De tous les athlètes professionnels qui font actuellement carrière à Montréal, un seul se ferait reconnaître fréquemment dans les rues des États-Unis. Il ne s'agit pas de P.K. Subban, ni de Marco Di Vaio, mais bien de Troy Smith.

Le quart-arrière recrue des Alouettes a disputé trois saisons avec les Ravens de Baltimore (2007-2009) et une avec les 49ers de San Francisco (2010). C'est toutefois avant d'arriver dans la NFL qu'il est devenu une étoile chez l'Oncle Sam.

Chez nos voisins du sud, il n'y a qu'un sport qui s'approche du football professionnel sur le plan de la popularité, et c'est le football universitaire. Et il y a sept ans, Smith était la plus grande étoile de la NCAA, ce qui lui a valu un prestigieux trophée Heisman.

Smith est connu à peu près partout aux États-Unis, mais encore plus à Columbus, sa ville natale et le domicile des Buckeyes de l'Université Ohio State. Il n'est donc pas étonnant que le joueur de 29 ans apprécie son anonymat dans les rues de Montréal.

«J'adore cette ville. Même si j'aime beaucoup l'Ohio, il y a certaines choses ici que je ne peux pas retrouver à la maison. Par exemple, les gens d'ici me traitent comme une personne et non pas comme un joueur ou une vedette», m'a raconté Smith après l'entraînement des Alouettes, vendredi.

Cela dit, c'est à Columbus que Smith a vécu ses plus beaux moments sportifs. Devenu le quart partant des Buckeyes au milieu de la saison 2004, il leur aura permis de participer au championnat de la NCAA deux ans plus tard.

«Lorsqu'on grandit dans le Midwest américain, c'est pour cette équipe qu'on veut jouer. Alors quand les Buckeyes m'ont offert une bourse d'études et une place dans leur équipe, c'est un rêve qui s'est concrétisé.»

Quelques semaines après que Smith eut atteint le zénith du football universitaire en remportant le Heisman, lui et les Buckeyes ont été écrasés, 41-14, par les Gators de l'Université de la Floride lors du championnat national. Smith n'a complété que 4 de ses 14 tentatives de passe pour 35 verges. Il a également commis deux revirements et encaissé cinq sacs.

Lorsque j'ai évoqué ce match, il est vite devenu clair que Smith préférait ne pas trop en parler. Il a contourné la question en parlant plutôt de l'importance démesurée qu'il accordait au football à cette époque.

«Le sport et tout ce qui s'y rattache ont évidemment été très importants dans ma vie, mais à une certaine période, cela a entravé ma progression en tant qu'individu. La naissance de mes deux enfants a donc été un cadeau du ciel à plus d'un égard. J'ai dû ralentir le rythme et remettre de l'ordre dans mes priorités.»

Des parents adoptifs

Selon plusieurs observateurs, c'est en raison de sa contre-performance contre les Gators que Smith n'a été repêché qu'en cinquième ronde lors du repêchage de la NFL, en 2007. Il n'en aurait pas fallu plus pour que certains joueurs perdent toute leur confiance, mais Smith possédait trop d'expérience de vie pour se laisser abattre.

Lorsqu'il était âgé de 7 ans, Smith a été séparé de sa mère, qui vivait alors des problèmes personnels, et a habité avec des parents adoptifs, Irvin et Diane White, pendant sept années.

«C'est grâce à eux que j'ai commencé à jouer au football. Ils m'ont ouvert leur porte à une époque où ma mère traversait une période difficile. Je ne changerais rien à cette période de ma vie, car elle m'a endurci, et elle m'a fait voir que la vie n'est pas toujours rose. Les malheurs peuvent nous frapper n'importe quand et à n'importe quel âge.»

Smith estime que ces sept années ont finalement été bénéfiques pour sa famille. «Cette expérience n'a fait que renforcer les liens qui nous unissent, ma mère, ma soeur et moi. Des liens qui sont indestructibles aujourd'hui.»

L'influence positive de McNair

Au cours de notre entretien, Smith a nommé plusieurs personnes qui l'ont aidé: sa mère; ses parents adoptifs; Jim Tressel, son ancien entraîneur-chef chez les Buckeyes; son meilleur ami, Ted Ginn, qui joue pour les Panthers de la Caroline. Il a également été question de Steve McNair, qui était le quart partant des Ravens en 2007.

«Ma relation avec Steve était extraordinaire. S'il n'avait pas été à Baltimore lorsque je suis arrivé chez les Ravens, j'aurais été irrécupérable. Il m'a enseigné ce qu'était le football professionnel, et il m'a aidé à devenir un homme loin du confort de l'Ohio», a dit Smith au sujet de celui qui est décédé en 2009.

«Lorsqu'on arrive dans la NFL, on est jeune, on a de l'argent plein les poches, et on a beaucoup de temps libre... Steve a été la lumière qui m'a guidé. Si je ne l'avais pas eu à mes côtés, je ne sais pas ce qu'il serait advenu de moi. Que Dieu bénisse son âme.»

Plusieurs Coupes Grey

Déjà titulaire d'un baccalauréat en communications, Smith terminera son MBA à Ohio State au cours des prochaines années. Si tout se déroule comme il le prévoit, il travaillera pour l'université lorsque sa carrière de joueur sera terminée.

Mais avant de penser à sa deuxième carrière, Smith consacre toutes ses énergies au football après une période d'inactivité d'approximativement un an. Le quart de 29 ans a-t-il fait une croix sur la NFL?

«Je n'y pense pas du tout. Si j'y pensais, ce serait injuste pour les Alouettes et les Québécois. Je me concentre actuellement sur une seule chose, et c'est aider les Alouettes de Montréal à gagner des Coupes Grey.»

Notez le pluriel. Depuis le temps qu'on en parle, les Alouettes semblent enfin avoir trouvé le successeur d'Anthony Calvillo. Un jeune homme qui possède un beau mélange de modestie et d'assurance. Un joueur qui possède de belles qualités d'athlète, de l'esprit, du leadership, et une riche expérience de vie. Reste à voir si les victoires suivront. Le premier chapitre, cet après-midi à Guelph.

Dans le caucus

Calvillo sera à Guelph

Même si sa saison est officiellement terminée, Anthony Calvillo a accompagné les Alouettes pour leur match de cet après-midi, à Guelph. Comme ce fut le cas les jours précédents, le quart-arrière était présent à l'entraînement de l'équipe au stade Hébert, vendredi. Calvillo n'a toujours pas décidé s'il poursuivrait sa carrière en 2014, lui qui a subi une commotion cérébrale en août dernier.

Hébert, un cas incertain

On sait déjà que Byron Parker et Éric Deslauriers n'affronteront pas les Tiger-Cats de Hamilton en demi-finale de l'Est, mais la présence de Kyries Hébert, elle, reste incertaine. Blessé à un genou, le secondeur était absent, vendredi. «Nous prendrons une décision dans les heures qui précéderont le match», a indiqué l'entraîneur-chef Jim Popp. Si Hébert est incapable de jouer, il sera remplacé par Marc-Olivier Brouillette.

La bonne recette pour contrer Burris?

En trois matchs contre les Alouettes, Henry Burris n'a pas lancé une seule passe de touché et a été victime de trois interceptions cette saison. Il a complété 42 de ses 73 passes pour de modestes gains de 445 verges (moyenne de 148 verges par match). Les Oiseaux ont-ils trouvé la bonne recette pour contrer le vétéran? «Ce n'est pas parce qu'on l'a tenu en échec trois fois qu'on le fera une quatrième», a rappelé Popp, qui se méfie de Burris, qui a livré plusieurs bonnes performances contre les Als au cours des dernières années. Il les a même battus au Stade olympique pour remporter la Coupe Grey 2008, lorsqu'il jouait pour les Stampeders de Calgary.

La polyvalence de C.J. Gable

S'il y a un joueur qui risque de donner des ennuis à la défense des Alouettes, cet après-midi, c'est C.J. Gable.

Nommé recrue par excellence de la division Est plus tôt cette semaine, Gable est tout aussi dangereux par la voie des airs qu'il l'est au sol. En 15 matchs, le demi offensif a porté le ballon à 130 reprises pour des gains de 782 verges, et a saisi 54 passes pour 598 verges. Très productif près de la zone des buts, il a également marqué 12 touchés.

Le quart Henry Burris n'a lancé aucune passe de touché en trois matchs contre les Als cette saison. Personne ne serait donc étonné si Gable était au coeur du plan de match offensif des Tiger-Cats.