Chad Johnson s'est présenté devant les médias avec près d'une heure et demie de retard, hier midi. Se confondant en excuses, il a expliqué que l'excitation à la suite du match du Canadien la veille, auquel il assistait, lui avait fait oublier la rencontre. Ainsi, au lieu de venir voir les journalistes après l'entraînement, il est allé manger chez McDonald's, restaurant dont il raffole.

«Un (trio) numéro un extra fromage avec un Coke sans glace», répond-il du tac au tac quand on lui demande ce qu'il a commandé.

C'est le cas de le dire, la table était mise pour cette première allocution en terre québécoise du petit nouveau des Alouettes, au campus de l'Université Bishop's, à Sherbrooke, où l'équipe tiendra son camp d'entraînement dans quelques jours.

On connaissait déjà le côté «amuseur» de cet ancien receveur étoile de la NFL, âgé de 36 ans. Cette fois, on a pu constater de visu qu'il est, comme on dit, tout un personnage. Avec lui, pas de langue de bois. Il ne se gêne pas pour dire tout ce qu'il pense, quitte à en froisser quelques-uns.

Et à quoi pense Johnson ces jours-ci? À profiter au maximum de cette chance que lui offrent les Alouettes, avec lesquels il a signé un contrat de deux ans en avril. Cette chance de «finir un rêve» qui avait fort bien commencé, mais qui a subitement cessé en 2012 lorsqu'il a été accusé de violence conjugale.

«J'avais un rêve de pouvoir jouer dans la NFL. Ce rêve s'est écroulé en raison de mon irresponsabilité, de mon immaturité et de mes erreurs, que j'assume. Peu importe où je pourrai conclure mon rêve - NFL, LCF ou AFL -, le fait que je puisse le terminer de la bonne façon me suffit», assure-t-il.

Objectif: la constance

Avec un palmarès auréolé comme le sien, d'aucuns pourraient s'attendre à voir Johnson brûler la LCF cette saison. Mais l'ex-monsieur Ochocinco est clair: il n'arrive pas à Montréal en tant que sauveur.

«Il y aura des erreurs. Chad va échapper le ballon. Chad va gaffer. Mais il faut trouver cette fine frontière où le bon surpasse le mauvais. Si je peux trouver ça, ça ira», prévient-il.

Et ça, c'est en supposant qu'il arrivera à se tailler une place au sein du club. C'est d'ailleurs pour cette raison que Johnson cherche avant tout à offrir du jeu constant avec les Moineaux.

«C'est quelque chose que j'ai toujours voulu être. Quand vous êtes constant, vous durez longtemps», indique-t-il.

«C'est moi, l'éponge»

Bien qu'il se fasse humble, l'arrivée d'un Chad Johnson bavard et parfois fantasque avec les Als ne peut passer inaperçue. Y a-t-il un risque de distraction? Pas selon le directeur général, Jim Popp, qui y voit plutôt une occasion pour mousser une certaine compétition à l'interne.

«Ce que j'aime du fait d'avoir Chad Johnson, c'est cette compétitivité qui amène nos receveurs à élever leur niveau de jeu, dit le DG. Il est évidemment considéré comme l'un des meilleurs depuis la dernière décennie. Chaque joueur veut prouver qu'il peut être le meilleur, et c'est ce que nous verrons chaque jour à l'entraînement.»

Mais Johnson, lui, se voit en apprenti plutôt qu'en maître.

«Ce qui est drôle avec le fait que je sois ici, c'est que c'est moi qui prends exemple sur tous les autres. C'est moi, l'éponge. Ce que j'ai fait dans la NFL ne compte pas vraiment ici. Je suis la recrue. Je regarde ceux qui ont eu du succès comme S.J. (Green) et Duron (Carter), et les choses qu'ils ont faites, et je dis: wow!»

Johnson confie d'ailleurs qu'il connaissait déjà plusieurs de ses nouveaux coéquipiers du temps où ils évoluaient dans les rangs universitaires. C'est entre autres le cas du quart-arrière Troy Smith, avec qui il prévoit une excellente complicité.

«Nous serons comme un réseau WiFi. La connexion sera bonne», illustre-t-il.

À la fin du point de presse, Johnson a tout de suite donné son numéro de téléphone aux journalistes présents en leur demandant de lui envoyer un texto si jamais il était de nouveau en retard. «Je vous aime», leur a-t-il lancé avant de quitter la salle.

Un personnage, disions-nous?