Anthony Calvillo cumule à peu près tous les records de la LCF chez les passeurs, il a participé à huit matchs de la Coupe Grey et en a remporté trois. Le plus grand joueur de l'histoire des Alouettes n'est toutefois pas rassasié. Entrevue avec le meneur des Oiseaux.

Q: À l'aube de votre 19e saison, comment vous sentez-vous physiquement?

R: J'ai pu commencer mon entraînement un mois plus tôt puisqu'on a été éliminés en première ronde, et je pense que c'est pour cette raison que me sens particulièrement bien. Mes entraîneurs étaient très exigeants, mais je récupérais très rapidement, ce qui est de très bon augure. J'ai également pu travailler sur plus de choses que normalement. Ce mois supplémentaire d'entraînement a donc été très bénéfique.

Q: Vous avez subi une commotion cérébrale l'automne dernier. À quelques mois de votre 40e anniversaire, les blessures à la tête vous inquiètent-elles plus qu'auparavant?

R: Ce n'était pas ma première commotion cérébrale, mais c'était la première fois que je perdais connaissance. J'ai été inconscient pendant une vingtaine de secondes et c'est ce qui m'a fait peur. C'était préoccupant, mais la bonne nouvelle, c'est que j'ai pu retourner au jeu dès la semaine suivante après avoir réussi les différents tests qui font partie du protocole de la ligue. Lorsqu'on commence à s'inquiéter au sujet des blessures, on n'est plus en mesure de se concentrer pleinement sur notre travail. Le moment est alors venu de prendre sa retraite.

Q: Vous avez décidé de disputer une autre saison assez rapidement. La chance de pouvoir disputer le 100e match de la Coupe Grey a-t-elle influencé votre décision?

R: J'ai peut-être annoncé ma décision plus tôt parce que notre saison s'est terminée plus rapidement. Mais curieusement, c'était la première fois que je songeais sérieusement à la retraite. Or, j'ai évalué mes performances et j'étais somme toute satisfait. J'ai manqué de constance à l'occasion, mais ce fut le cas pour toute notre attaque. J'aime encore jouer et je pense être en mesure de faire bonne figure à un haut niveau. Pour ce qui est du centenaire de la LCF et de la chance de pouvoir disputer la 100e finale, ce furent des facteurs considérés, mais pas déterminants.

Q: Savez-vous ce que vous voulez faire au terme de votre carrière de joueur?

R: Il y a quatre ou cinq choses qui m'intéressent. J'aimerais être engagé dans le «coaching», mais ce n'est pas une priorité. Je veux poursuivre mon association avec les Alouettes et j'aimerais pouvoir enseigner le football aux plus jeunes. J'ai également partagé mes expériences personnelles et professionnelles à titre de conférencier par le passé et c'est quelque chose qui m'intéresse.

Q: Les Alouettes ont changé de président à deux occasions en moins de deux ans; vous êtes en fin de carrière; et on ne sait toujours pas si Marc Trestman sera de retour à Montréal en 2013. Êtes-vous inquiet pour l'avenir de la concession?

R: Je n'ai aucun contrôle sur la situation. Ce que je sais, c'est que Robert Wetenhall prend toujours les bonnes décisions. J'ai une confiance absolue en lui. L'équipe a toujours connu du succès depuis qu'il l'a achetée et je pense que ce sera la même chose au cours des prochaines années. Sa feuille de route parle d'elle-même.

Q: Bryan Chiu, Ben Cahoon et Anwar Stewart ont tous quitté l'équipe au cours des deux dernières années. Quels joueurs ont pris le relais au niveau du leadership?

R: Je suis tellement concentré sur mon travail que je ne réalise pas toujours ce qui se passe dans le vestiaire. Jamel Richardson est plus volubile qu'il ne l'était. Shea Emry est l'un de nos jeunes meneurs, mais il a raté une bonne partie de la saison dernière.

Q: Vous avez joué avec plusieurs très bons receveurs durant votre carrière. Richardson est-il le meilleur du groupe?

R: Si on parle du receveur le plus complet, il est effectivement au sommet de la liste. Il a gagné en maturité au cours des dernières années. Il est très vaillant. Nos adversaires tentent de le ralentir par tous les moyens, mais il continue de dominer.

Q: Il s'agira de la cinquième saison de Trestman dans la LCF, puis Scott Milanovich s'est joint aux Argonauts. Votre livre de jeux a-t-il été altéré davantage qu'au cours des dernières années?

R: La perte de Scott est substantielle. Certains entraîneurs auront en revanche plus de pouvoir et apporteront peut-être de nouvelles idées. Notre livre de jeu est en constante évolution, mais à vrai dire, il l'est encore plus pendant la saison. Les entraîneurs l'adaptent en fonction de ce qu'ils voient des défenses adverses. C'est exigeant pour les joueurs d'apprendre de nouveaux jeux chaque semaine, mais nos entraîneurs savent qu'on peut le faire.

Q: Plusieurs jeunes quarts canadiens participeront au camp d'entraînement à titre d'observateur. Approuvez-vous cette initiative de l'organisation?

R: Je pense que c'est très bien. Lorsqu'on est un jeune joueur, on absorbe toutes les informations qu'on reçoit. Ils ne joueront probablement pas beaucoup, mais auront la chance de voir comment ça se déroule dans une équipe professionnelle. Cela dit, ils constateront que c'est très similaire au football universitaire. On doit essentiellement apprendre et suivre notre livre de jeux. C'est surtout le niveau de compétition qui change.

Q: Contrairement à l'an dernier, vous n'aurez pas à répondre à mille et une questions au sujet de vos marques personnelles cette saison. Est-ce un soulagement?

R: J'étais bien préparé pour la situation. À la fin de la saison, j'étais toutefois drainé et ça m'a surpris. Et lorsqu'on n'investit pas toute son énergie dans son travail sur le terrain, ça finit toujours par nous rattraper. Je suis donc heureux que ce soit chose du passé. Je peux me concentrer entièrement sur la saison.

Q: Est-ce que la prochaine saison sera considérée comme un succès si elle ne se termine pas par une victoire de la Coupe Grey?

R: On a toujours pu, de façon réaliste, viser le championnat depuis mon arrivée avec l'équipe, et c'est encore le cas. Les nouveaux venus réalisent d'ailleurs très rapidement que la médiocrité n'est pas acceptable dans cette organisation. On veut dominer chaque saison. Ça ne changera pas. Et c'est l'unique raison pour laquelle je joue encore, c'est-à-dire afin de gagner des championnats.