Le repêchage de la Ligue canadienne de football (LCF), qui aura lieu ce soir, sera différent de ceux des dernières années. Le nombre d'espoirs de qualité est moins élevé que par le passé, ce qui s'explique par l'entrée en vigueur d'un nouveau règlement.

À partir de cette année, les espoirs canadiens qui peuvent retourner jouer dans la NCAA pour une autre saison ne sont plus admissibles au repêchage. Autre changement: les espoirs qui évoluent dans le circuit universitaire canadien et qui peuvent y disputer deux autres saisons ne peuvent également plus être repêchés. Ces espoirs doivent dorénavant n'avoir qu'une seule autre saison d'admissibilité.

Ça fait plusieurs années que les équipes de la LCF voulaient que ce règlement soit adopté, car il y aura ainsi moins d'incertitude au sujet de l'avenir des joueurs repêchés.

«Auparavant, nos repêchages ressemblaient à ceux au baseball ou au hockey. On ne voyait même pas certains joueurs que l'on repêchait parce qu'ils se retrouvaient dans la NFL. À l'avenir, les joueurs qu'on repêchera nous aideront dès la première année», a expliqué Jim Popp, directeur général des Alouettes.

En revanche, la qualité du repêchage de cette année est faible. Les espoirs de la NCAA qui auraient normalement dû être choisis cette année l'ont plutôt été l'année dernière, puisque les équipes pouvaient encore sélectionner des joueurs qui allaient disputer une dernière saison dans la NCAA.

Moins de profondeur dans l'ensemble

Selon Duane Forde, qui a joué 12 saisons dans la LCF et qui est aujourd'hui analyste au réseau TSN, c'est un mal nécessaire. «C'était la décision à prendre, mais on savait que le repêchage serait plus faible l'année où le changement entrerait en vigueur», dit-il.

Forde estime que c'est surtout dans les premières rondes que la cuvée de 2014 sera moins forte que celles des dernières années.

«Il y a moins de profondeur dans l'ensemble, mais encore plus chez les espoirs de premier plan. Les joueurs qui se feraient normalement repêcher en troisième ou en quatrième ronde partiront plutôt en deuxième ronde, car les espoirs qui retournaient dans la NCAA pour une dernière saison étaient généralement ceux qui étaient repêchés en fin de première ronde ou en deuxième.»

Popp croit que le repêchage de cette année compte une dizaine d'espoirs de qualité de moins qu'au cours des dernières années. Il est tout de même convaincu qu'il réussira à trouver de jeunes joueurs qui amélioreront sa formation (les Alouettes ont huit choix, dont le quatrième du repêchage).

«C'est un bon repêchage, mais la grande majorité des joueurs feront leur marque sur les unités spéciales. L'autre particularité, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'espoir qui fait l'unanimité au sommet du repêchage. Plusieurs joueurs pourraient être le premier sélectionné.»

Le cas Duvernay-Tardif

S'il avait commencé sa carrière professionnelle dans la LCF, il n'y a pas le moindre doute que Laurent Duvernay-Tardif aurait été le choix du Rouge et Noir d'Ottawa, qui possède la première sélection, ce soir. Mais puisqu'il a été repêché par les Chiefs de Kansas City, samedi dernier, l'ancien des Redmen de McGill ne sera fort probablement pas choisi au premier tour.

«Il sera dans la NFL pour un minimum de deux à quatre saisons, et personnellement, je pense qu'il le sera pour plus longtemps que ça. Et si sa carrière dans la NFL est courte, il choisira peut-être de se consacrer entièrement à sa carrière en médecine», a rappelé Popp.

Si les informations qui circulent sont justes, Duvernay-Tardif devrait être repêché en troisième ronde. Forde ne serait toutefois pas surpris qu'une équipe prenne le risque dès la deuxième ronde.

«À un certain moment, une équipe évaluera peut-être que les chances que Duvernay-Tardif joue un jour dans la LCF sont supérieures à celles que les espoirs disponibles puissent devenir des joueurs partants dans la ligue.»

Foucault: moins de risque

Duvernay-Tardif est classé au premier rang des espoirs canadiens par le bureau de recrutement de la LCF. C'est un autre joueur de ligne offensive québécois qui occupe le deuxième rang, David Foucault, des Carabins de l'Université de Montréal. Foucault a par contre obtenu un essai avec les Panthers de la Caroline.

«Il est beaucoup moins risqué de repêcher un joueur qui participe à un minicamp avec une équipe de la NFL, mais qui n'a pas de contrat en poche, comme c'est le cas avec Foucault. Mais une équipe ne repêchera pas un joueur dans cette situation si elle a besoin d'aide dans l'immédiat», a expliqué Popp.

Le DG a-t-il une formule établie pour savoir à quel moment il devient raisonnable de repêcher un espoir qui risque de faire carrière dans la NFL?

«Tous les cas sont différents. Ça dépend du joueur, des besoins de notre équipe et du nombre de choix qu'on possède. Ce sont normalement les équipes qui ont beaucoup de choix qui repêchent ces joueurs. Elles acceptent d'investir un choix obtenu dans une transaction antérieure afin de pouvoir potentiellement réussir un coup fumant.»