Jacques Chapdelaine répondait aux questions des médias dans une petite salle du stade Percival-Molson depuis quelques minutes lorsque trois visiteurs sont arrivés. Il s'agissait du propriétaire des Alouettes, Robert Wetenhall, de son fils Andrew et du président du club, Mark Weightman.

«Ce fut une très belle victoire pour toi et l'équipe, Jacques. Que Dieu te bénisse», a dit M. Wetenhall d'une faible voix.

Une très belle victoire, en effet. Les Alouettes ont amorcé l'ère Chapdelaine en servant une raclée de 38-11 aux Argonauts de Toronto, qui n'ont maintenant plus que deux points d'avance sur les Oiseaux au troisième rang de la division Est.

Le sommaire du match

Le rendement des Oiseaux a de quoi réjouir leurs partisans, mais l'harmonie retrouvée au sein du club est tout aussi importante, sinon plus. La preuve que le climat est déjà assaini? Ce sont Rakeem Cato et Duron Carter qui ont versé le Gatorade sur Chapdelaine dans les derniers instants du match...

Cato et Carter, on s'en souviendra, en sont presque venus aux coups à deux reprises lors d'entraînements au cours du dernier mois. Kenny Stafford, qui avait également eu maille à partir avec Cato, a marqué ses deux premiers touchés de la saison et a attrapé une passe de 48 verges lors du premier jeu offensif des Als.

Si les Alouettes ne sont toujours pas convaincus que Cato peut devenir leur quart à long terme, il y a quelque chose qui m'échappe. Le passeur de 24 ans a réussi 18 de ses 23 passes pour 210 verges, a lancé 4 passes de touché et n'a commis aucun revirement. Il a également ajouté 30 verges en 4 courses.

Seul bémol à la performance de Cato: il a été plaqué derrière la ligne de mêlée à six reprises. «Deux de ces sacs n'avaient rien à voir avec la ligne offensive. J'ai encore des choses à améliorer», a-t-il avoué.

«J'ai trouvé que Rakeem a bien joué, mais j'aurais aimé qu'on puisse conserver notre position sur le terrain en fin de match et qu'il se débarrasse du ballon à quelques reprises. Ceci étant dit, il a fait de très bons jeux, et il nous a bien fait paraître dans des moments cruciaux. Il y a un apprentissage, mais j'ai trouvé qu'il a lancé le ballon avec beaucoup de précision», a analysé Chapdelaine.

Wetenhall et les partisans comblés

Il y avait salle comble au stade Percival-Molson, et les 23 420 spectateurs ont évidemment passé un très bel après-midi malgré le temps maussade. Ils ont chaudement applaudi Chapdelaine lorsqu'il est apparu sur l'écran géant en fin de match et ont même entonné le fameux «hey hey hey, good bye!», un air qu'on n'avait pas entendu sur la montagne depuis des années.

«L'énergie des partisans a été incroyable aujourd'hui. Les 23 500 spectateurs ont fait partie de notre équipe, et cela a fait une différence», a noté Chapdelaine, qui a toutefois rappelé à quelques reprises qu'il ne s'agissait que d'un match.

«C'est une très, très belle sensation. Comme j'ai dit aux joueurs, on ne peut pas se rendre au sommet de l'échelle si on ne monte pas sur la première marche.»

Après le point de presse de Chapdelaine, Wetenhall a offert un commentaire qui en a dit long sur l'état dans lequel l'équipe se trouvait avant de procéder au changement d'entraîneur, il y a deux semaines.

«C'est un changement de philosophie majeur au sein de nos entraîneurs. Et on s'attend à un avenir beaucoup plus prometteur. Hamilton, Ottawa et Toronto ont tous perdu ce week-end, alors on a encore une chance de participer aux séries. On est sur la bonne voie», a dit Wetenhall, très impressionné par le jeu de son équipe.

«Ça n'aurait pu être mieux que ça!» a lancé le propriétaire.

Pas impossible

C'est justement parce que les trois autres équipes de l'Est en arrachent que les Alouettes sont encore en vie. Mais avec seulement cinq matchs à disputer, leur marge de manoeuvre est à peu près nulle. Ils devront vraisemblablement gagner au moins quatre de leurs cinq matchs afin de se donner une chance d'accéder aux séries.

Cela dit, si les Als jouent comme ils l'ont fait dimanche, ce n'est pas impossible. En plus du réveil de l'attaque, Stefan Logan a réussi quelques beaux retours; la défense n'a accordé que trois placements et a forcé cinq revirements, si on tient compte des deux fois où les Argos ont raté leur troisième essai. Autre facteur important, les Alouettes n'ont été punis que six fois, eux qui avaient manqué de discipline tout au long de la saison.

«Ce sont les joueurs qui construisent le bateau et le moteur. Le rôle de l'entraîneur-chef est de tenir le volant. J'ai senti que les joueurs s'étaient serré les coudes aujourd'hui, et j'ai aimé ça», a bien résumé Chapdelaine.

Les classements de la LCF

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Ils ont dit

Jacques Chapdelaine: «J'ai très apprécié la victoire. Les joueurs ont très bien joué. Même si une équipe fait des changements au niveau de la structure et de l'entraîneur, si les joueurs n'embarquent pas, les résultats ne suivront pas. Je suis très fier de nos joueurs.»

Rakeem Cato: «On a bien travaillé durant toute la semaine. Je ne vais pas dire que Jacques est un génie après un seul match, mais il a fait du très bon travail sur le plan des choix de jeux. On a tenté plusieurs longues passes.»

Kenny Stafford: «L'attaque est restée sur le terrain, la défense et les unités spéciales ont bien joué et Rakeem a tout donné. On a joué un match complet pendant les quatre quarts.»

Samuel Giguère: «C'est sûr que tout le monde est content quand on marque 38 points. Lorsqu'on gagne, l'harmonie est meilleure. On comprend ce qu'on doit faire afin de participer aux séries. Le piège, c'est de ne pas bien jouer lors de notre prochain match. On avait connu de très bons matchs contre la Saskatchewan et Ottawa plus tôt dans la saison, et on a perdu la semaine suivante.»

Duron Carter: «Je n'ai presque rien fait aujourd'hui, et on a tout de même marqué 38 points. Alors c'est une très belle sensation.»