C'est rare qu'une équipe se sauve avec le titre dans la division Est de la Nationale. Une majorité d'observateurs croyaient pourtant que c'est exactement ce que les Eagles de Philadelphie parviendraient à faire cette saison. C'est plutôt mal parti.

Le «Dream Team», sobriquet qu'a donné Vince Young aux Eagles, tarde à se mettre en marche. Et s'il ne le fait pas bientôt, comptez sur les bonnes gens de Philadelphie pour transformer le rêve annoncé en cauchemar. Que les Phillies gagnent la Série mondiale ou pas, les fanas de Philly garderont leurs Eagles à l'oeil.

De la pression, il y en a sur Andy Reid, Michael Vick et compagnie. Les Eagles n'ont jamais gagné un Super Bowl, et c'est cette année que ça devait changer. L'organisation a fait sa meilleure imitation des Redskins de Washington en multipliant les embauches sur le marché des joueurs autonomes avec un seul objectif en tête: le trophée Lombardi.

Le problème avec une stratégie semblable, c'est que ça prend normalement une certaine période de temps avant que tout le monde ne s'acclimate et trouve son rôle. Cela dit, il y a d'autres trucs qui clochent chez les Eagles.

La défense a été renflouée avec l'arrivée des Nnamdi Asomugha, Dominique Rodgers-Cromartie, Jason Babin et Cullen Jenkins. Sauf que les Eagles ont oublié d'obtenir un secondeur ou deux capables d'arrêter les porteurs adverses. À quoi bon compter sur trois demis de coin étoiles lorsque l'adversaire peut empiler 200 verges au sol?

Loin d'être aussi talentueux que son frère Clay, Casey Matthews se retrouve présentement au beau milieu de la défense des Eagles à titre de secondeur à l'intérieur. C'est lui qui dirige le trafic, comme on dit. Peut-on réalistement en exiger autant d'une recrue qui a été sélectionné en quatrième ronde?

L'état de santé de Vick est évidemment une autre source d'inquiétude à Philadelphie. La saison est vieille de trois matchs seulement que déjà le quart-arrière a subi une commotion cérébrale et une quasi fracture à la main droite. N'allez pas croire que c'est son style de jeu qui explique ces blessures. C'est plutôt l'inefficacité de la ligne devant lui.

Le premier choix Danny Watkins devait améliorer la ligne offensive des Eagles, mais le garde originaire de Kelowna a été tellement mauvais au camp d'entraînement qu'il a été évincé de la formation partante. Reid et ses lieutenants devront y voir rapidement, sinon Vick ne se rendra pas à la mi-saison.

Du football inspiré

Pendant que les Eagles déçoivent, leurs trois rivaux de division étonnent. Les Redskins, les Cowboys de Dallas et les Giants de New York ont tous deux victoires en banque - une de plus que les Eagles -, et jouent tous du football inspiré. À défaut de posséder le talent des Eagles, ces trois équipes semblent mieux préparées et moins brouillonnes.

Négligés par plus d'un touché, les Giants ont vaincu les Eagles par 13 points, dimanche dernier à Philadelphie. Eli Manning a réussi quelques longues passes aux bons moments, et la défense a réussi trois interceptions.

La tertiaire des Giants est une agréable surprise en ce début de saison, et la ligne défensive demeure l'une des meilleures. Le jeu au sol est entre très bonnes mains avec les vétérans Ahmad Bradshaw et Brandon Jacobs, deux durs qui en ont vu d'autres.

Si Manning évite de perdre des matchs avec des erreurs cruciales, et que Mario Manningham et Hakeem Nicks restent en santé, les Giants lutteront pour une place en séries. Souvent critiqué à tort, Tom Coughlin sait comment diriger ses ouailles et soutirer le meilleur d'eux.

Mike Shanahan, aussi, d'ailleurs.

L'entraîneur-chef des Redskins est en train de prouver qu'il n'est pas nécessaire de compter sur plusieurs joueurs étoiles pour gagner. Rex Grossman? Tim Hightower? Jabar Gaffney?

Grâce à des plans de match bien ficelés et à une défense dynamique, les Skins seront peut-être encore dans le coup, eux aussi, en décembre. Et ça, peu de gens à l'extérieur de la capitale américaine l'avaient prévu.

Les Cowboys ont comblé des déficits en deuxième demie afin de remporter leurs deux derniers matchs. Malgré les nombreuses blessures qui les handicapent, les Boys jouent du bon football. Tony Romo a répondu de brillante façon depuis sa déconfiture contre les Jets en lever de rideau et mène la jeune attaque des Cowboys en dépit d'une fracture aux côtes et d'un poumon perforé. Pas évident.

Pression

Un peu comme les Redskins, les Cowboys ont misé sur un meilleur esprit d'équipe et une meilleure organisation plutôt que sur une collection de grosses têtes, incapables de répondre aux attentes. Comme Coughlin à New York et Shanahan à Washington, Jason Garrett y est sûrement pour beaucoup.

Bref, contrairement aux Eagles, on n'attendait pas grand-chose de la part des Giants, des Redskins et des Cowboys en 2011. Ces trois clubs - qui totalisent 11 titres du Super Bowl, au grand dam des Eagles et leurs fidèles - devaient tous être en transition, ce qui n'est visiblement pas le cas. Oui, les Eagles ont de la pression sur les épaules.