Luc Brodeur-Jourdain a-t-il disputé son dernier match dans l'uniforme des Alouettes de Montréal? S'il n'en tient qu'au principal intéressé, il reprendra du service en 2017. Reste à voir si l'équipe lui en donnera la chance.

«Dans ma tête, ce n'est pas mon dernier match, mais il y a plein de choses qui ne sont pas en mon pouvoir. Ce n'est pas entre mes mains. Je n'y peux rien. De mon côté, je vais me préparer pour une autre saison», a-t-il indiqué hier, à l'occasion du bilan de fin de saison des Als.

Le centre de 33 ans, qui sera joueur autonome cet hiver, n'a vu que très peu d'action cette saison, conséquence d'une grave blessure à un genou subie l'année précédente.

Samedi, à Hamilton, l'entraîneur-chef Jacques Chapdelaine a utilisé un temps d'arrêt dans les derniers instants de la rencontre pour lui permettre de quitter le terrain fin seul, à la manière d'un pilote de course qui effectue son dernier tour de piste. Tous les joueurs et les entraîneurs des Moineaux sont d'ailleurs venus faire l'accolade à Brodeur-Jourdain, ému par le geste.

«Luc a eu une saison quand même difficile sur le plan de sa rééducation, a noté Chapdelaine. Du côté émotif, ça n'a pas été une saison facile pour lui. C'est un gars qui fait et qui a fait tout ce que l'équipe voulait de lui. Il a travaillé très fort pour se rétablir.» 

«Il n'était pas à 100% tout au long de la saison, on ne s'en cachera pas. Malgré cela, c'est un gars qui nous a tout donné.»

Brodeur-Jourdain espère donc qu'en dépit de son âge et des contrecoups de sa blessure, les Alouettes lui feront une offre. Deux choses sont cependant claires dans son esprit: il n'a pas l'intention pour l'instant d'aller jouer ailleurs qu'à Montréal, et il ne souhaite pas non plus être cantonné dans un rôle de réserviste au sein de la ligne offensive.

«Si ça m'est proposé comme ça, la réponse sera non, a-t-il martelé. [...] Si on ne me donne pas la chance de compétitionner, qu'on me condamne immédiatement à un rôle de sixième homme sans me donner la chance d'avoir un camp d'entraînement, de démontrer mon potentiel et ce que je suis encore capable de faire, je trouverais a priori que ce serait injuste.»

Pas de chambardement en vue

Brodeur-Jourdain est loin d'être le seul à se demander s'il sera de retour dans le nid des Als la saison prochaine. Plusieurs éléments-clés de l'équipe pourraient évoluer ailleurs en 2017.

Nik Lewis, Marc-Olivier Brouillette, Kyries Hebert, Alan-Michael Cash... Voilà seulement quelques-uns de ceux qui ont écoulé la dernière année de leur contrat. Lewis a d'ailleurs annoncé que la prochaine saison serait sa dernière.

«Je ne suis pas le genre de joueur qui a peur de relever un défi. Je sais que je devrai être meilleur la saison prochaine. Il s'agira de ma dernière et je veux qu'elle soit ma meilleure. Je veux faire partie de cette équipe et aller au combat avec les joueurs dans ce vestiaire.»

Plusieurs de ces joueurs potentiellement autonomes avancent en âge, ou ont été hypothéqués par les blessures. Interrogé à ce sujet, Chapdelaine a mentionné qu'il préférait se défaire d'un joueur trop tôt que trop tard. Du même souffle, il a dit ne pas croire qu'un grand remue-ménage serait bénéfique.

«Tu veux renflouer ton équipe sur le plan de la jeunesse, mais tu ne veux pas secouer les choses en amenant tellement de changements que tu perds tout ce que tu as bâti jusqu'à maintenant», a-t-il souligné.

Adams en avance sur Cato

Parlant de jeunesse, la lutte pour le poste de quart-arrière partant l'an prochain s'annonce déjà intéressante entre Vernon Adams fils et Rakeem Cato. Selon Chapdelaine, le premier détient une légère avance sur le second à la lumière de ses performances des dernières semaines.

«Je crois que Vernon a fait un travail incroyable en prenant le contrôle de l'équipe. En même temps, la seule pression à laquelle il était confronté à ce moment était de bien faire pour lui-même. Il n'avait pas la pression de nous placer en mode séries éliminatoires. Rakeem avait cette pression supplémentaire», a-t-il cependant nuancé.

L'entraîneur, tout comme les deux jeunes pivots, a par ailleurs indiqué son souhait de voir un quart vétéran se joindre à l'équipe en 2017.

«Il y aura une semaine au cours de laquelle le jeune aura un mauvais match, et tu ne veux pas qu'il sente qu'on le retire et qu'il perd son opportunité à cause de cela. S'il y a la présence d'un quart vétéran, le jeune quart peut quand même vivre avec la pression d'avoir un mauvais match», a fait valoir Chapdelaine.