Même si les porteurs de ballon ont été décimés par les blessures cette saison chez les Alouettes, l'équipe montréalaise s'est rarement retrouvée dans le pétrin. À chaque fois, le demi à l'attaque qui a enfilé l'uniforme a réussi à jouer avec aplomb.

C'est ainsi que Chris Jennings, qui obtiendra le départ dimanche face aux Argonauts de Toronto, en finale de l'Est, a encore mieux fait que ses prédécesseurs Victor Anderson et Brandon Whitaker, les deux autres demis utilisés cette saison par l'entraîneur-chef Marc Trestman. Lors des six derniers matchs du calendrier régulier, Jennings a maintenu une moyenne de 5,7 verges par portée et de 12,5 verges par attrapé, comparé à des moyennes de 4,3 et 10,9 respectivement pour Anderson, ainsi que de 5,1 et 10,5 pour Whitaker.

Ce n'est pas d'hier que les Alouettes sortent un lapin après l'autre de leur chapeau quand vient le temps de dénicher un demi-offensif. Quand il a obtenu le poste de partant, l'an dernier, Whitaker a vite fait oublier le départ d'Avon Cobourne. Celui-ci avait pourtant été un élément important des Oiseaux, aidant ceux-ci à se rendre jusqu'au match de la Coupe Grey lors des trois années précédentes.

Et quand Whitaker s'est blessé cet été, on a craint le pire pour les chances des Alouettes de terminer au sommet du classement de la section Est. Anderson a toutefois assuré la relève avec brio. Puis, nouveau coup dur quand ce dernier a subi une commotion cérébrale. Et pourtant... Il y avait un certain Jennings dans la manche du directeur général Jim Popp.

«Ça commence avec Jim et les membres de son entourage, qui trouvent des joueurs qui ont les capacités nécessaires. Pour ça, il faut de bonnes qualités d'évaluateur, a indiqué Trestman après l'entraînement de vendredi au Stade olympique, où sera disputé le duel de dimanche. Et ensuite, les gars au sein du personnel d'entraîneurs prennent la relève. Ils passent le temps qu'il faut avec un joueur pour qu'il devienne mentalement prêt, pour qu'il ait confiance de pouvoir répondre à l'appel, et qu'il soit en mesure de réfléchir avec clarté malgré le stress d'un match.»

Que Popp conserve un tel taux de succès dans le choix de ses candidats est d'autant plus étonnant que les Alouettes en demandent beaucoup à leurs demis. Ils exigent d'eux une polyvalence qui n'est pas donnée à tout le monde.

«Notre joueur idéal dans le champ arrière, c'est un joueur qui, d'abord et avant tout, effectue de bons blocs, a expliqué Popp. Deuxièmement, il doit pouvoir capter des passes en sortant du champ arrière. Et ensuite, il doit pouvoir amener son premier couvreur à rater son plaqué puis courir avec le ballon. C'est un ensemble de qualités que nous recherchons.»

«Ce sont des qualités générales que nous recherchons et ensuite, il y a une phase de développement pour le joueur», a indiqué Trestman.

À ce moment-là, les entraîneurs cherchent à polir leur demi en devenir en fonction du système établi... tout en adaptant le système aux qualités naturelles de l'athlète.

«J'essaie de trouver des joueurs qui concordent avec le système de Marc et de ses adjoints, a affirmé Popp. Mais parfois, les entraîneurs doivent ajuster leur système afin de mieux exploiter les habiletés d'un nouveau joueur.

«Des gars comme Whitaker, Anderson, Jennings et aussi (la recrue) Noel Devine ont tous des morphologies différentes, et des atouts différents. La qualité prédominante de l'un ne sera pas nécessairement la qualité prédominante de l'autre, a ajouté le directeur général des Oiseaux. Mais l'idéal, ça reste de trouver un joueur qui a une variété d'atouts.»

Jennings a vite fait d'ajouter des cordes à son arc puisque c'est à un très jeune âge qu'il a appris les rudiments du poste de receveur.

«J'ai toujours adoré attraper le ballon, depuis le niveau pee-wee en fait, a raconté Jennings. Quand j'étais jeune, j'adorais dire aux receveurs de mon équipe que j'avais d'aussi bonnes mains qu'eux et ils me mettaient au défi de le montrer. Je participais donc aux exercices avec eux, et à force de faire des attrapés, j'ai appris à bien le faire. Courir avec le ballon me venait naturellement, mais c'est à force de travail que j'ai appris à faire des attrapés.»

«Noel Devine a de la vitesse tandis que Chris Jennings a de la puissance, et les entraîneurs cherchent à bien exploiter ça, a de son côté expliqué la recrue québécoise Patrick Lavoie qui, à titre de centre-arrière, s'entraîne avec le groupe de demis à l'attaque. Mais il faut aussi que le joueur s'ajuste au système, puisque c'est un système qui a fait ses preuves.

«Les entraîneurs sont très bons pour mettre les gars dans des situations où ils sont en mesure de bien évoluer dans notre système», a ajouté Lavoie.