Les bottés d'envoi ont forgé la carrière du spécialiste des retours de botté chez les Browns de Cleveland, Josh Cribbs, dans la NFL jusqu'ici. Celui-ci n'est pas d'accord avec l'idée de les éliminer.

«Ils devront donner un autre nom à la ligue s'ils font ça, a lancé Cribbs. Ça va changer le jeu de façon draconienne.»

Le commissaire Roger Goodell a fait savoir cette semaine que le comité des compétitions de la ligue étudiera pendant la saison morte la possibilité d'éliminer les bottés d'envoi. La ligue a déjà changé la façon de faire en déplaçant le ballon de la ligne de 30 verges à celle de 35 verges dans l'espoir de réduire le nombre de collisions violentes et de blessures à la tête.

L'entraîneur des Buccaneers de Tampa Bay Greg Schiano a suggéré qu'au lieu de bottés d'envoi, les équipes se voient donner l'option d'effectuer un botté de dégagement de la ligne de 30 verges ou de tenter d'obtenir un premier jeu en situation de quatrième essai avec 15 verges à franchir.

Quand il était entraîneur à Rutgers, Schiano a vu un de ses joueurs, Eric LeGrand, rester paralysé en 2010 à la suite d'un incident survenu lors d'un botté d'envoi.

Goodell a qualifié l'idée de Schiano d'«intéressante».

Le botteur de précision des Browns, Phil Dawson, lui, trouve cela illogique.

«Je suis en faveur de la sécurité des joueurs, a affirmé Dawson, qui en est à sa 14e saison avec les Browns. Je crois que la NFL a fait du bon travail dans le passé. Mais cette idée-là ne fonctionne pas. Ça ne va pas régler les risques parce qu'il y a autant de violence lors des bottés de dégagement. Combien de fois avez-vous vu un joueur qui retourne un botté de dégagement attendre que le ballon lui arrive dans les mains et se faire aplatir par l'adversaire qui s'en vient vers lui à toute vitesse?

«Ça n'a aucun sens selon moi.»

Cribbs, qui partage le record pour le nombre de touchés marqués à la suite de bottés d'envoi avec Leon Washington, des Seahawks de Seattle, soit huit, ne peut imaginer un match de football sans botté d'envoi.

«C'est comme si on arrachait le poteau des buts du terrain pour l'enlever, a dit Cribbs, qui occupe le sixième rang de l'histoire en matière de verges de retour lors des bottés d'envoi. On jouerait juste à l'attaque et en défensive, comme dans un gymnase. Alors, qu'on joue à l'intérieur et qu'on se mette des drapeaux dans les culottes.»

Selon Dawson, l'élimination envisagée du botté d'envoi priverait également les amateurs d'autres éléments qui rendent le football professionnel aussi spécial.

«Il y a tellement de schémas tactiques, de couvertures homme à homme, de stratégie qu'on investit dans chacun des bottés d'envoi, les gens n'ont pas d'idée, a-t-il noté. Tout ce qu'ils voient, c'est un gars courir et botter le ballon. Mais il y a beaucoup de réflexion qui est investie dans chaque séquence et ce serait dommage de ne plus voir ça.

«Je suis probablement quelqu'un qui profiterait personnellement d'une nouvelle règle en ce sens. Alors je ne dis pas ça parce que je suis fâché, parce que je vais y perdre au change. Je ne crois tout simplement pas que ça fait du sens.»

Aux yeux de Cribbs et Dawson, le botté d'envoi est un élément aussi important dans un match de football professionnel que la passe avant. Cela fait partie intégrante de ce sport.

«Depuis que je suis petit que je rêve de participer au botté d'envoi du match du Super Bowl alors que tout le monde qui a une caméra dans le stade déclenche son flash, a expliqué Dawson. Je me souviens de Desmond Howard quand il a retourné un botté pour un touché pendant le Super Bowl -c'est un jeu qui a transformé le match.»