Julie Daigneault entame sa 14e année en tant que cheerleader des Alouettes de Montréal. Tout sourire, elle révèle ce qui la fait revenir, année après année: la connexion qu'elle établit avec les gens et les amitiés forgées au fil du temps.

«On ne peut pas rester 14 ans dans un travail si ce n'est pas stimulant, fait-elle remarquer. On est un bon groupe, cela fait la différence.»

Au gré des voyages réalisés lors des week-ends de la Coupe Grey, elle a eu l'occasion de rencontrer des cheerleaders d'autres équipes de la LCF, qui restent moins longtemps au sein de leur formation.

Le secret? «Il règne ici une atmosphère de collaboration», indique la designer graphique de 32 ans, qui est l'une des capitaines de l'équipe de danse. Celle-ci comporte 16 femmes, dont seulement 2 recrues. Le nombre d'années d'ancienneté est révélateur: 6 danseuses entament leur 7e, 8e, 10e, 12e, 13e et 14e saison.

«Les filles sont là pour les bonnes raisons», constate Julie, qui pourrait fort bien se classer pour un record du monde Guinness de longévité.

«Il y a un bel esprit d'équipe. Notre coach, Annie Larouche, y est pour beaucoup. Elle procure de la stabilité et c'est important pour elle de préserver notre image. Elle s'assure que notre environnement soit respectueux et professionnel. Cela nous permet de nous concentrer à devenir meilleures. C'est pour cela qu'on reste.»

Certains partisans profèrent des commentaires désobligeants. Mais elle n'y prête plus attention. «Au début, cela m'affectait, révèle-t-elle. On en entend de tous les genres. Cela fait partie de notre rôle de se détacher et d'avoir assez confiance en soi pour ignorer ce genre de remarques.»

L'arrivée d'une équipe de cheerleading, qui comprend sept gars et s'ajoute à celle de la danse, ne l'inquiète pas.

«On fait partie de la même équipe, indique-t-elle. Il y a beaucoup de respect les uns envers les autres. On va apprendre à collaborer. Ce sont deux disciplines différentes, avec des formations en danse ou en gymnastique. C'est rare qu'on soit aussi bons dans l'un que dans l'autre.»



Ambassadrices du sport

Après avoir fait longtemps du ballet, elle a touché à tous les styles de danse (jazz, hip-hop, contemporaine, claquette, celtique). Des filles de son école de danse faisaient partie des cheerleaders des Alouettes. Elle a décidé de tenter sa chance. «Elles m'ont servi de modèles», souligne-t-elle.

À son tour, elle prend son rôle au sérieux. «On est des ambassadrices du sport, d'un mode de vie sain, dit-elle. Pour ceux et celles qui font du cheer, nous sommes la seule équipe professionnelle au Québec. Cela donne pour objectif de se perfectionner dans son sport.»

Être cheerleader des Alouettes l'accompagne dans sa carrière et lui permet de se garder en forme. «C'est un bon équilibre, avec mon travail de bureau.»

Toutefois, elle se bat constamment contre les préjugés, tenaces, voulant qu'une belle fille ne puisse être intelligente.

«On est des danseuses et des gymnastes. On n'a pas participé à un concours de beauté. On fait attention à nous-mêmes, à notre santé. C'est très positif.»

Rien n'est jamais gagné d'avance. Chaque année, les membres de l'équipe qui désirent continuer doivent passer une audition en même temps que tout le monde.

«Plus je vieillis, plus je me sens en forme, note-t-elle. Je laisse les activités promotionnelles aux plus jeunes. J'en ai fait quand j'étais au cégep et à l'université. Je mets maintenant l'accent sur les entraînements et les matchs. J'aime créer des chorégraphies. Notre gros moment, c'est le week-end de la Coupe Grey. On passe cinq jours intenses ensemble. C'est physiquement exigeant, mais cela finit bien la saison.»

Elle suit ce qui se passe au sud de la frontière. «Il y a une grosse différence entre la LCF et la NFL, indique-t-elle. Sur le plan financier, on ne peut pas se comparer. C'est deux poids, deux mesures.

«On gagne à peu près la même chose que les cheerleaders américaines, précise-t-elle. Quand on se compare, étant donné qu'on est moins profitables, on ne fait pas pitié. Je suis d'accord pour qu'elles militent pour avoir plus que ce qui leur est versé. Nous, on a deux entraînements par semaine, comparativement à quatre pour les cheerleaders des Cowboys de Dallas. C'est plus facile pour nous d'avoir une vie sociale et professionnelle. Notre réalité est différente.»

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Julie Daigneault concentre son énergie sur les entraînements et les matchs. Elle aime créer des chorégraphies.