Depuis qu'il a été nommé entraîneur-chef des Alouettes, le 19 février, Dan Hawkins a essentiellement fait trois choses: travailler, visiter des maisons, et prendre le transport en commun.

«Je me suis un peu promené dans le Vieux-Montréal et au centre-ville, mais je passe la grande majorité de mon temps dans le donjon et le métro », a raconté Hawkins lorsque La Presse l'a rencontré cette semaine. Le «donjon», c'est le surnom qu'ont affectueusement donné les Alouettes au Stade olympique. Hawkins y a passé le plus clair de son temps depuis deux semaines, mais a tout de même pris quelques heures afin de se familiariser avec l'une des grandes institutions du Québec. «On a assisté au match du Canadien contre les Rangers, samedi dernier, et ce fut une très belle soirée », a-t-il souligné.

Hawkins a passé peu de temps dans les rues deMontréal, mais c'est précisément ce que lui et son épouse Misti ont fait l'année dernière. «On a été ici pendant une dizaine de jours et on s'est beaucoup amusé. On a fait le tour de la ville, parfois à la marche ou en vélo (BIXI), et d'autres fois en métro ou en autobus.» Un coach de football américain qui se promène en BIXI? Oui, vous avez bien lu. «Ma femme et moi ne sommes pas trop du genre à voyager en touristes. On préfère s'imprégner de la culture du pays que l'on visite en se mêlant aux gens.»

Ce ne sont pas tous les joueurs et entraîneurs américains qui se sentent à l'aise lorsqu'ils arrivent à Montréal. Il y a la langue, bien sûr, mais il y a aussi le fait que Montréal est peut-être la ville la plus libérale du continent américain. On est loin de Tucson ou de Mobile. « C'est très similaire à ce l'on voit dans certaines villes universitaires aux États-Unis. Et lorsqu'on voyage en Europe ou ailleurs, on réalise qu'il y a d'autres façons de penser que la nôtre. C'est l'une des beautés de cette expérience », estime Hawkins.

«Il faut parfois prendre des risques dans la vie. C'est facile de demeurer dans la même ville et de garder le même emploi pendant 40 ans. On est alors à peu près certain de ne vivre aucun échec. Je ne dis pas que c'est mal, mais ce n'est pas mon genre.»

Hawkins a déjà dit qu'il apprendrait le français. Il s'est procuré le programme en français de Rosetta Stone, et intensifiera les efforts à son retour à Boise, en Idaho, où lui et sa femme habitent. «Je vais essayer de consacrer une heure par jour au français et je vais peut-être suivre un cours à l'université », a expliqué Hawkins, qui rentre à Boise, aujourd'hui.

Aucune amertume

Lorsqu'on regarde certaines conférences de presse d'Hawkins à la fin de son séjour avec les Buffaloes de l'Université du Colorado, on constate qu'il est nettement plus détendu aujourd'hui, ce qui est tout à fait normal. Ses cinq saisons au Colorado ont été marquées par les défaites et les controverses. L'une de ces controverses concernait son fils Cody, qui était le quart-arrière régulier des Buffaloes. Certaines personnesont jugé que le fils avait bénéficié d'un traitement de faveur.

«Je n'ai jamais traité Cody d i f féremment des aut res joueurs, et je l'ai même déjà cloué au banc. Je ne regrette rien de cette expérience, sauf une chose. Les médias et les partisans n'ont jamais traité Cody comme un joueur normal. Mais il a traversé cette épreuve en champion, ce qui m'a rendu extrêmement fier.» Hawkins soutient qu'il n'est pas amer de la façon dont les choses se sont déroulées au Colorado et est convaincu que son expérience avec les Buffaloes lui sera profitable avec les Alouettes.

« Lorsqu'on vit une situation semblable, on est ensuite mieux préparé à composer avec les épreuves. On aurait certainement aimé remporter plus de victoires, mais je peux vous dire qu'on n'a rien à se reprocher sur les plans académique et social. On a fait un travail fantastique à ces niveaux.»

Hawkins assure qu'il ne voulait pas revenir sur les lignes de côté afin de prouver qu'il est un bon entraîneur-chef ou pour démontrer que ses insuccès au Colorado étaient une anomalie. «Il y a deux choses en particulier qui m'ont beaucoup manqué au cours des deux dernières années, la compétition et la camaraderie. On ne retrouve pas ces deux éléments ailleurs.»

Une vision précise

Pour la première fois de sa carrière, Hawkins est employé par une équipe professionnelle. Plutôt que de diriger des jeunes universitaires de 20 ans, il sera entouré d'hommes vivant en couple, de pères de famille et de trentenaires.

«On a tous des insécurités, des peurs, des rêves, des espoirs et des objectifs, ça ne change pas avec l'âge. J'ai toujours agi de la même façon que ce soit avec des joueurs de 7 ou de 18 ans. Car la manière dont on se comporte à titre d'entraîneur influencera le cheminement de ces gens. Je les traite donc toujours avec le plus grand respect.»

Il en sera également ainsi pour les adjoints d'Hawkins, qui bénéficieront d'une certaine liberté dans leur travail, même si le pilote prend soin de préciser qu'il n'hésitera pas à imposer son autorité au besoin.

«Selon moi, un entraîneur dominateur qui traite les autres comme ses serviteurs a un sérieux problème. Je ne crois pas que ce soit la bonne façon de fonctionner. Notre groupe d'entraîneurs cumule 150 années d'expérience, ce serait un peu stupide de ne pas en profiter. Cela dit, j'ai une vision très précise de ce que je veux accomplir avec cette équipe.»