Irritée par les propos de la Dre Christiane Ayotte au sujet de sa politique antidopage, la Ligue canadienne de football (LCF) a décidé de mettre fin à son partenariat avec le Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES).

Dans une lettre envoyée aux gouverneurs du circuit jeudi, obtenue par le Winnipeg Free Press, le commissaire Jeffrey Orridge a expliqué que sa décision avait été motivée par une «perte de confiance» survenue à la suite de ces déclarations de la Dre Ayotte.

Le CCES a retenu le laboratoire que cette dernière dirige, à l'Institut Armand-Frappier de l'INRS, pour effectuer les tests de dépistage de la LCF. Il s'agit du seul établissement accrédité par l'Agence mondiale antidopage au Canada.

«Au cours des derniers jours, Mme Ayotte a attaqué à répétition et injustement la LCF dans les médias, écrit-il. [Jeudi], nous avons prévenu le CCES et Mme Ayotte qu'ils violaient clairement les clauses de confidentialité de notre entente, et nous avons donc mis fin à cette entente.»

Orridge ajoute dans sa missive que l'objectif de cette réglementation est «d'encourager les comportements positifs et que si un comportement inacceptable survient, de le corriger immédiatement, avec force et de façon constante».

Manque de sévérité

Selon la politique antidopage de la LCF, adoptée en 2010, un joueur ne recevra aucune sanction pour un premier contrôle positif afin de pouvoir bénéficier de programmes d'aide et d'éducation par rapport au dopage. Il sera suspendu pour trois matchs lors d'une deuxième infraction, et pour un an lors d'une troisième. Le joueur sera banni à vie de la Ligue s'il est déclaré positif une quatrième fois.

La Dre Ayotte a vertement critiqué ce programme, disant entre autres qu'il n'était pas assez sévère et que, en conséquence, il n'avait aucun effet dissuasif auprès des athlètes.

«Pensez-vous qu'on aurait réussi à réduire les comportements d'alcool au volant si on avait misé uniquement sur l'éducation? C'est la même chose avec la cigarette. Il a fallu rendre ça inacceptable socialement», avait-elle notamment déclaré en entrevue avec La Presse plus tôt cette semaine.

Le CCES «déçu», l'experte persiste

Joint vendredi, le président-directeur général du CCES, Paul Melia, s'est dit «profondément déçu» de la décision de la LCF, soulignant que les deux organisations étaient partenaires depuis sept ans. Admettant que la réglementation du circuit comporte des lacunes, il a cependant témoigné d'une certaine insatisfaction à l'égard de la sortie de la Dre Ayotte.

«Parfois, le timing des déclarations aux médias peut aider. D'autres fois, non. Nous étions en voie de travailler avec la LCF. La Dre Ayotte a choisi d'en parler et ça n'a peut-être pas aidé ce processus», déplore M. Melia.

Dans un courriel envoyé à La Presse, celle-ci a martelé qu'elle «n'avait d'autre choix» que de retirer son laboratoire du programme de la LCF, puisqu'il n'est pas conforme, «même minimalement», à ce qui est prévu au Code mondial antidopage.

Celui-ci stipule notamment que le directeur d'un laboratoire doit s'assurer de traiter tout résultat d'analyse anormal selon les dispositions du Code, en évitant qu'il puisse être utilisé par un athlète ou une personne associée «pour échapper à la détection».

«Il aurait fallu que la Ligue s'engage avec conviction à améliorer son programme, ce qui n'est pas le cas, et leurs déclarations sont décevantes pour les athlètes et les amateurs de sport», écrit-elle.