Depuis qu'ils sont revenus à Montréal, en 1996, les Alouettes n'ont jamais eu un choix plus élevé que le cinquième dans la première ronde du repêchage canadien. Difficile à croire lorsqu'on sait que la Ligue canadienne de football n'a jamais eu plus de neuf équipes au cours de cette période.

Grâce à la transaction qui a envoyé le botteur Brody McKnight aux Eskimos d'Edmonton, en septembre dernier, les Als possèdent le troisième choix du repêchage d'aujourd'hui (midi), en plus du leur, le cinquième de l'encan. Jim Popp se retrouve donc dans une situation inhabituelle.

«C'est très excitant pour deux raisons. On aura l'occasion d'obtenir de meilleurs joueurs, bien sûr, mais on pourra également dicter l'allure du repêchage. Il a fallu attendre jusqu'au 11e rang avant de prendre notre premier joueur [Patrick Lavoie], l'année dernière. On était donc contraints de laisser le repêchage se dérouler en restant sur les lignes de côté. La situation sera très différente cette année», promet Popp.

Puisque 12 des 15 meilleurs espoirs disponibles selon le Bureau de recrutement de la LCF sont des joueurs de ligne, le repêchage canadien pourrait drôlement ressembler à celui de la NFL. Mais le DG des Alouettes n'est pas prêt à dire que ce sera immanquablement le cas.

«Je crois que ce repêchage sera l'un des plus intéressants depuis que je travaille dans la LCF. Plusieurs des meilleurs espoirs ont déjà signé un contrat avec une équipe de la NFL ou poursuivront leur carrière universitaire. Personne ne peut prédire quelle tournure prendra le repêchage.»

S'il y a une similitude entre le récent repêchage de la NFL et celui de la LCF, elle concerne le nombre d'espoirs de qualité. «C'est un repêchage qui se distingue par sa profondeur. Il y aura encore de très bons espoirs qui seront disponibles en troisième ou même en quatrième ronde», estime Popp.

Une liste de 1000 noms

Un total de 60 joueurs sera repêché aujourd'hui, et 16 autres obtiendront une invitation afin de participer au camp d'entraînement (deux par équipe). Ce n'est toutefois qu'une fraction du total des joueurs qui auront été évalués par les Alouettes et leur groupe de dépisteurs, qui ont passé la dernière semaine en Floride afin de terminer leur classement d'espoirs.

«Au départ, notre liste d'espoirs comptait approximativement 1000 noms. Il y a quelques jours, elle n'en comptait plus que 150, et avant la fin de la présente semaine, elle n'en contiendra qu'entre 50 et 70. Les derniers jours avant le repêchage serviront à établir l'ordre final de notre classement [draft board]», a expliqué Popp.

Le dernier mot reviendra évidemment au directeur général, mais Popp insiste pour dire qu'il souhaite toujours obtenir l'avis de chacun de ses dépisteurs et adjoints à propos de chaque espoir évalué.

«Tous nos dépisteurs ont leur mot à dire et font leur propre évaluation d'un espoir. Il peut y avoir neuf personnes qui seront d'un avis au sujet d'un joueur, et une autre qui sera en total désaccord. Et cette personne pourrait avoir raison au final. C'est pour cette raison que j'encourage toujours tous nos dépisteurs à dire exactement ce qu'ils pensent d'un joueur.»

Et Popp est fier du travail accompli par son groupe de dépisteurs.

«On n'est certainement pas à l'abri d'erreurs d'évaluation, et on en a commis plusieurs par le passé. Mais au cours des 10 dernières années, aucune équipe n'a repêché autant d'espoirs qui ont joué dans la ligue que nous. Et le succès sur le terrain passe immanquablement par le repêchage canadien dans cette ligue.»

Un receveur en première ronde?

S'il y a une faiblesse parmi les joueurs canadiens chez les Alouettes, elle se situe peut-être au poste de receveur. Si Éric Deslauriers se blessait, pas sûr que les Oiseaux pourraient le remplacer adéquatement. Ce n'est pas un menu détail, puisque Deslauriers est l'un des sept partants canadiens obligatoires du club.

«Je sais que vous êtes tannés de l'entendre, mais on repêche toujours ce que l'on considère être le meilleur joueur disponible dans les premières rondes. À compter de la quatrième ou de la cinquième, on prendra parfois une chance en sélectionnant un joueur qui aura besoin de quelques années de développement, mais pas au début du repêchage», a rappelé Popp.

Un autre facteur pourrait convaincre les Als de ne pas choisir un receveur tôt dans le repêchage: la présence d'Ezra Millington, un ailier espacé de 24 ans qui disputera sa deuxième saison avec l'équipe, et qui n'a jamais été repêché.

«Millington est un très bon athlète et est aussi talentueux que tous nos receveurs américains. Il est par contre très vert, et il faudra voir s'il s'améliorera comme on l'espère au cours des prochains mois.»