Depuis que les Patriots de la Nouvelle-Angleterre ont gagné deux fois de suite le Super Bowl en 2003 et en 2004, les lendemains de veille sont difficiles pour les champions en titre. Et c'est une tendance qui se poursuit cette année.

Les Ravens de Baltimore ont perdu quatre de leurs sept premiers matchs et accusent déjà un retard important sur les Bengals de Cincinnati (6-3), qui trônent au sommet de la division Nord de la conférence Américaine.

L'équipe de John Harbaugh a cependant du mérite. Elle aurait pu se contenter de voguer sur son succès de l'année dernière. Elle aurait pu se prévaloir du «mulligan» qui accompagne une conquête. Mais, au contraire, les Ravens se montrent proactifs et cherchent des solutions.

Afin de stabiliser une ligne offensive qui se ressent du départ à la retraite de son ancien meneur, Matt Birk, le DG Ozzie Newsome a obtenu le bloqueur Eugene Monroe, des Jaguars de Jacksonville. Huitième espoir sélectionné en 2009, Monroe a remplacé le vétéran Bryant McKinnie, qui s'est fait montrer la porte.

Monroe devrait améliorer un quintette qui en arrache particulièrement sur les jeux de course. Malgré la présence de l'excellent garde Marshal Yanda, les Ravens sont 28es au chapitre des verges au sol. Les demis Ray Rice et Bernard Pierce n'obtiennent que 2,8 verges par course chacun, ce qui est difficile à croire compte tenu du talent des deux joueurs.

Une autre statistique qui fait mal paraître la ligne offensive est le total de 20 sacs qu'a encaissés Joe Flacco depuis le début de la saison. C'est toutefois partiellement attribuable à l'inefficacité des receveurs des Ravens, un groupe que Newsome a été incapable d'améliorer au cours des dernières semaines.

Plusieurs personnes se servent de la première moitié de saison inégale de Flacco pour critiquer les Ravens de lui avoir accordé un contrat de 120 millions, dont une somme de 52 millions est garantie, l'hiver dernier. Il y a un an, il aurait été impensable que Flacco puisse devenir le joueur le mieux rémunéré de la NFL.

Mais lorsqu'un quart-arrière termine sa saison sous les confettis au Super Bowl, il possède des munitions pour négocier. Surtout lorsqu'il a lancé 11 passes de touché et aucune interception dans le tournoi éliminatoire.

Flacco est ordinaire cette saison, mais soyons honnêtes. Quel quart-arrière serait productif avec les receveurs actuels des Ravens? À part Torrey Smith, c'est une unité qui est très, très ordinaire. Si Dallas Clark occupe le deuxième rang de notre équipe pour les attrapés, on est probablement dans le pétrin. Clark peut dépanner, mais n'est plus l'ombre du joueur qu'il était à Indianapolis il y a six ou sept ans.

S'il avait su que Dennis Pitta et Jacoby Jones tomberaient au combat, Newsome n'aurait certainement pas échangé Anquan Boldin aux 49ers de San Francisco. Et les Ravens risquent de s'ennuyer encore plus de Boldin au cours des deux prochains mois.

Une défense en transition

Les Ravens ne sont toutefois pas devenus l'une des meilleures organisations de la NFL à coups de passes de 50 verges. C'est sans le ballon qu'ils ont construit leur réputation.

On craignait que le départ de Ray Lewis, d'Ed Reed et de plusieurs autres joueurs importants affaiblisse substantiellement la défense des Ravens, mais celle-ci s'en tire plutôt bien.

Mais manifestement pas assez au goût de Newsome et de Harbaugh. Embauchés pendant la saison morte, le demi de sûreté Mike Huff et l'ailier défensif Marcus Spears ont tous deux été remerciés cette semaine.

Grâce à Terrell Suggs et à Elvis Dumervil, les Ravens peuvent presser le quart-arrière aussi bien que n'importe quelle équipe, à l'exception des Chiefs de Kansas City. Leur tertiaire est jeune et talentueuse, et Haloti Ngata fait encore partie de la ligne défensive.

Si les jeunes Matt Elam, Arthur Jones et Brandon Williams - les trois premiers choix du club le printemps dernier - progressent bien, la transition de la défense devrait se poursuivre sans heurts. Cela dit, la défense actuelle ne sera jamais en mesure d'égaler l'unité dominante des 15 dernières années, qui entrera dans la légende au même titre que celle des Steelers des années 70 et des Bears de 1985.

Les séries avant les séries

Alors, les Ravens peuvent-ils rebondir après leur décevante première moitié de saison? Si l'on se fie à la façon dont les choses se sont déroulées pour les sept équipes précédentes à avoir gagné le Super Bowl, la réponse est non. Aucune d'elles n'a réussi à gagner un match éliminatoire lors de la saison qui a suivi son championnat.

Afin de pouvoir revenir dans le coup, les Ravens devront gagner, aujourd'hui à Cleveland, et dimanche prochain à l'occasion de la visite des Bengals de Cincinnati au Maryland. Des Bengals qui se retrouvent soudainement sans leur pilier et meilleur joueur défensif, Geno Atkins, qui s'est déchiré des ligaments à un genou, jeudi soir à Miami, et qui ne jouera plus cette saison.

Au fait, comme pour plusieurs autres équipes qui ont connu un lent départ, les séries commencent dès aujourd'hui pour les Corbeaux. C'est ça, la NFL.