Les probabilités qu'une équipe rate les séries éliminatoires huit années de suite sont minces dans la NFL. Mais qu'elle n'y parvienne pas dans la division Ouest de la Conférence nationale, voilà qui dépasse tout entendement. Surtout lorsqu'on s'appelle les 49ers de San Francisco, quintuples champions du Super Bowl.

Les Niners vont participer aux séries pour la première fois depuis 2002, en janvier. L'équipe actuelle n'est certainement pas aussi gracieuse que celles de Joe Montana dans les années 80, ou aussi spectaculaire que celles de Steve Young dans les années 90, mais après la sécheresse qu'ils viennent de vivre, les partisans du club ne s'en plaindront pas.

Le grand responsable de la belle fiche de 8-1 des 49ers est bien sûr Jim Harbaugh, qui a fait ses classes d'entraîneur-chef au même endroit que l'architecte de l'ère dynastique de la concession, Bill Walsh. Harbaugh et Walsh ont tous deux relancé le Cardinal de l'Université Stanford, mais les similitudes entre eux s'arrêtent là. Disons simplement que le premier est un peu plus intense et agité.

À sa première saison à San Francisco, Harbaugh réussit ce que Mike Nolan et Mike Singletary n'ont jamais été capables de faire: il soutire le maximum d'Alex Smith et de Frank Gore.

À peu près toute la planète NFL avait jeté l'éponge dans le cas de Smith, qui a accepté de poursuivre sa carrière chez les 49ers en signant un contrat d'un an, l'été dernier. Après s'être fait traiter comme du poisson pourri par les partisans de l'équipe comme ç'a été le cas pour Smith, la grande majorité des quarts-arrière aurait choisi de plier bagage à la première occasion favorable. Pas lui.

Les statistiques de Smith sont modestes (190 verges par match, 11 touchés), mais témoignent aussi de la progression de son jeu. N'ayant été victime que de trois interceptions en neuf matchs, Smith ne commet plus l'erreur qui coule son équipe.

Nul doute que l'organisation du nord de la Californie a fait le mauvais choix lorsqu'elle a préféré Smith à Aaron Rodgers - qui avait grandi dans leur cour de surcroît - avec la première sélection du repêchage de 2005. Ridiculisé et critiqué depuis des années, Smith mérite néanmoins les commentaires positifs qu'il reçoit.

Frank Gore en est un autre qui joue beaucoup mieux depuis l'arrivée en scène de Harbaugh. Avec l'équipe depuis 2005, tout comme Smith, le demi offensif connaissait les meilleurs moments de sa carrière inégale avant d'être tenu en échec par les Giants de New York, dimanche dernier.

Ennuyé par une blessure à un genou, Gore n'a totalisé que six courses et aucune verge dans la victoire des siens. Dans ses cinq matchs précédents, il avait toutefois récolté 634 verges en 100 courses. La prolongation de contrat de 21 millions pour trois saisons qu'il a signée avant le début de la saison ne l'a manifestement pas ralenti.

Le rendement de Gore laisse supposer que la ligne offensive joue mieux, bien qu'elle ait accordé 21 sacs. Le jeune quintette compte entre autres sur deux choix de première ronde de 2010, le garde Mike Iupati et le bloqueur Anthony Davis, et devrait donc continuer de s'améliorer.

Vernon Davis est l'un des bons ailiers rapprochés de la ligue; à défaut d'avoir une attitude exemplaire, Michael Crabtree et Braylon Edwards sont des ailiers espacés de talent; et Ted Ginn est un bon joueur complémentaire en raison de sa grande vitesse.

Comme au milieu des années 90

L'attaque des 49ers n'est pas la seule unité qui soit en ascension. C'est également le cas de la défense, première de la NFL contre le jeu au sol. Patrick Willis et Justin Smith ne sont enfin plus seuls...

Disputant sa deuxième saison, NaVorro Bowman est au deuxième rang du circuit avec 92 plaqués, et la recrue Aldon Smith mène l'équipe avec 6,5 sacs. Tous âgés de 27 ans ou moins, Willis, Bowman, Smith et Ahmad Brooks forment l'un des meilleurs groupes de secondeurs.

Les Niners peuvent-ils maintenir le rythme? La victoire contre les Giants a servi à valider en partie leur étonnante première moitié de saison, même s'ils avaient déjà gagné à Detroit, Philadelphie et Cincinnati plus tôt.

Au fait, n'eût été la performance époustouflante de Tony Romo dans le quatrième quart, et la prolongation du match entre les 49ers et les Cowboys de Dallas, le 18 septembre, les Packers de Green Bay ne seraient pas la seule équipe invaincue de la NFL.

Les Cowboys, les Packers, les 49ers... il y a soudainement des souvenirs vieux d'une quinzaine d'années qui surgissent. Je vais aller écouter Nirvana Unplugged en préparant le souper.