L'ex-joueur de ligne de la NFL Jeremy Newberry se présentait parfois en boitant dans le vestiaire des 49ers de San Francisco à quelques heures d'un match, équipé d'une botte protectrice et de béquilles, avant de se mettre en ligne derrière parfois une vingtaine de ses coéquipiers, afin de recevoir une injection de l'antidouleur Toradol dans un muscle fessier. Dix minutes plus tard, il sortait du tunnel en courant en direction du terrain.

La ténacité des joueurs de football professionnels est peut-être légendaire, mais une poursuite déposée mardi au nom de plus de 600 ex-joueurs soutient qu'ils ont été encouragés par les médecins d'équipe et des thérapeutes sportifs des quatre coins de la NFL à régulièrement - et souvent illégalement - prendre de puissants stupéfiants et d'autres substances contrôlées les jours de match pour masquer la douleur.

Parmi eux se trouvaient les antidouleurs Percodan, Percocet et Vicodin, les anti-inflammatoires comme le Toradol et des somnifères tels que l'Ambien - «distribués comme des bonbons à l'Halloween», selon l'avocat Steven SIlverman. Parfois, peut-on lire dans la poursuite, les médicaments étaient mélangés afin de créer des «cocktails».

«Ces mélanges fonctionnaient, a dit Newberry dans une entrevue accordée à l'Associated Press, après avoir disputé sept de ses neuf saisons avec les 49ers avant de prendre sa retraite en 2009. Ça fonctionnait très bien. C'était vraiment le cas.»

Mais ç'a causé des dommages insoupçonnés.

Newberry, aujourd'hui âgé de 38 ans, est l'un des huit plaignants nommés jusqu'ici dans cette poursuite. Il prétend qu'à cause des médicaments qu'il consommait alors qu'il jouait dans la NFL, il souffre d'une insuffisance rénale, d'hypertension artérielle et de maux de tête violents. Les autres - dont trois membres des Bears de Chicago, champions de la NFL en 1985: le quart Jim McMahon, l'ailier défensif et membre du Temple de la renommée Richard Dent et le joueur de ligne offensive Keith Van Horne - ont rapporté une vaste gamme de problèmes mentaux, de problèmes musculaires chroniques, de maladies osseuses ou nerveuses permanentes ainsi que des dommages aux organes vitaux et de dépendance.

«Nos avocats n'ont pas vu la poursuite, a commenté le commissaire de la NFL Roger Goodell, à Atlanta pour la rencontre printanière des dirigeants de la ligue. Et de toute évidence j'ai participé à des réunions toute la journée.»

L'essentiel de la poursuite tente de prouver un lien de causalité - la consommation d'antidouleurs, il y a longtemps déjà, est directement responsable des problèmes chroniques qu'ils connaissent aujourd'hui.

Les allégations sont attribuables à de nombreux problèmes auxquels sont habituellement confronté des personnes âgées, tels que l'hypertension artérielle, les arthroplasties du genou, l'arthrite, les problèmes rénaux, les crises cardiaques et les rythmes cardiaques anormaux. La diversité de ces problèmes de santé, qui affectent diverses parties du corps et du système vasculaire humains, pourrait toutefois réfuter l'hypothèse selon laquelle ils seraient tous attribuables à la consommation d'antidouleurs.

Six plaignants dans cette nouvelle poursuite déposée en Cour fédérale à San Francisco, dont McMahon et Van Horne, ont aussi été nommés dans le recours collectif qui a été intenté contre la ligue dans le dossier des commotions cérébrales il y a moins d'un an. La NFL avait accepté de verser 765 millions $US pour régler le dossier - sans reconnaître qu'elle cachait les risques de commotions cérébrales aux anciens joueurs. Un juge fédéral doit encore approuver le règlement, exprimant sa préoccupation quant à la faiblesse du montant suggéré par la NFL.