Certains diront que l'arrivée de Troy Smith a transformé en quelque sorte l'attaque des Alouettes. Mais le quart-arrière s'est lui aussi métamorphosé à sa manière en faisant le saut avec les Oiseaux. Et ce, à bien des égards, comme il l'a expliqué à La Presse.

Lorsque Troy Smith s'est présenté sur le terrain du Coulter Field de l'Université Bishop's, à l'occasion de la première journée du camp d'entraînement des Alouettes, tous ceux qui étaient assis dans les gradins ont remarqué la même chose. Le quart-arrière est désormais beaucoup plus svelte qu'il ne l'était la saison dernière.

Et ce n'est pas un hasard. Le numéro 1 des Moineaux - il a abandonné le numéro 3 qu'il portait la saison dernière - n'a pas chômé au cours de la saison morte.

«Je suis retourné à la planche à dessin en ce qui a trait à mon entraînement dans le but de retrouver l'essentiel de ma force, afin d'être capable de courir avec le ballon comme un quart-arrière doit le faire. Je suis à un bon niveau, mais pas encore à mon maximum», souligne Smith en entrevue avec La Presse.

Son travail, juge-t-il, est cependant loin d'être terminé. «J'ai encore du chemin à faire avant de revenir à ma «forme de trophée Heisman». Je sais où j'en suis en tant que joueur de football, je sais où je veux être et je vais assurément tenter de m'améliorer jour après jour.»

Ainsi, il s'est livré à de nombreux exercices de course et de musculation afin de retrouver cette force convoitée. Et, évidemment, il en a aussi profité pour lancer quelques ballons.

«Pour moi, lancer le ballon, c'est comme effectuer des lancers en suspension [au basketball]. Tu ne peux jamais en lancer assez», dit-il.

Ça tombe bien, car à moins d'une surprise, il en lancera plusieurs pour les Alouettes cette saison.

Un sport à réapprendre

Ce n'est pas parce qu'on a eu une belle carrière dans la NFL qu'il en sera autant dans la LCF. Parlez-en seulement à Ahman Green ou Dominic Rhodes, qui ont tour à tour échoué dans leur tentative de se tailler une place chez les Alouettes au cours des dernières années.

Certains de ces joueurs qui n'ont pu se démarquer au nord de la frontière peuvent rejeter le blâme sur les blessures. Pour d'autres, les disparités entre le football américain et le football canadien se sont avérées un obstacle trop imposant.

Troy Smith, lui, n'a pas mis trop de temps à s'acclimater aux subtilités du jeu canadien. En dépit d'une arrivée tardive avec l'équipe l'année dernière et du fait qu'on ait dû le lancer dans la mêlée plus tôt que prévu, sa progression a été remarquable.

Malgré tout, l'ancien des Ravens de Baltimore insiste: il est encore loin d'avoir terminé son apprentissage du football canadien et ne performe pas encore à son plein potentiel.

«Je ne dirais pas que c'est facile puisque je continue d'apprendre. Ça fera un an à la fin du mois d'août que je suis ici. Le jeu continue d'évoluer en ce qui me concerne», affirme-t-il.

Et il n'est pas seul pour poursuivre cet apprentissage. En plus de ses coéquipiers, il peut compter sur les précieux conseils de ses entraîneurs qui, contrairement au personnel en place au début de la saison dernière, sont tous très familiers avec le football de la LCF.

Le premier nom qui vient à l'esprit de Smith quand on lui demande d'identifier ses mentors? Ryan Dinwiddie, qui dirigeait les quarts-arrières avant de se voir confier l'ensemble de l'attaque des Alouettes. «N'eût été de Ryan Dinwiddie, qui sait où j'en serais aujourd'hui?», demande d'ailleurs Smith.

Ce dernier rend aussi hommage à l'entraîneur-chef Tom Higgins, qui gravite dans la LCF depuis plus de 30 ans et qui possède d'excellentes qualités d'enseignant, selon lui.

«Coach Higgins, qui connaît chaque facette du terrain comme le fond de sa poche, n'a pas cessé de m'aider, note Smith. Il a enregistré toutes sortes de données dans ma banque de mémoire pour m'aider au cours de la saison et je sais que ça me sera utile.»

De Columbus à Montréal

La nouvelle vie de Troy Smith dépasse largement les frontières sportives. En plus d'avoir eu à s'adapter à une nouvelle équipe et à un sport quelque peu différent, il a dû apprivoiser une nouvelle ville et un nouveau pays.

Heureusement pour lui, la transition semble s'effectuer à merveille. Smith le dit lui-même, il profite au maximum de chaque jour passé dans sa terre d'adoption. Il fallait voir son regard s'illuminer quand il parlait des arbres et du paysage vert qui l'entouraient au Coulter Field de Lennoxville, quand La Presse s'est entretenue avec lui.

«Je viens de Columbus, en Ohio. Je suis un petit gars de la ville. Je n'ai pas eu l'occasion de voir des choses comme celles-là», lance-t-il, le sourire aux lèvres.

À son arrivée à Montréal, Smith s'est trouvé un appartement dans le Vieux-Port. Un quartier qui l'a tout de suite charmé.

«D'être dans le Vieux-Port m'a permis de mieux comprendre en quoi Montréal consiste, explique-t-il. Il y a un énorme sentiment de tradition ici. J'ai pu faire un tour de calèche, et c'était pas mal bien. J'aime les rues faites de vieilles briques. Je vois tous les attraits touristiques. C'est plutôt cool.»

Autre élément qu'il apprécie de son nouveau domicile: l'anonymat relatif dont il bénéficie... pour le moment, du moins.

«Les gens vous traitent comme n'importe qui d'autre, dit-il. Ils ne se préoccupent pas de qui vous êtes. Je ne dis pas qu'aux États-Unis, les gens vous traiteraient différemment s'ils connaissaient votre nom. Mais ici, je peux me promener à vélo, je peux aller marcher et me rendre à l'arrêt d'autobus.»

Maintenant que sa niche est faite chez les Alouettes, comme en témoigne le contrat de trois ans qu'il a signé il y a quelques mois, Smith se cherche un logement plus permanent. Et il a déjà quelques endroits en tête.

«Je vais jeter un coup d'oeil à L'Île-des-Soeurs et à nouveau dans le Vieux-Port, mais je vais me promener un peu. Je vais m'aventurer et voir ce que Montréal a à offrir», indique-t-il.