De prime abord, Russell Wilson et Tom Brady ne semblent pas avoir grand-chose en commun. Wilson mesure une tête de moins que Brady. En revanche, il court à peu près trois fois plus vite que le général de l'attaque des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Il y a cependant plusieurs similitudes entre les quarts qui s'affronteront au Super Bowl, demain soir, au stade de l'Université de Phoenix, à Glendale (Arizona). Les deux ont été repêchés par des équipes du baseball majeur; ils ont été des choix tardifs au repêchage de la NFL (Brady a été sélectionné au 199e rang en 2000, Wilson, au 75e en 2012); et les deux joueurs ont remporté le trophée Lombardi dès leur deuxième saison.

On connaît bien Brady, qui dispute sa 15e saison et qui s'apprête à participer pour la sixième fois au Super Bowl, un record. S'il remporte sa quatrième bague, Brady rejoindra un club sélect de quarts qui ne compte que deux membres: Terry Bradshaw et Joe Montana.

«Que mon nom soit mentionné avec ceux de joueurs de cette trempe, qui étaient mes idoles de jeunesse, est très flatteur. Je ne considère pas que je fais partie de cette classe», a dit Brady cette semaine.

Alors que Brady tentera de mettre ce qui pourrait être la dernière touche à sa grande carrière, Wilson voudra poursuivre son conte de fées. Si les Seahawks de Seattle battent les Patriots, il deviendra le plus jeune quart de l'histoire à remporter deux fois le Super Bowl, et le premier à gagner deux titres à ses trois premières saisons.

Mais parce que l'attaque des Seahawks repose sur son jeu au sol et que son groupe de receveurs est médiocre (restons polis), les statistiques de Wilson sont modestes. Et c'est suffisant pour en convaincre certains de se borner à dire qu'il est un quart moyen.

«Si on juge un quart-arrière par sa fiche, il fait assurément partie de l'élite de la ligue. Les gens n'ont pas tous les mêmes critères d'évaluation. Certains quarts ont de très bonnes statistiques, mais n'ont rien fait qui vaille dans les séries éliminatoires. Russell a déjà démontré qu'il était capable de gagner en séries», croit Tarvaris Jackson, le substitut de Wilson.

«Au bout du compte, ce qui est important, c'est de gagner. Et c'est ce que Russell fait. Il est actuellement le quart avec le meilleur pourcentage de victoires de l'histoire de la NFL», a noté le coordonnateur offensif des Seahawks, Darrell Bevell.

Jordan, Jeter... et Brady

Wilson a souvent fait l'éloge de la visualisation lorsqu'il a été interrogé au sujet de sa routine d'avant-match. Il estime que cela l'aide à connaître du succès dans les situations corsées sur le terrain. L'athlète de 26 ans croit également qu'il a grandement été aidé par l'analyse de certains géants du sport professionnel.

«J'ai étudié plusieurs grands par le passé, des joueurs comme Michael Jordan, Derek Jeter et Tom Brady. J'ai regardé comment ils réagissaient dans les moments cruciaux.

«La clé, c'est d'être capable de rester concentré et de relaxer même si la situation est très tendue. On doit faire confiance à ses coéquipiers et leur permettre de réussir des jeux importants.»

C'est précisément ce qui ressort des performances de Wilson: sa capacité à élever son niveau de jeu dans les moments décisifs. Après avoir probablement joué les 45 pires minutes de sa jeune carrière en finale de conférence, il y a deux semaines, Wilson a réussi tous les jeux qu'il devait réussir afin de permettre aux siens d'éliminer Green Bay à partir du début du quatrième quart.

«Russell est un joueur et un leader phénoménal. Tous les quarts-arrières ont leur propre façon de faire les choses. Une équipe doit ajuster son système de jeux aux forces de ses joueurs, et Russell possède beaucoup de forces», a dit Brady.

«Je ne vois pas beaucoup de faiblesses dans son jeu. Il réussit des jeux derrière sa ligne protectrice et il en réussit lorsqu'il est en mouvement. Certaines personnes disent qu'il est un quart-arrière inexpérimenté, mais ce n'est pas ce que je vois lorsque j'étudie son jeu», a évalué Chandler Jones, le meilleur ailier défensif des Pats.

Ils l'avaient prédit

Les joueurs des Patriots ont passé la semaine à louer Wilson, et ceux des Seahawks ont fait la même chose avec Brady. Normalement pas très portée sur les compliments, la grosse, méchante défense des Oiseaux de mer n'a que respect pour Brady.

«Sa lecture du jeu est phénoménale. Si vous commettez une erreur, il en profitera à tout coup», a dit Kam Chancellor. «Il n'y a pas beaucoup de joueurs de talent autour de lui, mais il fait le boulot quand même. Ce sera tout un défi de l'arrêter, et si on ne parvient pas à exercer de la pression sur lui, il nous le fera payer», a ajouté Bruce Irvin.

Alors, qui gagnera? Le vieux lion ou le jeune loup? C'est la confrontation que la très grande majorité des amateurs espéraient voir à l'occasion du match de l'année. Le match que Brady et Wilson prévoyaient disputer aussi.

«Je suis entré en communication avec Tom par courriel grâce à un ami commun, a raconté Wilson. C'était au début des séries, et j'ai dit à cet ami qu'on affronterait probablement Tom au Super Bowl. Le même jour ou la veille, Tom lui avait dit la même chose. C'est drôle, la façon dont les choses se sont déroulées.»