À son premier départ en carrière dans un match de saison, Laurent Duvernay-Tardif aurait difficilement pu avoir un plus grand défi devant lui. Le garde risque d'être opposé à l'infatigable J.J. Watt à plusieurs reprises, demain après-midi, lorsque les Chiefs de Kansas City rendront visite aux Texans, à Houston.

Watt a remporté le titre de joueur défensif par excellence de la NFL à deux reprises à ses quatre premières saisons. Il totalise déjà 295 plaqués, 57 sacs - dont deux saisons de 20,5 ! - et 37 passes défendues. Il a également provoqué quatre échappés à chacune de ses trois dernières campagnes. Autrement dit, l'ailier défensif est aussi dominant que l'est l'Incroyable Hulk lorsqu'il voit rouge.

« C'est certain que c'est un très bon joueur, mais je ne peux pas me laisser intimider. Je ne vais pas changer mon approche et ma technique parce que j'affronte un joueur de ce calibre. Je vais faire la même chose que dans les matchs préparatoires, je vais étudier beaucoup et je vais suivre les conseils de mes entraîneurs. Je vais garder ça simple », a expliqué Duvernay-Tardif en entrevue avec La Presse plus tôt cette semaine.

En plus de devoir se mesurer au joueur qui est le plus dominant de la ligue selon bien des experts, Duvernay-Tardif vivra son baptême officiel dans la NFL à l'étranger plutôt qu'à Arrowhead. Et Watt n'est pas le seul bon joueur du front défensif des Texans, qui peuvent entre autres compter sur le vétéran Vince Wilfork, le premier choix du repêchage de 2014, Jadeveon Clowney, et Whitney Mercilus.

« La ligne offensive est toujours désavantagée à l'étranger, car elle ne peut pas utiliser des cadences avant la remise du ballon. Et on ne se cachera pas que la ligne défensive est probablement la plus grande force des Texans », a convenu le Québécois.

Même si le défi de Duvernay-Tardif sera imposant, les entraîneurs des Chiefs ont confiance dans ses capacités de bien faire. Du moins, c'est l'impression qu'a le joueur de deuxième année.

« Le meilleur moyen de faire augmenter le stress d'un joueur, c'est d'accorder une importance démesurée à un match ou à une situation. Je ne sens pas de nervosité des entraîneurs par rapport à mon jeu. »

Quelques jours avant d'annoncer la composition de sa formation partante, l'entraîneur-chef des Chiefs, Andy Reid, s'est montré élogieux à l'endroit de Duvernay-Tardif. « Il est déjà l'un de nos cinq meilleurs joueurs de ligne offensive », a-t-il alors dit.

« C'est sûr que c'est flatteur d'entendre ça, mais ça ne rendra pas la tâche plus facile dimanche [demain]. J'ai mérité d'obtenir ma chance de jouer, mais je n'ai pas encore prouvé que je méritais de conserver mon poste. J'ai encore plusieurs choses à apprendre. »

Un coups fumant des Chiefs

En raison de son intelligence, de ses qualités athlétiques et de son ardeur au travail, la plupart des observateurs estimaient que ce n'était qu'une question de temps avant que Duvernay-Tardif ne devienne un joueur partant dans la NFL. Mais sa progression est à ce point fulgurante qu'il est de plus en plus clair que les Chiefs ont réussi un coup fumant en le sélectionnant au sixième tour du repêchage de 2014.

Duvernay-Tardif n'est pas seulement passé des Redmen de l'Université McGill aux Chiefs de Kansas City. Il s'est entraîné nettement moins que ne le font normalement les joueurs universitaires en raison des exigences de ses études en médecine. Autre facteur considérable, Duvernay-Tardif était un joueur de ligne défensive il y a cinq ans !

« Je ne suis pas si surpris d'être un partant dès ma deuxième saison, car je pense que je me suis beaucoup amélioré. Les entraîneurs croient que la meilleure façon de m'améliorer, c'est en jouant. Il fallait que je dispute un premier match éventuellement, que ce soit cette année ou l'an prochain. Mon jeu ne sera pas parfait, mais ils jugent qu'il est assez solide pour que je puisse jouer dès maintenant », a expliqué Duvernay-Tardif.

« Je pense que c'est ma vision du jeu que j'ai le plus améliorée. Nos entraîneurs savaient que j'étais un bon athlète, mais ils voulaient voir si j'apprendrais rapidement. Je crois que j'ai peaufiné ma technique et que j'ai amélioré la vitesse avec laquelle je reconnais les défenses substantiellement. »

Objectif: Super Bowl

Duvernay-Tardif n'est pas le seul joueur peu expérimenté de la ligne offensive des Chiefs. Le centre Mitch Morse est une recrue et les bloqueurs Eric Fisher et Donald Stephenson commencent leur troisième et quatrième saison professionnelle. Heureusement pour l'équipe du Missouri, il y a l'ancien porte-couleurs des Ravens de Baltimore et des Saints de La Nouvelle-Orléans Ben Grubbs, le garde du côté gauche.

« Il est le seul joueur de notre groupe qui possède beaucoup d'expérience, mais je pense que les entraîneurs ont muté Fisher du côté droit parce qu'il a quand même joué plusieurs matchs comme partant et qu'il pourra me donner un coup de pouce. » 

« Nos entraîneurs savent comment évaluer nos forces et nos faiblesses et prennent leurs décisions en conséquence. »

On parle bien peu des Chiefs à l'aube de cette nouvelle saison. Il y a pourtant des éléments fort intéressants au sein de l'équipe au casque rouge et blanc.

Le premier choix Marcus Peters et le retour au jeu d'Eric Berry amélioreront une défense qui possédait déjà de très bons secondeurs et une première ligne solide. Jamaal Charles, Jeremy Maclin et Travis Kelce forment un noyau intéressant en attaque. Le quart-arrière Alex Smith commet peu d'erreurs et la ligne devant lui devrait progresser rapidement avec des jeunes comme Duvernay-Tardif, Morse et Fisher, qui a été le tout premier espoir choisi au repêchage de 2013.

« On possède une très bonne chimie et notre groupe d'entraîneurs est l'un des meilleurs de la ligue, selon moi. Alors tous les ingrédients semblent en place. Je pense qu'on a des chances de mettre la main sur le trophée cette année, je le crois vraiment », a même estimé Duvernay-Tardif.