À écouter Kavis Reed et Patrick Boivin la semaine dernière, la haute direction des Alouettes et son ex-entraîneur-chef Jacques Chapdelaine n'avaient pas la même vision et étaient en désaccord sur la façon de faire progresser l'équipe.

Après la performance offerte par les Alouettes dimanche face au Rouge et Noir d'Ottawa, on peut se demander si les difficultés de l'équipe ne relèvent pas davantage d'un problème de personnel.

La troupe de Reed a été dominée dans tous les aspects du jeu et ses piliers, notamment le quart Darian Durant, ne se sont pas présentés pour ce match crucial. Durant, faut-il le rappeler, a été acquis par Reed dans l'entre-saison pour tenter de finalement régler le problème récurrent au poste de quart depuis le départ d'Anthony Calvillo.

Or, Durant n'a rien réglé cette saison. Il se classe en-deçà de la moyenne de la ligue dans toutes les statistiques pour les quarts, en plus d'avoir été victime de 11 interceptions jusqu'ici. Seul Jonathon Jennings, des Lions de la Colombie-Britannique, le devance avec 12.

Du côté des receveurs, on s'est de toute évidence trompé chez les Alouettes en laissant partir S.J. Green. Oui, Reed est allé chercher Ernest Jackson. Mais celui-ci se trouve-t-il dans le bon rôle comme receveur numéro 1?

On a critiqué le travail de la défense des Alouettes pour justifier le congédiement du coordonnateur Noel Thorpe, la qualifiant de «juste assez bonne». Pourtant, c'est cette défensive qui a tenu l'équipe à flots au cours des dernières saisons.

C'est vrai qu'elle a été moins efficace cette saison, Mais il faut aussi dire qu'elle se retrouve plus souvent qu'autrement sur le terrain depuis le début de la campagne et que ses meilleurs éléments se font vieillissant: Chip Cox a 34 ans; Kyries Hebert, 36.

Il faut toutefois reconnaître qu'elle a aussi été durement éprouvée par les blessures: Frédéric Plessius, Dominique Tovell et Anthony Sarao, trois secondeurs sur qui misaient les ALouettes sont tous tombés au combat. Mais encore une fois, force est d'admettre que Reed a manqué de vision en laissant aller Bear Woods, joueur par excellence des Alouettes et finaliste au titre de joueur défensif par excellence du circuit pas plus tard que l'an dernier.

Pour tourner le fer dans la plaie, Green et Woods connaissent du succès à Toronto, sous la gouverne de Jim Popp et Marc Trestman.

Pourtant, Reed, le directeur général, est convaincu que Reed, l'entraîneur-chef, a tous les éléments en place pour connaître du succès.

Reed et plusieurs joueurs ont beau tenter de nous faire croire qu'il est encore temps de faire tourner le vent, la vérité est que les Alouettes, avec une fiche de trois victoires et neuf revers, ont bousillé toutes leurs chances au cours des dernières semaines. Les deux revers face aux Rouge et Noir et celui contre les Argos auront été particulièrement coûteux.

Même ceux qui défendent bec et ongle cette organisation depuis près de 10 ans commencent à ne plus y croire: lorsqu'on l'a interrogé sur les probablités que les Alouettes puissent corriger le tir au cours des six derniers matchs du calendrier, le centre Luc Brodeur-Jourdain a préféré «ne rien dire au lieu de dire des choses que je pourrais regretter».

Le dernier tiers du calendrier - à Toronto, à Calgary, contre Edmonton, contre Hamilton, à Regina et à Hamilton - risque d'être pénible pour les partisans des Alouettes.