Jim Popp dit souvent qu'à talent égal, il donnera presque toujours la priorité à un espoir québécois. Comme tout bon décideur, le DG des Alouettes procède tout de même à une analyse méticuleuse avant de trancher entre deux espoirs.

C'est d'ailleurs ce qu'il a fait au repêchage de 2008. Possédant le septième choix de la première ronde, Popp et ses lieutenants jonglaient avec deux options: le receveur Samuel Giguère, de l'Université de Sherbrooke, et Shea Emry, un secondeur de l'Université de la Colombie-Britannique.

«On a longtemps hésité, et ce fut l'une de mes décisions les plus difficiles en carrière au repêchage. Giguère était un espoir d'ici, bien connu des amateurs de football québécois, très rapide et talentueux», rappelle le DG.

Même s'ils n'occupaient pas la même position, les Alouettes estimaient que Giguère et Emry se valaient. «Les avis étaient partagés parmi nos dépisteurs, et il y avait une certaine pression extérieure afin que nous repêchions Giguère. Mais ce fut l'une des rares occasions où il était plus logique de choisir un espoir de l'extérieur au détriment de l'un du Québec», explique Popp.

«En Emry, on avait l'occasion d'obtenir un secondeur canadien qui pouvait être un partant dans notre défense, ce qui est très rare. Il est plus facile de trouver de bons receveurs canadiens que de bons secondeurs. Dans le pire des cas, on savait qu'Emry serait un excellent joueur d'unités spéciales. Mais le facteur déterminant était la disponibilité des joueurs. Emry allait se joindre à notre équipe dès lors, tandis que Giguère suscitait de l'intérêt dans la NFL.»

Emry est rapidement devenu le secondeur à l'intérieur régulier des Oiseaux et est l'un des leaders de l'équipe depuis ce temps. Lorsque les Alouettes tiraient de l'arrière par deux touchés contre les Roughriders de la Saskatchewan au match de la Coupe Grey en 2009, c'est lui et Avon Cobourne qui ont fouetté les troupes avec un discours enflammé à la mi-temps.

Sélectionné tout de suite après Emry (8e au total par Hamilton), Giguère a passé du temps avec les Colts d'Indianapolis et les Giants de New York, mais n'a toujours pas revêtu l'uniforme des Tiger-Cats.

«Il y a toujours des exceptions aux règles auxquelles on adhère normalement. Ce fut difficile de ne pas choisir un Québécois talentueux comme Giguère, mais il n'a toujours pas disputé un seul jeu dans la LCF. Dans ce sens, je pense donc qu'on a pris la bonne décision.»