La bombe est tombée hier après-midi: Ray Lalonde a quitté son poste de président des Alouettes, un peu plus d'un an après être entré en fonction.

L'organisation a annoncé qu'il avait remis sa démission pour des raisons personnelles, mais selon ce qu'a appris La Presse, Lalonde était à couteaux tirés avec plusieurs membres du club, dont le directeur général Jim Popp et l'entraîneur-chef Marc Trestman.

«Si les choses avaient continué de la même façon, c'est peut-être Jim et Marc qui seraient partis d'eux-mêmes. Ils étaient incapables de le sentir. Entre autres parce qu'il voulait être impliqué dans toutes les décisions qui étaient prises, même celles concernant le football», a dit un membre de l'organisation ayant requis l'anonymat.

En entrevue avec La Presse, lundi, Lalonde s'était montré très évasif au sujet de sa relation avec Popp et Trestman. «Il s'agit de ne pas empiéter sur le territoire de l'autre, et de bien comprendre la hiérarchie de l'organisation», avait-il dit.

Joint au téléphone, hier, Popp n'a pas voulu confirmer s'il y avait de l'animosité entre lui et Lalonde. «Je suis déçu que les choses n'aient pas fonctionné, et je lui souhaite bonne chance pour l'avenir», s'est-il contenté de dire.

Trestman s'est également montré avare de commentaires lors d'une brève conversation téléphonique. «Je n'avais presque pas d'interaction avec Ray depuis qu'il était avec l'équipe, alors je ne commenterai pas», a dit l'entraîneur-chef.

Selon les Alouettes, M. Lalonde se trouve à l'extérieur du pays et n'a donc émis qu'un bref commentaire dans le communiqué de l'équipe qui a officialisé son départ.

«J'ai vraiment apprécié la chance de travailler de nouveau dans le monde du football. Je serai toujours reconnaissant envers Bob Wetenhall et Paul Harris de m'avoir accordé cette occasion. Les éléments sont en place pour la saison, sur le terrain comme à l'extérieur, et je souhaite la meilleure des chances à l'équipe, qui commence son chemin vers la Coupe Grey en 2012.»

Il nous a été impossible de savoir s'il a effectivement décidé de quitter son poste ou si les Alouettes lui ont forcé la main. Cependant, lors de notre entrevue de lundi dernier, Lalonde ne parlait certainement pas comme un homme qui s'apprêtait à remettre sa démission. Lors de cet entretien, il avait notamment été question de la stratégie commerciale de l'équipe à long terme...

Congédiements et mauvaise communication

La relation entre Lalonde et les hommes de football des Oiseaux n'était pas la seule à être tendue. Selon plusieurs sources, le président s'est mis bon nombre de personnes à dos peu de temps après son arrivée avec l'équipe. Plusieurs employés ont été congédiés, et la communication à l'intérieur de l'entreprise était déficiente.

«Il a embauché certains de ses anciens collègues en leur offrant de bons salaires, mais a congédié plusieurs employés qui étaient ici avant son arrivée. Et certains autres qui sont demeurés en poste ont dû accepter une diminution salariale. Il n'avait aucun égard pour les succès antérieurs de l'équipe, et se foutait si les employés étaient heureux ou non. Seule sa vision des choses importait, il était incapable de s'asseoir et de discuter», a raconté notre source.

Wetenhall, le propriétaire de l'équipe, s'est montré diplomate dans le communiqué. «Ray nous a donné une vision et a implanté une structure qui était nécessaire à notre organisation. Il a été passionné et engagé dans tous les projets qu'il a entrepris depuis son arrivée. Nous lui souhaitons la meilleure des chances et le remercions d'avoir été un membre de la famille des Alouettes», a-t-il commenté.

Or, toujours selon notre source, Wetenhall avait été mis au parfum du mauvais climat qui régnait à l'intérieur de l'organisation. «Bob n'est pas stupide. Il savait très bien ce qui se déroulait.»

De son propre aveu, Lalonde était insatisfait de la vente de billets et de loges en vue de la prochaine saison. «Je ne suis pas satisfait, car on doit faire mieux, on veut faire mieux, et on a besoin d'un plus grand appui des amateurs de sport montréalais», avait-il dit en entrevue avec La Presse, lundi.

Lalonde est entré chez les Alouettes en mars 2011, succédant à Larry Smith. Il avait précédemment fait partie de l'organisation du Canadien pendant une dizaine d'années à titre de vice-président vente et marketing. Il a aussi notamment travaillé pour la NBA, en Europe.