'élément que j'aime le plus chez Antonio, il n'y a pas trop de hauts et de bas», a ajouté le coordonnateur offensif.

Apprécié de tous

Une autre chose qui ressort lorsqu'il est question de Pipkin, c'est qu'il est manifestement apprécié de ses coéquipiers. Ça se voit.

«On sent qu'il est en pleine maîtrise de la situation lorsqu'il nous donne les directives dans le caucus. Il a beaucoup d'assurance. Il s'entend bien avec tout le monde et tous les joueurs veulent donner leur pleine mesure pour lui», confirme le receveur B.J. Cunningham.

«On peut généralement voir dans le regard d'un quart-arrière jusqu'à quel point il veut gagner. Et dans le cas d'Antonio, on voit qu'il est un général. On est enthousiastes de jouer avec lui et on réussit des jeux pour lui», a poursuivi Cunningham.

Comme Pipkin, Matthew Shiltz est arrivé chez les Alouettes en 2017. Les deux jeunes quarts sont en concurrence, mais lorsqu'on a demandé à Shiltz de nous décrire son coéquipier, il n'a pas hésité un seul instant.

«Antonio est un type génial. Une très bonne personne et un très bon coéquipier. Il est travaillant et dévoué. On adore le football, lui et moi, alors on en parle constamment. Que ce soit de la NFL, de la LCF ou de la NCAA.»

Pipkin et Shiltz parlent occasionnellement du jeu Fortnite, aussi. Mais puisque l'un d'eux joue sur une console Xbox et l'autre sur une PlayStation, ils passent beaucoup plus de temps à jaser de football. Pipkin confirme d'ailleurs que le football et Fortnite occupent la plupart de son temps dernièrement.

«J'arrive au stade tôt le matin pour étudier les bandes vidéo et je suis l'un des derniers joueurs à partir. Je rentre chez moi, je mange, je joue à Fortnite un peu, je parle avec ma blonde ou à mes frères, puis je me couche. Je fais exactement la même chose le lendemain.»

Un gars simple

Originaire de Gary, dans l'État de l'Indiana, Pipkin a profité de la récente semaine de relâche pour aller visiter sa copine, sa mère, son beau-père et ses deux frères. «C'est important pour moi d'être un bon exemple à suivre pour mes deux jeunes frères», précise-t-il.

«Antonio est une personne calme, qui ne parle pas beaucoup. Il est très discret dans nos réunions d'équipe. On voit toutefois une certaine intensité chez lui lors des matchs», a souligné Jones.

«Il est très jeune pour être un quart partant, mais il adore le football et il veut continuellement apprendre. C'est vraiment un type agréable», affirme Cunningham.

Et Pipkin? Comment se décrirait-il?

«Je suis un gars simple. Je ne vais pas dans les boîtes de nuit et je ne suis pas un gars qui fait la fête. J'aime passer du temps en famille ou avec mes amis, et lorsque je peux le faire, j'aime rendre service aux autres.»

En anglais, on appelle ce type de joueur un keeper. Le genre de joueur qu'une équipe doit garder à tout prix... même si elle a récemment payé très cher pour mettre la main sur un joueur qui évolue à la même position.

Lions de la Colombie-Britannique c. Alouettes, vendredi (19h30) au stade Percival-Molson