Et maintenant? C'est la question que se posent la plupart des partisans des Alouettes et - c'est à souhaiter - la direction de la formation montréalaise maintenant que le club est éliminé. La tâche s'annonce ardue.

En 15 matchs, l'équipe n'a pas trouvé une façon de produire à l'attaque de façon constante. Sa grosse acquisition de l'hiver, Darian Durant, est confiné au rôle de deuxième violon derrière un quart, Drew Willy, acquis sur le marché des joueurs autonomes une fois la saison amorcée.

L'autre acquisition «d'impact» à l'attaque, le receveur Ernest Jackson, est loin d'avoir répondu aux attentes. Celui qui a capté 52 des 91 passes dirigées vers lui n'a franchi que 693 verges et inscrit cinq touchés. Au quatrième quart du match de lundi, il a échappé une passe qui a rebondi dans les mains de Chris Edwards. Ce dernier a ensuite franchi sans être embêté les 68 verges le séparant de la zone des buts pour marquer le touché qui allait clouer le cercueil des Alouettes.

«C'est le genre de jeu qui a miné notre saison. Les autres formations ne nous ont pas battus; nous nous sommes battus nous-mêmes», a déclaré le directeur général et entraîneur-chef par intérim Kavis Reed après le match. L'un des problèmes des ALouettes se trouve justement là: l'évaluation des troupes par la direction. L'équipe n'a tout simplement pas le talent nécessaire pour gagner ses matchs.

C'est également à ce niveau que Kavis Reed devra être évalué à la fin de la saison. S'il a repoussé le problème à plus tard en congédiant Jacques Chapdelaine et le coordonnateur à la défense Noel Thorpe au mois d'août, il faut se demander si les deux hommes disposaient des éléments nécessaires afin qu'ils connaissent du succès. L'arrivée de Reed à la barre laisse croire que non.

Depuis qu'il a pris les commandes du club, Reed a perdu quatre rencontres et on ne sent absolument pas que les Alouettes s'améliorent. Au contraire. L'équipe s'est enlisée, si bien qu'elle a inscrit 65 points contre 163 au cours de ces quatre matchs. D'ailleurs, ce n'est que dans la rencontre face aux Eskimos, perdue 42-24 lundi, que l'équipe a semblé dans le coup. Mais elle a réussi à perdre une avance de 15-0 forgée dans les 10 premières minutes du match, à domicile de surcroît.

«Ça ne prend pas grand-chose parfois, un revirement ou quelque chose comme ça et tu perds le momentum, a tenté d'expliquer le maraudeur Nicolas Boulay après le match. Je ne peux pas vraiment expliquer ce qu'a été ce point tournant, mais c'est certain qu'on doit avoir plus de drive. On doit aussi réaliser qu'il reste du temps au cadran. Ça a été un match quand même assez long, les deux attaques n'ont pas nécessairement passé beaucoup de temps sur le terrain. On doit pêtre capable de capitaliser quand on a le ballon. Si ont se met à tirer de l'arrière, il faut continuer de se battre jusqu'à la fin.»

Se battre jusqu'à la fin. Quelques vétérans l'ont prôné tout au long de la saison, mais on peut se demander si le concept a été adopté par tous. Pour les John Bowman en pleurs et Luc Brodeur-Jourdain au regard vide dans le vestiaire, il y avait plusieurs Alouettes tout sourire sur le terrain du stade Percival-Molson après ce huitième revers d'affilée et l'exclusion des séries pour une troisième année consécutive. Cela est clair depuis le début de cette horrible séquence: trop de joueurs des Alouettes semblent accepter bien facilement les revers.

Est-il temps de confier l'équipe à une prochaine génération? Plusieurs joueurs sont à la croisée des chemins chez les Alouettes. Bowman et Brodeur-Jourdain, notamment, pourraient bien jouer leurs derniers matchs dans la LCF au cours du prochain mois. D'autres, comme Chip Cox, iront peut-être voir ailleurs. Reed compte-t-il préparer l'avenir?

«Il est très important pour nous de prendre grand soin de l'avenir des Alouettes de Montréal, a répondu Reed quand on lui a demandé s'il était temps de donner un départ au quart Matthew Shiltz. S'il a les capacités ou non de prendre un départ, nous déciderons de cela dans les prochains jours. Nous devons nous tourner vers l'avenir dès maintenant. Nous verrons si nous pouvons en faire un partant dès cette année sans nuire à son apprentissage. Mais nous n'écartons pas cette possibilité.»

Voilà des propos qui contrastent avec ce que Reed a affirmé quelques jours plus tôt, alors qu'il était hors de question de donner un départ à Shiltz. Le directeur général pourrait aussi être tenté de liquider quelques vétérans d'ici la date limite des transactions, mercredi.

«C'est notre responsabilité d'améliorer cette équipe, qui a été décevante», a-t-il admis.

En attendant, l'équipe est menacée d'inscrire des nouvelles marques de médiocrité à son livre des records. Sa pire fiche depuis son retour à Montréal est de 6-12, en 2015, tandis que la pire fiche de son histoire sur une saison de 18 rencontres est de 4-14, en 1986. Les Alouettes pourraient abaisser ces deux marques si l'équipe ne récolte rien dans les deux matchs face aux Tiger-Cats de Hamilton et celui contre les Roughriders de la Saskatchewan.