Depuis qu'il s'aligne avec les Alouettes, Sean Whyte a rarement eu à composer avec des aspirants botteurs qui représentaient une menace sérieuse pour lui. En fait, lors de certains camps d'entraînement, il était carrément le seul joueur à sa position. C'est cependant bien différent cette année.

Deux autres botteurs font actuellement la lutte à Whyte pour lui ravir son poste. D'un côté, Delbert Alvarado, ancien de l'organisation des Cowboys de Dallas qui s'est amené à Montréal à la fin de la saison dernière. De l'autre, le jeune Nick Boyd, que les Als ont sélectionné en cinquième ronde lors du dernier repêchage.

Difficile de ne pas voir là un signe que la pression commence à se faire forte sur les épaules du numéro 6, qui a connu une fin de saison 2013 catastrophique. Mais malgré la présence de ces coéquipiers affamés qui ne demandent qu'à jouer, Whyte assure qu'il garde la tête froide.

«C'est ça, le football. C'est une question de compétition, et la compétition fait ressortir le meilleur de tout le monde. J'adore ça. C'est de cette façon que j'ai passé toute ma carrière. Je me suis mesuré à Paul McCallum en Colombie-Britannique, et maintenant je suis ici.

«Pour être honnête, poursuit-il, je n'ai pas vraiment regardé les autres gars. Mais c'est comme ça pendant le camp. Tu dois te concentrer sur toi-même et compétitionner contre toi-même pour avoir ta place.»

Higgins voudrait un seul homme

L'entraîneur-chef Tom Higgins, qui supervise également les unités spéciales, a indiqué que les trois botteurs seraient présents pour toute la durée du camp. Il a aussi fait savoir qu'il souhaitait idéalement compter sur un seul botteur capable de s'acquitter des bottés d'envoi, des placements et des bottés de dégagement.

Voilà un élément qui pourrait jouer en faveur de Whyte. Car Alvarado, son principal rival, n'est pas reconnu pour ses qualités de botteur de dégagement. Ce dernier insiste toutefois pour dire qu'il est prêt à relever le défi si on le lui demande.

«Ç'a été assez partagé au cours de ma carrière. Je dirais que j'ai sûrement effectué plus de bottés de dégagement que de bottés de précision au niveau universitaire, mais au niveau professionnel, c'est l'inverse. Je sens que je peux faire le travail dans un sens ou dans l'autre», affirme-t-il.

S'aérer l'esprit

On le disait plus haut, Sean Whyte a vécu toutes sortes de misères en fin de saison 2013. Il a entre autres raté une série de placements cruciaux au cours du dernier tiers de la campagne. Et on pouvait déceler dans son langage non verbal - et parfois verbal - des signes évidents de frustration.

C'est pour cette raison qu'au terme de l'année, il a choisi de s'aérer l'esprit plutôt que de s'apitoyer sur son sort. Il s'est d'abord entraîné avec le responsable du conditionnement physique chez les Lions de la Colombie-Britannique, Chris Boyko, qu'il a connu lors de son séjour là-bas. Et les résultats sont manifestes: Whyte s'est présenté au camp beaucoup plus costaud qu'avant.

«J'ai perdu beaucoup de gras et gagné du muscle, mais mon poids est pratiquement le même», explique-t-il.

Il en a aussi profité pour suivre des cours de pilotage, lui qui aspire justement à être pilote après sa carrière dans le football. Mais surtout, il tenait à passer du temps avec ses proches, en Colombie-Britannique.

«Je savais que je devais retourner à la maison auprès de ma famille et de mes amis, revenir dans mon élément et prendre un peu de temps de recul par rapport au football. Je devais me concentrer sur ma famille et sur moi-même», souligne-t-il.

Il faut croire que sa stratégie a porté ses fruits, puisqu'il assure être beaucoup plus détendu depuis son retour au Québec. Et lorsqu'on lui demande de préciser ses objectifs pour 2014, sa réponse traduit un vif optimisme.

«Je veux être le meilleur botteur de précision de la ligue et le meilleur botteur de dégagement de la ligue. C'est tout!»