L'entraîneur-chef des Alouettes de Montréal, Mike Sherman, a dit de Doug Pederson qu'il était autant un entraîneur qu'un joueur quand les deux hommes étaient avec les Packers de Green Bay, il y a plus de 10 ans de cela.

Alors Sherman n'a pas été surpris de voir Pederson, à sa deuxième campagne à la tête des Eagles de Philadelphie, mener son équipe jusqu'au Super Bowl. Pederson et les Eagles se frotteront aux Patriots de la Nouvelle-Angleterre et leur entraîneur Bill Belichick, quintuples champions.

Pederson était le second du grand quart Brett Favre quand Sherman dirigeait les Packers, au début des années 2000.

«Doug était déjà très attentif à cette époque, a déclaré au cours d'un entretien téléphonique Sherman, qui se trouve à Bloomington, au Minnesota, où sera disputé dimanche le Super Bowl LII. Est-ce que je croyais qu'il allait être au Super Bowl à sa deuxième saison comme entraîneur? Non. Mais je savais qu'il allait être tout un entraîneur.

«Je ne suis pas surpris qu'il se retrouve là, mais c'est arrivé beaucoup plus rapidement que je ne le croyais.»

Pederson s'est attiré des éloges après avoir mené son équipe à une fiche de 13-3 - et deux victoires de plus en éliminatoires - après avoir perdu les services de son quart partant Carson Wentz, blessé au genou en décembre.

Quand on lui a demandé quels entraîneurs l'avaient le plus inspiré au cours de sa carrière, Pederson a nommé les entraîneurs des Packers Sherman et Mike Holmgren.

«Il m'accorde bien trop de mérite, lance Sherman, qui s'est joint aux Alouettes en décembre. Il a développé sa propre façon d'appeler les jeux.

«Mais il a été avec nous pendant cinq ans. Nous avons fait un paquet de trucs dont il était au courant. Il était très intelligent et a sûrement retenu les trucs qui ont fonctionné pour éliminer ceux qui ne l'ont pas fait. Mais Doug Pederson se trouve là où il est grâce à lui et il y serait avec ou sans moi, j'en suis certain.»

Avec l'expérimenté substitut Nick Foles au poste de quart, les Eagles ont adopté une attaque conservatrice pour vaincre les Falcons d'Atlanta. En finale de la Nationale, il a complètement changé de tactique, utilisant des passes profondes pour déclasser les Vikings du Minnesota.

Pour Sherman, ça démontre la capacité d'adaptation de Pederson, qui utilise à plein potentiel les joueurs en santé dont il dispose.

«C'est la définition même d'un grand entraîneur», souligne-t-il.

Il pensait comme un entraîneur même quand il jouait. À Green Bay, il a rarement été utilisé. Favre était non seulement l'un des meilleurs de sa profession, il était aussi un homme de fer. Mais Pederson a gagné sa confiance et il lui offrait souvent quelques conseils pendant les matchs.

«Doug avait une bonne vision du terrain et était capable de bien communiquer avec les entraîneurs et les joueurs, explique Sherman. Alors il était comme un entraîneur tout le temps qu'il a été le substitut de Brett Favre. Ce n'est pas quelque chose qu'il a découvert par hasard. Il est un entraîneur depuis que je le connais. C'est la façon dont il abordait son rôle de substitut qui l'a formé.»

Pederson fera maintenant face au plus grand défi de sa carrière d'entraîneur. Les Eagles n'ont jamais gagné au Super Bowl, alors que les Pats voudront égaler la marque des Steelers de Pittsburgh en remportant ce match pour une sixième fois.

Sherman est demeuré évasif quand on lui a demandé s'il allait encourager son ex-protégé. Après tout, il a grandi dans la cour arrière des Patriots, à Norwood, au Massachusetts.

«Je vis toujours au Massachusetts, alors c'est une question difficile, admet-il. Je veux que Doug connaisse du succès, à n'en pas douter.

«Au Super Bowl, tout peut arriver. Le ballon rebondit de façon particulière parfois. Mais Bill Belichick s'y est retrouvé tellement souvent, tout comme (Tom) Brady. C'est certain que les Pats partent favoris, mais je ne vous mentirai pas: ce serait très plaisant de voir Doug l'emporter.»