Dire que Laurent Duvernay-Tardif a été occupé au cours des deux derniers mois serait un euphémisme. C'est tout un défi qu'a relevé le joueur de ligne offensive en conciliant ses études en médecine et sa préparation en vue du repêchage de la NFL, qui s'amorce ce soir, à New York.

Après s'être préparé pour son entraînement individuel devant des dépisteurs de la NFL et de la LCF, qui a eu lieu le 27 mars à Lachine, l'étudiant de McGill a notamment fait un stage intensif de quatre semaines en pédiatrie. Il s'est aussi rendu dans pas moins de neuf villes américaines afin de rencontrer des équipes de la NFL...

«J'ai beaucoup apprécié les dernières semaines, même si ç'a effectivement été très intense. Je commençais mes journées de travail à l'hôpital à 7h30 et je ne finissais presque jamais avant 18h. C'était donc assez difficile de m'entraîner, car j'étais épuisé à la fin de mes journées. Et c'est sans parler des neuf visites d'équipe», a raconté Duvernay-Tardif, qui a particulièrement aimé ses séjours à San Francisco, à Seattle et à Green Bay.

«Je ne dirais pas que j'ai plus de chances d'être repêché par les 49ers, les Seahawks ou les Packers, mais j'ai l'impression que ça a plus cliqué avec ces équipes», dit-il.

Le Québécois a gardé un bon souvenir de toutes ces visites, même s'il avoue qu'il s'est senti un peu moins à l'aise avec certaines équipes, qu'il se garde de nommer.

«J'ai eu des coups de coeur pour certaines villes, ou encore pour des équipes ou des groupes d'entraîneurs. Je ne sais pas si c'est parce que c'était ma première visite, mais j'ai été très impressionné par les installations des Packers. C'était à couper le souffle. Les Packers sont très bien organisés.»

La façon de procéder des neuf organisations que Duvernay-Tardif a rencontrées était très similaire. «Généralement, j'arrivais dans la ville en fin d'après-midi. Je visitais les installations de l'équipe, puis j'allais souper avec les entraîneurs. Le lendemain matin, je passais des examens médicaux, et ça se terminait avec une séance vidéo en compagnie de l'entraîneur de la ligne offensive.»

Entre la troisième et la cinquième ronde?

En plus des neuf équipes qui l'ont accueilli dans leur quartier général, une dizaine d'autres ont témoigné leur intérêt à distance. L'entrevue pour cet article a d'ailleurs été reportée d'une journée parce que les Broncos de Denver, les Jets de New York et les Panthers de la Caroline ont tous joint Duvernay-Tardif, lundi soir. Il faut savoir que chaque équipe de la NFL ne peut inviter qu'un maximum de 30 espoirs à la rencontrer.

«Ces équipes voulaient me dire qu'elles auraient aimé me voir en personne et qu'elles s'intéressent tout de même à moi. Que j'étais quand même sur leur radar.»

C'est donc dire qu'une vingtaine d'équipes du circuit Goodell sont intriguées par le joueur de 23 ans. Il serait ainsi très étonnant qu'il ne soit pas repêché dans l'une des sept rondes du repêchage, qui se déroulera ce soir (première ronde), demain soir (deuxième et troisième rondes) et samedi après-midi (les quatre dernières rondes). La question est toutefois de savoir dans quelle ronde Duvernay-Tardif sera sélectionné.

«C'est évidemment difficile à dire, mais si j'avais à faire une prédiction, je dirais en cinquième», s'est risqué l'ancien des Redmen de McGill.

C'est un pronostic réaliste, mais peut-être un peu pessimiste... Selon Jim Popp, directeur général des Alouettes, Duvernay-Tardif aurait été un choix de deuxième ronde s'il avait joué son football universitaire avec une équipe de premier plan dans la NCAA.

Et compte tenu des habiletés, de l'intelligence et du gabarit de Duvernay-Tardif, les chances sont très bonnes qu'il réalisera éventuellement son potentiel. En ce sens, il pourrait être repêché dès la troisième ronde.

«Je ne suis pas un fan de télévision, à moins que ce soit pour regarder le football ou le hockey. Alors mes amis me taquinent en me disant que je devrai peut-être rester devant la télé deux jours de suite (demain et samedi)», raconte celui qui aimerait un jour faire carrière en médecine sportive.

Avec la famille et les amis

C'est chez son ami et agent dans la LCF, Sasha Ghavami, que Duvernay-Tardif regardera le repêchage ce week-end. «Je vais vivre ça avec Sasha, mes parents, mes soeurs et quelques bons amis.»

Duvernay-Tardif vivra une expérience similaire dès mardi prochain, lorsque se déroulera cette fois le repêchage de la LCF. En raison de la forte possibilité que le bloqueur fasse carrière dans la NFL, il serait cependant surprenant qu'une équipe de la Ligue canadienne investisse un haut choix au repêchage pour sélectionner Duvernay-Tardif, même s'il est considéré comme le meilleur espoir.

«C'est sûr que j'y pense (au repêchage de la LCF), mais je me concentre sur une chose à la fois. J'étais tellement débordé la semaine dernière avec mon stage et mes études que je n'ai même pas pensé au repêchage de la NFL.»

Duvernay-Tardif s'apprête enfin à récolter les fruits de son travail. Est-il fébrile à quelques jours de savoir où il commencera sa carrière professionnelle?

«Je suis très excité, mais je pense que je ne le réalise pas encore pleinement. C'est lorsque les autres personnes m'en parlent ou quand je vois des trucs à mon sujet sur le web que je le réalise un peu plus. Je vais probablement être l'un des premiers Québécois repêchés par une équipe de la NFL, mais tant que je n'aurai pas obtenu ma place dans l'équipe, je n'aurai rien accompli», rappelle-t-il.

En effet, le vrai travail de footballeur professionnel de Duvernay-Tardif commencera après qu'il aura été repêché. L'écart entre le football universitaire canadien et la NFL est gigantesque... Mais puisqu'il n'aura plus à consacrer de temps et d'énergie à ses études en médecine jusqu'en février prochain, il se sentira peut-être en vacances.