Les joueurs et la direction des Alouettes de Montréal ont beau dire le contraire, la défaite de jeudi soir aux mains du Rouge et Noir d'Ottawa a mis fin aux espoirs de l'équipe de se tailler une place dans les éliminatoires de la Ligue canadienne de football.

Cette défaite humiliante de 32-4 relègue la formation du directeur général Kavis Reed et de l'entraîneur Jacques Chapdelaine au troisième rang dans l'Est, avec un dossier de 3-7. Les Alouettes accusent deux points de retard sur les Argonauts de Toronto, qui affronteront lundi les pitoyables Tiger-Cats de Hamilton, qui ont perdu leurs huit matchs jusqu'ici.

La pire équipe dans l'Ouest, les Roughriders de la Saskatchewan (4-4), ont une meilleure fiche que les Argos (4-6) et les Alouettes. Les Lions de la Colombie-Britannique, à 5-5, occupent le quatrième rang dans l'Ouest. On peut affirmer aujourd'hui qu'à moins d'un virage à 180 degrés, la section Est n'enverra que deux clubs en matchs éliminatoires.

«Ça va dépendre un petit peu de ce qui va se passer dans le reste de la ligue. C'est certain qu'il reste beaucoup de football encore, a fait valoir Chapdelaine après la rencontre. Mais c'est aussi certain que si nous avions gagné, nous serions plus en maîtrise de notre avenir.»

Quel est-il cet avenir? Les Alouettes se rendront la semaine prochaine à Vancouver, où ils n'ont gagné qu'une fois au cours des 15 dernières années. Ils reviendront ensuite à Montréal pour le dernier duel de la saison contre le Rouge et Noir - qui a gagné les deux premiers - avant de se rendre à Toronto et Calgary. Lors de la 16e semaine, ils recevront les Eskimos d'Edmonton pour ensuite profiter de leur deuxième semaine de congé. Les Alouettes disputeront leurs trois derniers matchs contre les Tiger-Cats (deux fois) et les Roughriders.

Mais les Alouettes risquent d'être éliminés depuis longtemps à cette date. Les Argos disputeront également deux matchs aux Ti-Cats et un autre aux Riders, en plus de se frotter deux fois aux Eskimos d'Edmonton, ainsi qu'une fois aux Lions et aux Blue Bombers de Winnipeg.

Le Rouge et Noir a aussi deux matchs à jouer contre les Tiger-Cats, deux autres contre les Roughriders et une fois chacun contre les Lions et les Bombers. Les Lions accueilleront aussi les Ti-Cats une fois. Si on accorde des victoires à tout ce monde face aux Tiger-Cats, il restera bien peu de matchs aux Alouettes pour grimper au classement.

«Bien sûr qu'on manque de temps, a lancé un Tyrell Sutton en furie devant son casier. Nous n'arrêtons pas de dire qu'il nous reste plein de matchs à jouer, mais merde! Il ne nous en reste que huit! On disait qu'on avait 18 matchs à jouer, puis 10, ensuite neuf et maintenant huit! Il faut qu'on se mette en marche. On va manquer de temps!»

«Il est vraiment temps qu'on commence à jouer au football comme du monde, a pour sa part indiqué le joueur de ligne offensive Kristian Matte. (...) On veut garder le contrôle de notre destin, mais en ce moment, on commence à donner le contrôle aux autres et ce n'est pas bon.»

L'attaque aux abonnés absents

S'il est vrai que l'attaque des Alouettes a subi une lourde perte à quelques heures du match en raison de l'indisponibilité de Jovan Olafioye, il est difficile de comprendre comment elle a pu fournir un effort aussi pitoyable lors d'un duel aussi important.

L'attaque n'a fourni que 277 verges en tout et les quarts des Alouettes ont été rejoints cinq fois derrière leur ligne de mêlée.

«Ç'a été un match désastreux, a dit sans détour le centre Luc Brodeur-Jourdain. C'est inacceptable. On a eu un quart sous pression. On a échappé des passes. On a tout simplement jamais eu de rythme à l'attaque. Je lève notre chapeau à notre unité défensive et à nos unités spéciales de ne jamais baisser les bras à notre endroit, mais c'est inacceptable.»

«On a bien commencé, mais on s'est cogné le nez au mur sur un deuxième et deux verges et un deuxième et trois verges deux fois en début de partie. C'est décevant, a noté Chapdelaine. On a échappé des passes en début de match qui nous ont fait mal. C'est difficile à comprendre.»

Les Alouettes ne se sont pas aidés, commettant plusieurs gestes d'indiscipline. Ils ont été punis 11 fois pour 138 verges.

«Nous n'étions pas concentrés, a ajouté l'entraîneur. À la fin de la première demie, sur un placement, on se dépêchait. On n'a pas besoin de se dépêcher et d'appeler un temps mort: le temps est arrêté! C'est quelque chose que tout le monde sait, surtout quand tu as déjà joué une saison dans la ligue. Tout ça est très décevant.»

L'entraîneur ne saurait mieux dire.