Dans la NCAA, certains joueurs de football sont portés aux nues et traités comme des «rock stars» par les partisans, dont un fort pourcentage est constitué de jeunes étudiants. On n'a qu'à penser à Tim Tebow, par exemple.

Le plus récent joueur à avoir vécu pareille situation est Johnny Manziel, alias «Johnny Football», qui a été épié et adulé plus que n'importe quel autre joueur universitaire au cours des deux dernières saisons. Quart-arrière partant de l'Université Texas A&M en 2012 et 2013, Manziel est également l'espoir dont on a le plus débattu les mérites dans les mois qui ont mené au repêchage de la NFL.

Les admirateurs de Manziel sont nombreux. L'ancien entraîneur Jon Gruden a dit que son style de jeu lui rappelait celui de Steve Young. Bill O'Brien, le nouveau pilote de l'équipe qui détient le premier choix du repêchage, les Texans de Houston, s'est dit très impressionné par Manziel lors du «pro day» de ce dernier, le 27 mars dernier.

Mais les détracteurs de Manziel sont presque aussi nombreux. L'analyste Ron Jaworski, qui se fait une fierté de décortiquer le jeu des quarts-arrière, a soutenu qu'il ne repêcherait pas Manziel avant la quatrième ronde, notamment.

Mike Zimmer, l'entraîneur-chef des Vikings du Minnesota, n'est pas passé par quatre chemins lors d'une entrevue à l'émission The Horn de la station radiophonique 104,9 à Austin, au Texas. «On lui a posé toutes sortes de questions en entrevue et il y a des signaux d'alarme qui sont ressortis», a candidement dit Zimmer.

L'ancien entraîneur des Cowboys de Dallas et des Sooners d'Oklahoma, Barry Switzer, s'est montré encore plus cinglant dans ses propos. «Je n'aime pas ses singeries. Je pense qu'il est un connard arrogant», a lancé Switzer en entrevue à une station de radio du réseau CBS en février.

Les républicains bien représentés

Manziel n'a rien fait pour changer l'avis de ceux qui lui ont reproché d'aimer un peu trop les réflecteurs lors de son «pro day», en mars. Il s'est entraîné avec un casque et des épaulettes - même s'il n'était opposé à aucun joueur défensif - et les haut-parleurs crachaient la musique de Drake.

La présence de certains spectateurs a également retenu l'attention. George Bush, sa femme Barbara, et le gouverneur du Texas, Rick Perry, étaient présents et ont sûrement apprécié le bermuda aux couleurs militaires que portait Manziel.

Jaworski et l'analyste du NFL Network Mike Mayock, eux, ont apprécié ce qu'ils ont vu du quart-arrière ce jour-là. Jaworski a dit qu'il repêcherait Manziel en troisième ronde plutôt qu'en quatrième après avoir vu son entraînement individuel. Mayock a quant à lui placé le nom de Manziel au sommet de sa liste d'espoirs au poste de quarts, un honneur qui était revenu à Teddy Bridgewater jusque-là.

Parce qu'il improvisait souvent dans la NCAA, certains observateurs estiment que Manziel sera incapable de connaître du succès dans la NFL, où les quarts doivent généralement suivre un plan de match bien défini. Les évaluateurs de talent redoutent également les blessures. Manziel court souvent avec le ballon et n'est pas le plus imposant (5'11¾ et 210 lb).

À sa décharge, Manziel n'est âgé que de 21 ans, il n'est donc pas trop tard pour corriger certaines de ses mauvaises habitudes sur le terrain. Et, à défaut d'être grand, Manziel a de grandes mains, comme un certain Russell Wilson.

Il y a des doutes et des inquiétudes au sujet de Manziel, mais on sait déjà une chose: il est presque toujours à son mieux dans les moments les plus importants. S'il a gagné le trophée Heisman il y a deux ans, c'est en grande partie grâce à sa brillante performance contre le puissant Crimson Tide d'Alabama, surpris par les Aggies.

Manziel venait tout juste d'avoir 20 ans lorsqu'il a reçu le prestigieux Heisman, remis au meilleur joueur de la NCAA. C'était la première fois de l'histoire qu'un joueur de première année (freshman) réussissait l'exploit.

Arrestation et suspension

Plus que sa propension à « ad-liber » et sa taille, c'est l'attitude de Manziel qui fera probablement hésiter certaines équipes à le repêcher.

Parmi les taches à son dossier, Manziel a été arrêté en 2012 pour s'être battu; il a été renvoyé du «Manning Passing Academy» - un camp d'entraînement pour les jeunes quarts-arrière organisé par la plus célèbre famille du football américain - parce qu'il s'est levé en retard, lui qui était l'un des entraîneurs bénévoles ; et il a été suspendu pour la première demie du premier match des Aggies la saison dernière parce qu'il aurait été rémunéré pour signer des autographes, ce qui est interdit par la NCAA.

C'est un peu à cause de tout ça que les parents de Manziel ont avoué que l'attitude de leur fils les inquiétait dans un article d'ESPN Magazine, l'année dernière.

Des similitudes avec Tebow

En dépit de l'aura de mauvais garçon que traîne Manziel, une équipe misera sur lui en espérant gagner le gros lot. Mais laquelle?

Manziel est né au Texas, a disputé son football universitaire à Austin, et n'a pas caché qu'il aimerait commencer sa carrière professionnelle dans l'État de J.R. Ewing. Il a même mis les Texans en garde du risque qu'ils prendraient en ne le repêchant pas avec la toute première sélection de l'encan.

Les Texans sont l'une de plusieurs équipes qui aimeraient assurément obtenir leur quart d'avenir dans quelques jours. C'est aussi le cas des Jaguars de Jacksonville, des Browns de Cleveland, des Raiders d'Oakland, des Vikings du Minnesota, des Buccaneers de Tampa Bay et des Cardinals de l'Arizona. Du groupe, seuls les Cards ne possèdent pas un choix parmi les huit premiers du repêchage.

Manziel est probablement l'espoir qui a le plus fait parler de lui depuis Tebow. Et même si leurs personnalités sont diamétralement à l'opposé l'une de l'autre, les deux quarts-arrière ont deux choses en commun: ils ont été des super-étoiles dans la NCAA et ils comptent autant de partisans que de détracteurs. Espérons toutefois pour Manziel que sa carrière dans la NFL durera un peu plus longtemps que celle de Tebow.