Dans les heures qui ont suivi la sélection de Patrick Lavoie, Jim Popp ne cachait pas sa satisfaction. «C'est le joueur qu'on voulait, il va surprendre bien des gens», m'avait-il confié au terme du repêchage canadien de mai dernier.

Décidément, le DG des Als a vu juste. Lavoie n'a pas seulement remplacé un joueur important, Kerry Carter, il a mieux joué que lui. En plus d'être solide en protection de passe et sur les unités spéciales, l'ancien membre du Rouge et Or a terminé la saison régulière avec 33 attrapés pour 307 verges et 4 touchés. Un rendement qui lui a permis d'être nommé la recrue par excellence du club.

«Je ne m'attendais pas à être utilisé autant, c'est certain. J'ai été très surpris d'apprendre que l'équipe avait retranché un joueur comme Carter. Ça ne m'assurait pas d'un poste de partant, mais les choses se sont bien déroulées pour moi. Je joue toujours mieux lorsque j'ai de la confiance, et les entraîneurs m'en ont donné beaucoup», a raconté Lavoie, hier.

Ce qui est le plus étonnant de la saison que connaît Lavoie, c'est qu'il est utilisé à toutes les sauces. On lui demande de bloquer et d'attraper des passes comme un ailier rapproché; il joue sur les unités spéciales; et son poste officiel est celui de centre-arrière.

«Je n'ai pas le choix de bien m'entendre avec tout le monde! , lance-t-il. Je rigole, mais c'est un peu vrai. Je travaille parfois avec les demis offensifs, d'autres fois avec les receveurs, et je dois être sur la même longueur d'onde que nos bloqueurs sur la ligne offensive. Je passe un peu de temps avec tout le monde, et c'est ce qui est plaisant.»

Polyvalent et intelligent sont les deux qualificatifs que Popp a utilisés lorsqu'il m'a décrit le type de joueur qu'était Lavoie, le printemps dernier. Marc Trestman et Anthony Calvillo ont également utilisé ces deux mots à plusieurs reprises lorsqu'il a été question du Québécois au cours des derniers mois.

«En effet, on me dit souvent que je suis polyvalent, et je pense que c'est vrai. Plus j'ai de responsabilités, plus j'aime ca.»

«Je préfère être un ambassadeur»

Les responsabilités de Lavoie chez les Alouettes ne se limitent pas aux blocs et aux attrapés. Comme la plupart des francophones du club, le joueur de 25 ans doit répondre aux questions des journalistes chaque jour ou presque. En ce sens, Lavoie et Luc Brodeur-Jourdain ont remplacé Matthieu Proulx et Étienne Boulay.

«Mes coéquipiers m'avaient bien préparé, ils m'ont dit dès le départ que j'aurais beaucoup de demandes d'entrevue. Ça fait partie de notre travail, et c'est correct. Je préfère être un ambassadeur pour notre sport que de commencer à bouder les médias.»

Que ce soit avec le Rouge et Or ou les Alouettes, Lavoie a déjà disputé sa bonne part de matchs importants. Mais il n'a jamais joué en rencontre éliminatoire devant une foule d'environ 50 000 personnes comme il s'apprête à le faire, dimanche. Nerveux?

«Marc Trestman nous a très bien préparés pour ce qui s'en vient cette semaine. Oui, ce sera au Stade olympique, et oui, il y aura une grosse foule, mais c'est dans ce genre de match qu'on voit quels joueurs sont capables de briller sous pression. Ça pourrait changer samedi ou dimanche, mais pour l'instant, je ne ressens pas de stress.»

Il faut dire que Lavoie et ses coéquipiers ont présentement la tête ailleurs. Ils doivent évidemment se concentrer sur les Argonauts de Toronto et tous les défis qu'ils présentent.

«Ils jouent leur meilleur football de la saison, et dans les trois phases du jeu. Leur défense n'a presque rien donné aux Eskimos la semaine dernière; ne serait-ce qu'en raison de Ricky Ray, l'attaque est dangereuse; et on sait tous ce que Chad Owens peut faire sur les unités spéciales. Mais le match n'aurait pas eu la même saveur s'ils ne jouaient pas bien, alors c'est bien pour les amateurs. Ils devraient voir un excellent spectacle.