Hal Patterson, l'un des plus grands joueurs de l'histoire des Alouettes et de la Ligue canadienne de football, est mort lundi dans son Kansas natal; il avait eu 79 ans le mois dernier.

Passé à la légende pour ses exploits comme receveur de passes - il détient toujours le record de la Ligue canadienne pour les gains en un match -, Hal Patterson est arrivé à Montréal à une époque où les meilleurs athlètes du football s'alignaient tant en attaque qu'en défense... et jouaient encore sans protecteur facial.

Un athlète... En plus du football, Hal Patterson s'était illustré à l'Université du Kansas au baseball et au basket où il excellait au rebond avec les Jayhawks, finalistes du championnat de la NCAA de 1953.

En 1954, Patterson a été repêché en 14e ronde par les Eagles de Philadelphie de la NFL, mais il a préféré l'offre des Alouettes, à cause du jeu plus ouvert du Big Four (Toronto, Ottawa, Hamilton, Montréal) où il pourrait mieux exploiter sa vitesse et ses talents de receveur. Il faut aussi rappeler aussi qu'à cette époque, la NFL et les ligues canadiennes se livraient une guerre sans merci pour les meilleurs joueurs, dans un environnement de quasi-parité, économique à tout le moins.

À Montréal, où les Alouettes viennent d'aménager au stade Molson, le jeune ailier crée un impact immédiat par le formidable tandem qu'il forme avec le quart-arrière Sam Etcheverry. Les Alouettes de «Peahead» Walker se rendront à la Coupe Grey, mais s'inclineront devant les Eskimos d'Edmonton, comme ce sera le cas encore en 1955 et 1956.

Touché de 109 verges!

Etcheverry et Patterson n'en réécrivent pas moins le livre de records du football canadien où Patterson figure encore dans au moins trois catégories. Le 22 septembre 1956, à Montréal contre Hamilton, il capte une passe du «Rifle» et marque un touché de 109 verges (ce record, indépassable, sera égalé deux fois). Une semaine plus tard, à Hamilton, Patterson capte des passes pour des gains de 338 verges: ce record tient toujours, 55 ans plus tard (celui de la NFL est de 336). Avec 13 touchés et 7 records individuels, Hal Patterson sera choisi le meilleur joueur au Canada en 1956.

Mais Hal Patterson était plus qu'un grand joueur. Sam Etcheverry - il est mort il y a deux ans, à Montréal - racontera plus tard comment, avant la saison 1955, son receveur préféré avait refusé une augmentation de salaire, demandant que cet argent aille aux joueurs canadiens qu'il estimait sous-payés. Au-delà des mains, celui que l'on surnommait «le Prince» avait un coeur...

«L'Échange»

Après trois saisons médiocres des Alouettes - Patterson se blesse au genou 1959 -, Perry Moss arrive à la barre de l'équipe en 1960, mais se heurte vite aux vedettes de l'équipe. Le coup de théâtre se produit le 9 novembre, quatre jours après la défaite contre Ottawa en demi-finale: Etcheverry et Patterson, annoncent les Alouettes, sont échangés aux Tiger-Cats d'Hamilton, le premier contre le quart Bernie Faloney, Patterson contre l'ailier défensif canadien Don Paquette.

Appels à la bombe, manifs: Montréal est sans dessus-dessous! Sam Etcheverry se déclare joueur autonome et signe un contrat avec les Cardinals de St.Louis (aujourd'hui de l'Arizona) avec lesquels il jouera pendant deux saisons. Hal Patterson, lui, prend le chemin d'Hamilton où il aidera les Tiger-Cats à remporter la Coupe Grey trois fois en six participations, jusqu'à sa retraite en 1967. Ces six matches lui permettent de porter ses gains à la Coupe Grey à 580 verges, toujours le record à battre. Patterson est aussi choisi dans l'équipe d'étoiles de la Ligue canadienne en 1962, 1963 et 1964.

Hal Patterson a été intronisé au Temple de la renommée du football canadien en 1971 et en 2006, le réseau TSN l'a choisi au 13e rang des 50 meilleurs joueurs de l'histoire de la LCF. Après de longs atermoiements, les Alouettes ont retiré son numéro 75, le 21 novembre 2008, trois ans jour pour jour avant sa mort.