Il donne préséance à la culture générale de l'équipe plutôt qu'à ses éléments individuels. Il dirige sa formation avec une poigne de fer et pourtant, il y insuffle une ambiance familiale.

Il peut donner l'impression de posséder un coeur de pierre -ses «adieux» aux joueurs ne cadrant plus pouvant être brefs- et pourtant, sa loyauté est sans limites. Il a des idées bien définies sur la façon de mener son groupe de joueurs, mais ne s'opposera jamais aux nouveautés et à l'idée d'ajouter à son bagage de connaissances des notions venant de l'extérieur.

Voilà une description de Bill Belichick, l'entraîneur-chef des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, qui pourrait écrire une nouvelle page de l'histoire de la NFL en remportant un cinquième titre du Super Bowl.

C'est aussi une description qui a été faite des anciens entraîneurs Chuck Noll, avec les Steelers de Pittsburgh, et Tom Landry, avec les Cowboys de Dallas.

«La stratégie représente le prix d'entrée, affirme John O'Sullivan, fondateur du projet Changing the Game, qui se prononce souvent sur l'importance de l'enseignement dans la société. Mais la première chose que font les grands entraîneurs, c'est communiquer. Quand vous communiquez avec les gens, ils vont courir à travers un mur pour vous.»

Un homme aimable?

Belichick, un homme sociable? La même chose aurait pu être dite, ou demandée, de Noll et de Landry, dont les présences devant le public pouvaient se limiter à des segments de cinq à dix minutes avec les représentants des médias, avec l'objectif d'en dire le moins possible sur leur stratégie -ou sur eux-mêmes.

L'effort -et parfois, les compliments- qu'ils reçoivent de leurs joueurs en dit davantage.

Chemin faisant vers quatre triomphes du Super Bowl avec les Steelers, l'ancien quart Terry Bradshaw ne pouvait blairer Noll. Ce n'est que quelques années plus tard que le membre du Temple de la renommée a admis qu'il avait profité de l'enseignement de Noll.

«Est-ce que je le respectais? Bien sûr que oui, a déclaré Bradshaw l'année dernière. L'ai-je aimé? Non, je ne l'ai pas aimé.»

Les observateurs ont fait beaucoup de cas de la décision des Patriots de se départir de deux éléments-clé de son unité défensive -Chandler Jones pendant la saison morte, puis le secondeur Jamie Collins qui a été cédé (impitoyablement?) aux pauvres Browns de Cleveland en octobre. Malgré tout, la défensive est celle qui a concédé le moins de points dans la ligue.

Belichick n'est quand même pas le premier entraîneur confronté à de telles décisions. Dans les années 70, Landry a passé la saison entière à alterner entre Roger Staubach et Craig Morton au poste de quart. Un jour, il a réalisé que les Cowboys ne pourraient connaître du succès qu'en utilisant un seul des deux. Il a opté pour Staubach et échangé Morton aux Giants de New York.

«Parfois, c'est malheureux de devoir prendre une telle décision, avait admis Landry, à l'époque. Mais c'est important de clarifier la situation pour éviter toute spéculation d'une semaine à l'autre.»

Des entraîneurs influencés

Tom Thibodeau, entraîneur-chef des Timberwolves du Minnesota dans la NBA, a passé du temps auprès de Belichick il y a quelques étés et a été émerveillé par «la qualité de l'infrastructure» -un facteur qui permet aux grands entraîneurs de se départir de joueurs-clés sans jamais perdre le rythme.

«Vous devez vous conformer et devenir un joueur d'équipe, sinon vous ne serez pas là longtemps», a déclaré Thibodeau. Je crois que tous les joueurs veulent de la discipline. Et ils veulent gagner. Donc, quand vous leur fournissez un tel environnement, ils réagissent de façon positive.»

Les méthodes de Belichick ont influencé la carrière de Nick Saban, l'un des plus grands entraîneurs du football universitaire américain. Avant qu'il ne remporte ses cinq titres en NCAA, Saban était le coordonnateur défensif de Belichick avec les Browns de Cleveland, de 1991 à 1994.

«Je pensais que je savais des choses, et j'ai vraiment découvert que j'étais dans une position où je pouvais apprendre beaucoup, a observé Saban. Ces années à Cleveland m'ont probablement aidé à développer la philosophie et les organisations qui nous ont aidé à connaître du succès au fil des ans. C'est beaucoup grâce à Bill Belichick.»

Photo Matt York, Associated Press

L'entraîneur des Timberwolves du Minnesota, dans la NBA, a été émerveillé par «la qualité de l'infrastructure» entourant Bill Belichick.