On peut retenir bien des choses de la récente contre-performance de l'attaque des Alouettes. Le dossier le plus urgent à régler pour l'équipe est toutefois sans contredit les problèmes en protection de passe.

Victime de sept sacs, Anthony Calvillo a passé une bonne partie de la soirée de jeudi dernier étendu au sol. En deux matchs contre les Blue Bombers de Winnipeg, le vétéran quart a subi 11 sacs, ce qui est évidemment nettement trop afin qu'une attaque puisse connaître du succès - surtout au football à trois essais.

Un sac peut mener à deux choses au football canadien: à un deuxième et long essai s'il survient au premier jeu, et à un botté de dégagement s'il survient au deuxième. On n'a donc pas à chercher très longtemps afin de comprendre pourquoi les Alouettes ont passé leur dernier match à dégager.

Il serait facile de critiquer la ligne offensive pour cette avalanche de sacs. Sauf que ce sont les cinq mêmes joueurs qui forment le quintette devant Calvillo qu'au cours des trois dernières saisons. Les cinq mêmes qui ont accordé un total de 98 sacs en trois saisons, de 2010 à 2012. Au rythme où les choses vont, c'est un total de 99 sacs qu'accorderont les Als en 2013!

«Lorsqu'une équipe accorde autant de sacs, la ligne offensive sera toujours blâmée, et on l'accepte. Cela dit, c'est une combinaison de facteurs qui ont mené à ce résultat», croit Scott Flory, meneur de la ligne offensive.

Le système de jeu

Plusieurs facteurs doivent en effet être considérés, mais règle générale, le système de jeu est le premier élément que l'on doit analyser lorsqu'il est question de sacs. On n'a qu'à regarder ce qui s'est déroulé de 2007 à 2008 chez ces mêmes Alouettes pour s'en convaincre.

En 2007, les Oiseaux ont établi une triste marque d'équipe en accordant 68 sacs. Jim Popp était l'entraîneur-chef et Marcel Bellefeuille était le coordonnateur offensif. Or, avec essentiellement le même groupe de joueurs de ligne, les Als n'en ont permis que 22 en 2008 - la première saison de Marc Trestman.

Comment expliquer le fait que l'équipe ait accordé trois fois moins de sacs en 2008 qu'en 2007? Fort simple. Le système de Trestman était construit autour d'un jeu de courtes passes, et s'il était pressé par l'adversaire, Calvillo pouvait toujours remettre le ballon à un «dépanneur», pour emprunter l'expression de Pierre Vercheval. Depuis le début de la saison, l'attaque du coordonnateur Mike Miller force Calvillo à conserver le ballon trop longtemps, puisque la grande majorité des tracés des receveurs sont d'au moins 10 verges.

«C'est notre travail de protéger le quart-arrière, mais est-ce réaliste pour nous de toujours lui donner six secondes de protection? Non», a d'ailleurs tranché le centre Luc Brodeur-Jourdain, hier.

Communication déficiente

La plupart des joueurs de l'attaque des Alouettes avouent que la communication entre eux et les entraîneurs du club a fait défaut depuis le début de la saison.

«Je ne crois pas qu'on communiquait suffisamment avec nos entraîneurs. On ne leur posait pas assez de questions et on ne s'assurait pas de bien comprendre les jeux», a reconnu Calvillo.

«Certains concepts de l'attaque ont changé, et on tente encore de saisir ce qui est exigé de nous. On doit tous mieux communiquer les uns avec les autres. On doit comprendre le rôle de chacun des joueurs plutôt que de deviner ce qu'il est», a dit Flory.

Selon Calvillo, les problèmes en attaque des Alouettes sont davantage attribuables à un manque de communication qu'au nouveau système de jeu.

«Nos receveurs étaient découverts, jeudi soir, mais j'ai mal lu le jeu, ou bien on a commis des erreurs en protection. Ce n'était pas un problème stratégique», a-t-il soutenu.

Soigner son attitude

Même s'il a toujours évité de montrer des joueurs ou des entraîneurs du doigt après des défaites, Calvillo n'a jamais caché ses états d'âme. Le quart-arrière s'est dit dégoûté de la performance de l'attaque après la défaite contre les Bombers - une remarque qui n'a manifestement pas plu à ses entraîneurs.

«Mike [Miller] m'a dit que je devais éviter d'avoir ce genre d'attitude à l'avenir, et il a raison. Ça peut avoir un effet d'entraînement sur le reste de l'équipe lorsque mes coéquipiers voient que je suis frustré comme ça.»

Miller et Calvillo ont également convenu de communiquer davantage pendant les matchs. Entre les séries de l'attaque, Calvillo reste toujours assis au bout du banc des joueurs, silencieux.

«Mike sait que je ne parle pas beaucoup sur les lignes de côté, mais je suis prêt à m'ajuster. Il est habitué de parler à son quart-arrière après chaque série de jeux, ce qui n'est pas mon cas. On a eu une bonne discussion à ce sujet, et je lui ai dit que c'est ce que je ferais à l'avenir si c'est pour aider l'équipe.»