Un dirigeant haut placé à Penn State affirme que le soutien à l'endroit de l'entraîneur de l'équipe de football Joe Paterno est en voie de s'effriter au sein du conseil d'administration de l'institution.

Cette personne, qui est au fait des discussions du conseil, a répondu aux questions de l'Associated Press à la condition qu'on taise son identité. Elle a affirmé qu'il est encore trop tôt pour savoir quel sort sera réservé à Paterno.

Le conseil d'administration de Penn State a d'ailleurs déclaré qu'il allait créer un comité spécial afin d'enquêter sur les «circonstances» qui ont mené au scandale d'abus sexuel par un ancien entraîneur adjoint sous la gouverne de Paterno.

Dans un communiqué émis mardi soir, le conseil d'administration a déclaré qu'il était «outré par les détails horrifiants» de l'affaire Sandusky. Le comité sera créé vendredi lors du conseil déjà prévu. Il tentera de déterminer les failles qui ont mené au scandale et qui en est responsable.

Le conseil a ajouté: «Nous sommes engagés à protéger ceux placés entre nos mains.»

Plus tôt mardi, des centaines de supporters de Paterno ont tenu un ralliement devant la maison de ce dernier, mardi soir. Le principal intéressé a fait une brève apparition en compagnie de membres de sa famille, notamment pour remercier les étudiants de leur présence.

«J'ai vécu pour cet endroit-là. J'ai toujours vécu en ayant en tête des gens comme vous, a dit Paterno, qui est âgé de 84 ans. C'est dur pour moi de dire tout ce que ça représente. Je suis tellement heureux de voir ce que vous ressentez pour nous et pour l'université.

«Que vous me soutenez ou pas, vous savez, pour les enfants impliqués, je crois que nous devrions faire une prière.»

Se disant fier de voir cet appui, Paterno a soulevé trois fois les poings au-dessus de la tête en disant «Nous sommes... », laissant la foule compléter avec «Penn State!»

Certains étudiants ont dit qu'ils se dirigeaient vers la statue de Paterno près du stade des Nittany Lions, Beaver Stadium, pour contrer la possibilité de vandalisme.

Scott Paterno a quant à lui fait savoir aux médias que son père n'a eu aucune discussion avec les dirigeants ou les membres du conseil d'administration de Penn State à propos de la possibilité de démissionner. Il a déclaré devant la maison de son père, mardi, que Joe Paterno prévoit non seulement de diriger son équipe à l'occasion du match de samedi contre Nebraska, mais aussi de demeurer en poste à long terme.

Plus tôt mardi, le président de l'université a brusquement annulé la conférence de presse hebdomadaire de Paterno qui était prévue mardi. Cette décision a été prise alors qu'ils étaient de plus en plus nombreux à exiger la démission des deux hommes à la suite du scandale de violence impliquant un ancien entraîneur adjoint de l'institution.



La conférence de presse devait être la première occasion pour les journalistes de demander à Paterno ce qu'il savait à propos de Jerry Sandusky, son ancien coordonnateur défensif qu'il a considéré pendant un moment comme son dauphin. Celui-ci a été accusé de violence sexuelle à l'endroit de huit garçons. Il aurait commis ses actes au cours d'une période de 15 ans.

«Compte tenu du contexte juridique en cours concernant les récentes accusations, nous avons déterminé que la conférence de presse d'aujourd'hui ne peut avoir lieu et ne sera pas remise à l'horaire», a déclaré le directeur athlétique adjoint Jeff Nelson dans un communiqué.

Scott Paterno a déclaré à l'Associated Press que la décision a été prise par le bureau du président Graham Spanier. Il a indiqué que son père était déçu et était prêt à répondre aux questions concernant le scandale.

Les autorités ont déjà fait savoir que Paterno, qui a témoigné devant un grand jury avant que les accusations ne soient déposées, n'est pas l'une des cibles visées dans le cadre de l'enquête. Le commissaire de la police d'État lui a toutefois reproché, ainsi qu'à d'autres dirigeants de l'institution, de ne pas en avoir fait assez pour essayer d'arrêter les actes de violence sexuelle.

Ça n'a pas empêché deux journaux de la région, le Patriot-News de Harrisburg et Tribune-Review de Pittsburgh, d'exiger à plus ou moins court terme la démission de Paterno et Spanier.

Entre-temps, une autre victime potentielle a communiqué avec les autorités.

L'homme, qui est maintenant un adulte, s'est manifesté dimanche après avoir pris connaissance des reportages concernant l'arrestation de Sandusky, a indiqué le lieutenant David Young de la station de police de Montoursville. Les enquêteurs ont pris note de sa déclaration et l'ont acheminée à la station de Rockview afin que les agents puissent faire avancer le dossier, a fait savoir Young.

Le Patriot-News, qui été le premier à révéler que l'homme s'était manifesté, a indiqué qu'il s'agit d'un homme dans la vingtaine qui n'avait jamais fait part des incidents dont il a été victime il y a une décennie, ni à ses parents ou aux autorités.

Une personne au fait de la relation qu'entretient toujours Sandusky avec Penn State a déclaré à l'Associated Press que l'ancien entraîneur a longtemps eu un bureau tout près du bâtiment consacré à l'équipe de football de l'université, et qu'il s'est trouvé sur le campus aussi récemment qu'il y a une semaine, pour y faire du conditionnement physique.

Le grand jury enquêtant sur Sandusky avait appris que l'université lui avait fourni le bureau, une place de stationnement et d'autres privilèges dans le cadre de son indemnité de départ en 1999.

Le commissaire de la police de la Pennsylvanie Frank Noonan a déclaré, lundi à Harrisburg, que Paterno avait respecté ses obligations sur le plan juridique en avertissant les dirigeants de l'université qu'un adjoint à l'enseignement avait vu Sandusky agresser un jeune garçon dans la douche du vestiaire de l'équipe en 2002. Le commissaire s'est toutefois demandé si Paterno, par obligation morale, n'aurait pas dû en faire davantage.

Photo: Reuters

Jerry Sandusky, un ancien coordonnateur défensif de l'équipe de football de l'université Penn State, est accusé d'avoir agressé sexuellement huit jeunes garçons sur une période de 15 ans.