La preuve que Jim Popp est un directeur général hyperactif? Des 79 joueurs dont les noms apparaissent sur le site officiel des Alouettes, seulement 10 étaient présents lorsque le camp d'entraînement s'est ouvert, il y a cinq ans. Entrevue avec le grand manitou des Oiseaux.

Q: À moins de deux semaines de l'amorce du camp d'entraînement, cherchez-vous à ajouter de la profondeur à certaines positions ou êtes-vous satisfait de votre équipe actuelle?

R: Je ne suis jamais satisfait de notre profondeur à aucune position, ni pour le présent ni pour l'avenir. Je suis en constante recherche de joueurs qui pourraient améliorer l'équipe, que ce soit pour une saison en cours ou pour les prochaines. Il faut comprendre qu'on doit aussi satisfaire les entraîneurs; ce ne sont pas seulement les dépisteurs et moi-même qui prenons les décisions. Les entraîneurs n'évalueront peut-être pas un joueur de la même façon que nous, ou n'aimeront peut-être pas la personnalité de l'individu. Cela étant dit, on peut gagner un championnat avec cette équipe. Je n'en ai aucun doute.

Q: Pouvez-vous identifier quelques joueurs inconnus du public qui seront à surveiller au camp?

R: Les demis offensifs Noel Devine et Garrett Wolfe sont de très bons athlètes et leur style de jeu me rappelle un peu celui de Darren Sproles. Emmanuel Marc approchait la trentaine et on savait que Brandon Whitaker serait notre demi régulier. On voulait donc développer des demis plus jeunes. Marques Murrell est un ailier défensif qui s'illustre en pressant le quart-arrière, mais qui est également capable de faire le travail en couverture. Michael Montgomery est en mesure de jouer à l'intérieur ou à l'extérieur sur la ligne défensive. Il y a cependant des joueurs américains qui sont incapables de s'adapter au football canadien. C'est même extrêmement étonnant dans certains cas.

Q: La tâche de remercier des vétérans qui sont avec l'équipe depuis longtemps, comme ce fut le cas avec Anwar Stewart cet hiver, devient-elle moins difficile avec les années?

R: Non, c'est toujours aussi difficile. Ces situations sont très inconfortables. Je suis toujours perçu comme le «méchant», même si ce ne sont pas toujours mes décisions. Mais c'est moi qui livre le message, car ça fait partie de l'emploi. On ne s'habitue jamais, c'est la partie la plus difficile de mon métier et ça ne changera jamais.

Q: Les retours de bottés ont été l'une des principales faiblesses de l'équipe en 2011. Quels joueurs sont susceptibles de combler cette lacune?

R: Devine, Wolfe et les receveurs Rashaud Slaughter et Trent Guy représentent tous des options intéressantes, mais ça dépendra de la façon dont l'équipe sera construite. Les entraîneurs veulent souvent éviter d'utiliser un joueur qui ne fait que retourner des bottés. C'est un luxe qu'on ne peut pas toujours se permettre en raison du nombre limité de joueurs lors des matchs.

Q: Il y a quelques semaines, vous avez exprimé le souhait de voir la ligue augmenter le nombre de rondes de son repêchage. Si vous étiez le commissaire, quels autres changements apporteriez-vous?

R: Il faut d'abord préciser que le commissaire de la LCF a souvent les mains liées. Ce sont habituellement les propriétaires et les gouverneurs qui dictent les choses et qui ont le dernier mot. Il y a beaucoup de politique. Mais si la ligue tient à ce que les joueurs canadiens s'améliorent, elle doit prendre les moyens pour y parvenir. On devrait pouvoir compter sur plus de joueurs au camp, mais ça nécessite plus d'argent et ce ne sont pas toutes les équipes qui peuvent ou veulent le faire. Certains espoirs qui sont repêchés ne viendront jamais dans la LCF. On devrait donc pouvoir en repêcher ou en inviter davantage au camp. Ça coûterait environ 10 000dollars pour avoir six ou huit joueurs canadiens de plus lors du camp, ce qui serait un excellent investissement. Il y aurait ainsi plus de joueurs canadiens qui seraient prêts à être lancés dans le feu de l'action. Ce serait bon pour le produit et bon pour les amateurs.

Q: Vous êtes en poste depuis le retour des Alouettes à Montréal, en 1996. Quelles sont les principales différences entre la LCF d'aujourd'hui et celle d'il y a 16 ans?

R: Évidemment, les joueurs sont plus imposants, rapides et forts. C'est assez frappant. Depuis 10 ou 15 ans, il y a notamment eu un changement dans la façon dont on utilise les vétérans. Leurs salaires sont plus élevés, alors on les ménage plus souvent lors des entraînements, ce qui est parfois nuisible à leur éthique de travail. Il y a plus de prima donna. Avec l'internet et tous les bulletins de sport à la télévision, certains joueurs recherchent le gros coup d'épaule plutôt que de plaquer avec la bonne technique. Bref, il y a plus de joueurs en quête de publicité. Mais heureusement, il y a encore des joueurs vaillants. Anthony Calvillo, par exemple.

Q: Votre famille et vous n'habitez plus Montréal depuis deux ans. Pourquoi avez-vous choisi de déménager en Caroline du Nord, et était-ce l'une de vos exigences lorsque vous avez accepté votre nouveau contrat, en 2010?

R: Ce n'était absolument pas une exigence. J'étais même contre l'idée de déménager, mais monsieur Wetenhall estimait que c'était peut-être la meilleure chose à faire. Il me l'a suggéré alors que mes négociations de contrat n'avançaient pas. Bob savait que j'étais très près de mes parents. Mes six enfants sont nés à Montréal et mes parents ne les voyaient pas très souvent. Ma mère est décédée l'année dernière, alors heureusement, elle a pu voir ses petits-enfants régulièrement pendant un certain temps. Ma femme et mes enfants étaient très heureux à Montréal, et ce ne fut pas une décision facile. On a plusieurs amis au Québec, dont certains qui viennent nous visiter en Caroline.

Q: Vous avez été interviewé par les Colts d'Indianapolis afin de devenir leur directeur général au cours de l'hiver. Quitteriez-vous les Alouettes pour la NFL afin d'occuper un poste autre que celui de DG?

R: J'ai toujours dit à M. Wetenhall que je ne partirais pas pour n'importe quel emploi. Les conditions doivent être les bonnes. La clé, pour moi, c'est l'employeur. Alors ce n'est pas tant d'être absolument un DG, mais plutôt l'identité de l'équipe. Il n'y a aucun doute que ce serait un tout autre défi dans la NFL. J'aime construire une équipe qui recommence à zéro, ou presque, et c'est d'ailleurs pour cette raison que le poste avec les Colts m'intéressait. Est-ce que l'occasion se présentera de nouveau? Qui sait?

Q: Est-ce l'un de vos rêves de travailler dans la NFL?

R: J'ai refusé quelques propositions d'équipes de la NFL par le passé. Je crois sincèrement que tout arrive pour une raison dans la vie. Alors si ça doit se produire, ça se produira un jour.