Cahooooooooonnnnn ! Six ans après sa retraite, Ben Cahoon sera de retour au stade Percival-Molson, ce soir. Les Alouettes retireront officiellement son numéro 86 à la mi-temps de leur match contre les Roughriders de la Saskatchewan.

Les partisans de l'équipe lui réserveront un accueil chaleureux et on entendra assurément le fameux cri qui a résonné des centaines et des centaines de fois après ses attrapés.

« Je n'ai évidemment jamais vécu quelque chose de semblable par le passé, alors c'est spécial. C'est l'organisation avec laquelle j'ai disputé toute ma carrière, c'est donc un très grand honneur. Je suis très content », a commenté Cahoon, hier, peu de temps après son arrivée à Montréal.

C'est précisément le fait d'avoir disputé toute sa carrière chez les Alouettes dont Cahoon est le plus fier lorsqu'il pense à ses 13 saisons professionnelles.

Il retournera en Utah dès demain, lui qui est l'entraîneur des receveurs de l'Université Brigham Young.

Cahoon est accompagné de sa femme, ainsi que de ses quatre filles, qui n'étaient jamais revenues à Montréal depuis le départ de la famille après la retraite de l'ancien demi inséré.

« Pendant le trajet en auto de l'aéroport à ici, je demandais aux filles si elles se souvenaient des rues et des édifices de la ville. Ça faisait cinq ans qu'elles n'étaient pas venues ici, alors c'est spécial qu'elles nous accompagnent et qu'elles assistent au match [ce soir]. »

À LA DÉFENSE DE POPP

Le plus grand souhait de Cahoon quant à la soirée qu'il s'apprête à vivre au stade de l'Université McGill ? « J'aimerais voir une victoire des Alouettes », a-t-il répondu aussitôt.

Cahoon suit les activités de l'équipe et sait très bien qu'elle connaît un début de saison à oublier. Il sait aussi que la pression commence à se faire forte sur Jim Popp.

« Ce n'est pas plaisant de voir ça, mais toutes les saisons sont parsemées de hauts et de bas. Ce n'est pas le temps de tout chambarder, mais plutôt de maintenir le cap. C'est important de rester patient et d'avoir confiance en son système de jeu », a estimé Cahoon, qui croit que les critiques à l'endroit de Popp lui attribuant les insuccès du club sont injustes.

« C'est facile de critiquer de l'extérieur, mais le métier d'entraîneur est très difficile. Les joueurs doivent répondre de leurs actions et ils doivent prendre le contrôle de la situation. Le football n'est pas si compliqué que ça. Les choix de jeu ne sont pas si importants, pour être honnête. Tout est une question d'exécution », a dit Cahoon.

PHOTO JEFF McINTOSH, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Ben Cahoon a réalisé plusieurs attrapés spectaculaires en 13 saisons à Montréal.

Lorsqu'on lui a demandé s'il croyait qu'il serait lui-même de retour dans l'organisation des Alouettes à titre d'entraîneur un jour, Cahoon a esquivé la question.

« Je ne sais pas comment répondre à cette question. Je prenais ça une saison à la fois lorsque je jouais, et c'est la même chose à présent. Je n'y pense pas pour l'instant. J'ai un travail que j'adore et qui prend toutes mes énergies. »

LA PEUR D'ÊTRE RETRANCHÉ

Avant de devenir l'un des meilleurs receveurs de l'histoire des Alouettes, Cahoon n'était même pas sûr d'avoir réussi à se tailler une place dans l'équipe à la fin de son premier camp d'entraînement, en 1998.

« J'étais persuadé que je me taillerais une place jusqu'à notre première séance d'entraînement. C'est à ce moment que j'ai vu tous les athlètes exceptionnels qu'il y avait dans l'équipe », s'est remémoré Cahoon, qui avait été libéré par les Buccaneers de Tampa Bay un peu plus tôt.

« Je croyais que je jouerais une saison ou deux dans la LCF et que je serais de retour dans la NFL, mais je me suis vite aperçu que j'en aurais plein les bras ici », a raconté celui qui a passé une partie de son enfance en Alberta avant de déménager en Utah.

« Les trois joueurs avec lesquels je partageais ma chambre au début du camp avaient tous été retranchés, alors j'avais passé la dernière nuit seul. Jim [Popp] était venu cogner à ma porte le matin venu et je lui ai dit que je ne voulais pas lui parler, car je croyais qu'il voulait m'annoncer qu'il me retranchait. Il m'a plutôt dit de ne pas m'inquiéter et m'a félicité d'avoir obtenu ma place dans l'équipe. »

Treize saisons, trois championnats et plus de 1000 attrapés plus tard, Cahoon a maintenant sa place avec les immortels du club, alors qu'il deviendra le 11e joueur de l'histoire des Alouettes à voir son numéro retiré. Cahoooooonnnnnn !