Antony Auclair a fait tout ce qu'il pouvait afin de convaincre les équipes de la NFL de le repêcher. L'ancien joueur du Rouge et Or de l'Université Laval veut maintenant savourer pleinement les prochains jours, qui s'annoncent fertiles en émotion.

«J'étais plus nerveux avant de faire mon "Pro Day" [le 13 mars à Québec] parce que je ne savais même pas si j'allais pouvoir le faire. Par la suite, il y a eu toutes les rencontres avec les équipes, qui étaient comme des entrevues de job. Mais là, c'est une expérience qui ne sera que positive. Que je sois repêché ou embauché comme joueur autonome, ce sera très excitant», a affirmé Auclair lors d'un récent entretien téléphonique.

On se souviendra que l'ailier rapproché souffrait d'une blessure à une cuisse lorsqu'il s'est entraîné devant des dizaines de dépisteurs lors de son «Pro Day». Qu'il ait accepté d'exécuter les exercices individuels a d'ailleurs impressionné plusieurs équipes.

«Ce n'était pas une petite blessure. Je n'ai même pas pu m'entraîner dans les 10 jours qui ont précédé le "Pro Day", et ça m'a pris cinq ou six semaines pour guérir», a noté Auclair.

«Les équipes savaient que je n'étais pas au sommet de ma forme. Je voulais plutôt me servir du "Pro Day" afin de leur démontrer que je pouvais jouer même si j'étais blessé. Je pense que c'est une qualité qui est très appréciée dans la NFL.»

À une époque où plusieurs espoirs choisissent de ne pas s'entraîner devant les dépisteurs parce qu'ils ont peur de se blesser et d'être repêchés plus tard que prévu, Auclair a sûrement gagné des points par sa détermination.

Auclair a d'ailleurs de la difficulté à comprendre comment certains espoirs peuvent choisir de rater des matchs de championnat (Bowl games) par peur de se blesser, comme on le voit de plus en plus souvent.

«Je ne peux même pas m'imaginer que j'aurais pu manquer le match de la Coupe Vanier. Pendant la saison, je ne pensais presque pas à la NFL et au repêchage. Mon focus était pleinement sur l'équipe et la Coupe Vanier. J'aurais même joué le match blessé si j'avais dû le faire.

«Tant mieux pour ces joueurs s'ils ne se blessent pas et qu'ils sont repêchés dans les premières rondes. Mais je ne partage pas cette mentalité du tout. Jusqu'à un certain point, je pense qu'il faut être capable de jouer en dépit de la douleur dans la NFL.»

Dix villes en un mois

Les équipes de la NFL peuvent inviter un maximum de 30 espoirs à leur rendre visite en vue du repêchage. Elles s'assurent donc de faire bon usage de ces rencontres. Auclair a visité pas moins de 10 équipes au cours des dernières semaines, une tournée qui s'est terminée mercredi dernier.

«C'était assez similaire d'une équipe à l'autre. Généralement, je rencontrais le directeur général et l'entraîneur-chef du club au début de la rencontre, puis le coordonnateur offensif et l'entraîneur des ailiers rapprochés un peu plus tard», a expliqué Auclair, qui préfère ne pas divulguer le nom des équipes qu'il a rencontrées.

«J'ai eu un meilleur feeling avec certaines équipes que d'autres. Je dirais qu'il y en a quatre où j'avais l'impression que tout le monde dans l'édifice m'aimait.»

«Je pense que les équipes ont vu que je suis quelqu'un qui apprend assez rapidement. Et puisque je n'ai pas joué dans une grosse division de la NCAA, elles savent également que j'ai encore un potentiel inexploité.»

Le repêchage en famille

Même s'il est très peu probable qu'il soit choisi jeudi soir (premier tour) ou vendredi soir (deuxième et troisième tours), Auclair suivra l'action de près en compagnie de sa famille en Beauce.

«Je vais regarder tout le repêchage car je veux savoir quels ailiers rapprochés seront sélectionnés. Je sais à peu près où je me situe par rapport aux autres ailiers rapprochés qui ont mon style de jeu.»

Auclair devrait savoir dès samedi où il amorcera sa carrière dans la NFL. S'il n'est pas repêché, il recevra assurément des offres à titre de joueur autonome. Lorsque le septième et dernier tour du repêchage sera complété, samedi après-midi, les 32 équipes de la NFL pourront embaucher d'autres espoirs qui les intéressent.

Puisque tout se décide très rapidement dans les heures qui suivent le repêchage, Auclair et son agent Sasha Ghavami établiront dans les prochains jours une liste d'équipes qui pourraient les intéresser.

«On va analyser plusieurs facteurs, dont la profondeur des équipes à la position d'ailier rapproché. Sasha m'a expliqué que les équipes font une offre à un joueur en lui donnant un délai prédéterminé pour l'accepter ou la refuser. Ce ne sera donc pas facile à prendre comme décision si c'est ce qu'on doit faire.»

Idéalement, Auclair sera repêché et n'aura pas à faire ce choix. Et compte tenu de l'intérêt qu'il a suscité au cours des derniers mois - rappelons que 17 équipes étaient représentées à son «Pro Day» au PEPS de l'Université Laval -, c'est probablement ce qui se produira.

«Ce dont je suis sûr à 100%, c'est que je vais obtenir une chance de faire mes preuves avec une équipe. Que ce soit après avoir été repêché ou après avoir reçu une invitation, je vais obtenir ma chance et c'est tout ce que je veux.»

Photo Erick Labbé, archives Le Soleil

Antony Auclair souffrait d'une blessure à une cuisse lorsqu'il s'est entraîné devant des dizaines de recruteurs de la NFL, le 13 mars dernier à Québec.