Les joueurs des Alouettes ont vidé leur casier, lundi, en s'échangeant les accolades et, dans certains cas, leurs numéros de téléphone. Mais la tristesse entourant habituellement cet exercice a été enfouie par un contraste mêlant déception de la défaite et espoir de stabilité en 2015.

Éliminés en finale de la section Est, dimanche à Hamilton, après trois mois remarquables, ils estiment que de bonnes fondations ont été posées en vue d'une prochaine campagne plus stable. À commencer par le poste de quart-arrière que Jonathan Crompton s'est approprié, au coeur de l'été, après la parenthèse Troy Smith. Malgré un dernier match à Hamilton conclu par autant de passes de touchés que d'interceptions, le joueur de 27 ans s'est fait un nombre important d'alliés dans la haute direction et dans le vestiaire.

«Le poste de quart partant appartiendra à Jonathan au début du camp et ce sera à lui de le conserver, a tranché le directeur général, Jim Popp, lundi. Mais rappelez-vous que ce poste appartenait à Smith en juin dernier.»

«Je crois qu'il est loin d'avoir atteint son plein potentiel, a ajouté Luc Brodeur-Jourdain. Ce n'est pas évident, ce qu'il a fait: il s'est présenté sans avoir fait le camp d'entraînement et trois semaines après, il était le quart numéro un.»

Si Tom Higgins a martelé l'importance d'une compétition à ce poste, les seules critiques à l'égard de Crompton sont finalement venues de... Crompton lui-même. Il compte d'abord se reposer chez lui, puis passer les prochains mois à étudier les matchs de la saison 2014. «Je ne suis pas satisfait puisque nous n'avons pas gagné et que je souhaite toujours maintenir des standards élevés de rendement. Je dois m'assurer de revenir l'an prochain avec la même flamme, la même intensité et être prêt», a-t-il énuméré.

Crompton, qui a complété 58,1% de ses tentatives, a guidé les Alouettes dans huit de leurs neuf victoires en saison. Outre le bon travail de la défense, il est le personnage central de la remontée des Alouettes qui affichaient un rendement d'une victoire en huit matchs.

«Évidemment, nous ne voulions pas que ça se finisse de cette façon à Hamilton. Mais aucune équipe n'a été dans notre situation (une victoire et sept défaites) pour finalement atteindre une fiche de ,500 ou une fiche gagnante, a rappelé le quart-arrière. C'est un accomplissement, mais à la fin de la saison, une seule équipe est heureuse et huit autres ne le sont pas.»

Du déjà-vu

Des joueurs comme S.J. Green n'ont pas hésité à pointer du doigt les unités spéciales dans l'élimination face aux Tigers-Cats. Comme il l'avait fait, en 2013, avec un retour sur 107 verges à la suite d'une tentative de placement ratée, Brandon Banks a encore été le bourreau des Alouettes. Le sujet est rapidement venu lors du bilan effectué par Higgins.

«Au deuxième quart, nous avions comme plan de botter le ballon loin de Banks ou à l'extérieur du terrain. Si on botte hors limite à plus de 20 verges des buts, on reçoit une pénalité de 10 verges. Ç'aurait été plus avantageux par rapport aux retours qu'il obtenait. On a cru que l'on pouvait couvrir les retours de la bonne façon. Nous l'avons mal exécuté et, eux, l'ont très bien fait.»

Avenir incertain pour Garcia

L'arrivée de Jeff Garcia à titre de consultant à l'attaque aura été l'un des moments marquants de la remontée des Alouettes. S'il fait l'unanimité parmi les quarts-arrières du club et s'il a été louangé par Tom Higgins et Jim Popp, il reste maintenant à voir s'il prolongera l'aventure en 2015. Car le retour d'Anthony Calvillo dans le nid, après avoir pris du recul en 2014, apparaît comme une forte probabilité pour s'occuper des Crompton et compagnie.

«On pourrait organiser un concours de lancers et le gagnant deviendra l'entraîneur, a d'abord rigolé Garcia. Peu importe la situation, je ne ferme aucune porte et je dois d'abord parler avec mon agent ou ma femme. (...) Je suis ouvert à voir les possibilités, mais je n'ai aucun plan actuellement.»

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Ils ont dit

> Luc Brodeur-Jourdain: «On n'est pas amers. On est extrêmement fiers de ce que l'on a accompli cette saison. Évidemment, l'issue du match d'hier (dimanche) est très difficile. Mais c'est la beauté du football, tout se décide sur un match et tu n'as pas la chance de te reprendre. On peut croire qu'une certaine stabilité va être établie dans le choix des entraîneurs et, s'il y a des changements en 2015, on peut déjà anticiper que ce sera pour le mieux. En termes de camp, en arrivant avec un livre de jeu offensif et une certaine stabilité, ça va vraiment faire une différence. Évidemment, il y aura toujours place à l'amélioration.»

> Éric Deslauriers: «Le plus décevant est que la semaine précédente, on a été en mesure de mettre les trois unités ensemble. Contre Hamilton, on n'a pas été ensemble, on a laissé deux-trois longs touchés, la défense n'a pas joué son meilleur match et, en attaque, on n'a pas gagné suffisamment de verges par la course.»

> Bear Woods: «Quand tu vois qu'un seul gars prend le contrôle du match, tu te dis que c'est dur. Pourquoi ça tombe contre nous dans ce match en particulier? C'est le même gars qui nous avait battus l'an dernier et qui nous avait envoyés à la maison. C'est un grand retourneur. (...) Si tu mets un micro devant moi, je vais dire, chaque semaine, que nous allons gagner. D'où je viens, ce n'est pas du trash-talk. Nous n'avons pas peur de nous montrer confiants et je croyais vraiment que nous allions gagner ce match et j'ai eu vraiment tort. Mais, je ne regrette rien du tout.»

> Kristian Matte: «Il y a beaucoup de fierté dans l'équipe et on sait qu'on est une bonne équipe. On a beaucoup de confiance entre nous, on est tous unis et on a hâte à l'année prochaine. J'espère qu'on va avoir autant de succès (qu'en deuxième moitié de saison) et qu'on montrera qu'on est féroces.»

> S.J. Green: «Nous avons commis des revirements dans des moments inopportuns et les unités spéciales nous ont abandonnés dans des moments-clés. La défense a bien joué toute l'année et ç'a été le cas encore, dimanche. Mais nous n'avons pas inscrit assez de points. On a remporté un match éliminatoire pour la première fois depuis longtemps (2010), alors c'est une base sur laquelle on peut construire.»

> Alex Brink: «Jeff (Garcia) a été un ajout incroyable à notre groupe. Il ne fait aucun doute que nous n'aurions pas accompli tout ça sans lui. Je suis reconnaissant d'avoir pu travailler à ses côtés.»

> Jonathan Crompton: «Je pense que nous avons le meilleur groupe de quarts-arrière de la ligue. Nous travaillons fort, nous aimons être ensemble et nous sommes concentrés vers un même objectif.»

> Tom Higgins: «Lorsqu'on avait une fiche de 1-7, je discutais avec ma femme et je lui ai dit que ce n'était pas ce que j'avais en tête en acceptant ce poste. Je croyais que cette organisation était meilleure que ça!»

> Tom Higgins: «Certains de nos entraîneurs pourraient obtenir des opportunités ailleurs. Une équipe n'est jamais identique d'une saison à une autre, autant chez les entraîneurs que les joueurs.»

> Jim Popp: «Les gens s'attendaient à ce que Chad Johnson produise comme lors de ses bonnes saisons dans la NFL. Ce n'était pas réaliste, d'autant plus qu'on possédait deux receveurs de premier plan en S.J. Green et Duron Carter.»

> Jeff Garcia: «Jonathan a le potentiel pour continuer à progresser et je pense qu'on ne voit qu'une petite partie de ce dont il est capable. Je crois qu'il a tout ce qu'il faut pour gagner la Coupe Grey et il suffit de voir ce qu'il accomplit sur une base quotidienne, dans sa préparation, son approche des matchs ou sa confiance pendant les matchs. Il a les outils physiques et mentaux pour guider cette équipe à un championnat.»

> S.J. Green: «On est tellement en avance par rapport à l'an dernier. Nous avons un quart-arrière dans lequel l'organisation croit vraiment et il est un gars dans lequel je crois. Nous avons beaucoup d'éléments sur lesquels bâtir en vue de la prochaine saison.»

- Propos recueillis par Miguel Bujold et Pascal Milano