Samedi dernier, il était question des Lions de Detroit dans cette page. On poursuit dans la même veine, en vous causant d'une autre équipe qui mange son pain noir depuis une éternité, celle du nord de l'État de New York.

Les Bills de Buffalo. Quatre petits mots qui évoquent les défaites crève-coeur. Qui rappellent la souffrance que ces échecs ont causée aux fidèles de ce club qui semble maudit par le sort.

Or, surprise, les Bills ont remporté leurs deux premiers matchs de 2011. Vaut donc mieux en parler tout de suite, avant qu'ils ne s'effondrent comme un château de cartes. C'est imminent, et ça devrait même commencer dès demain contre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Mais non, partisans des Bills... On vous agace. Voyez comme vous êtes sensibles! C'est possible que Bill Belichick et ses Patriots jettent une douche d'eau froide sur le stade Ralph Wilson, ça leur arrive assez régulièrement d'étouffer la fête. Sauf qu'il n'y aura pas d'effondrement cette année à Buffalo. Ça se sent.

La principale raison de cet optimisme? Ryan Fitzpatrick, le seul quart-arrière de l'histoire de la NFL à avoir joué son football universitaire à Harvard. Il a trimé dur pour se rendre où il est, Fitzpatrick. Ses passages avec les Rams de St-Louis et les Bengals de Cincinnati ont été aussi brefs que pénibles. D'ailleurs, on s'est demandé à quoi pensaient les Bills lorsqu'ils ont levé le nez sur les quarts disponibles au dernier repêchage. Ryan Fitzpatrick? Soyons sérieux.

Ce Fitzpatrick est une belle preuve que l'essentiel des qualités d'un bon quart se trouve entre les deux oreilles plus que dans le bras. Davantage dans le ventre que dans les jambes. Le bras de Fitzpatrick est moyen, ses qualités physiques, à peu près inexistantes. À 28 ans, il continue tout de même de s'améliorer.

Le plus remarquable, c'est qu'il le fait en étant entouré de joueurs au talent modeste. Il y a Fred Jackson, qui est peut-être le demi offensif le moins excitant de la NFL, mais qui est également son meneur avec 229 verges au sol. Pour le reste, c'est un peu quelconque en attaque.

Le porteur C.J. Spiller devait complémenter Jackson, ce qui est plus ou moins le cas jusqu'à présent. Le centre Eric Wood et le garde Adam Levitre, tous deux repêchés en 2009, progressent bien, mais il serait assez étonnant que les bloqueurs Erik Pears et Demetrius Bell participent au Pro Bowl prochainement... Puis, il y a cette collection de receveurs inconnus. Même Steve Johnson (82 attrapés en 2010) est sorti de nulle part. Vous aviez déjà entendu parler de lui, il y a un an?

Merriman, la clé en défense

Comme Johnson, Kyle Williams joue à un haut niveau dans un presque anonymat. Le plaqueur a maintenant la recrue Marcell Dareus à ses côtés, de sorte que la ligne défensive représente l'une des forces des Bills. Dareus était considéré la valeur la plus sûre du dernier repêchage. Très rapide et explosif pour un joueur de 340 livres, il était dominant à l'Université de l'Alabama.

Derrière Williams et Dareus, le secondeur Nick Barnett est solide contre la course, et la tertiaire se construit autour d'un duo de jeunes joueurs talentueux en Leodis McKelvin et Jairus Byrd.

La grande question, c'est de savoir si les Bills réussiront un jour à presser le quart.

Aaron Maybin devait régler une partie du problème, ce qui n'a jamais été le cas. Onzième espoir sélectionné, en 2009, l'ancien de l'Université Penn State n'a même pas obtenu un seul sac avec les Bills, qui l'ont remercié après deux saisons improductives.

La clé de l'énigme pourrait être Shawne Merriman, jadis surnommé «Light's out». Merriman a totalisé 39.5 sacs à ses 42 premiers matchs avec les Chargers. Depuis qu'il s'est fait prendre la main dans le pot de stéroïdes, il en a réussi 4 en 20 matchs. Light's out, en effet. Peut-il retrouver sa forme d'il y a trois ou quatre ans?

Dans une division qui comprend sa sainteté Belichick, Rex Ryan, le tapageur pilote des Jets de New York, et Bill Cowher... oups, on me dit à l'instant que c'est encore Tony Sparano qui dirige les Dolphins de Miami, Chan Gailey n'est certainement pas l'alpha mâle du groupe. En contrepartie, l'expérience et la patience de l'entraîneur-chef servent bien la cause des jeunes Bills.

Masochistes ou loyaux?

Il y a sûrement un bon pourcentage des partisans des Bills qui ont démissionné en cours de route. Prenez mon ami Francis, par exemple. Lorsque je l'ai connu au cégep, il prenait pour Buffalo. Il était même convaincu que les Bills allaient battre les Cowboys au Super Bowl de 1992. Vous auriez dû voir l'expression de son visage quand c'était 52-10 pour Dallas.

Comme par hasard, mon pote, qui habite aujourd'hui à Guangzhou, en Chine, est devenu un partisan des Patriots, il y a huit ou neuf ans. Faut croire que ce sont des choses qui se produisent lorsqu'une équipe perd quatre fois de suite au Super Bowl. La loyauté tend à ramollir (pas vrai, Frank?).

Allez savoir s'ils sont masochistes ou tout simplement loyaux, mais certains partisans sont restés à bord du navire. Et ceux-là pourraient bientôt récolter le fruit de leur persévérance. On leur souhaite un retour en séries, et pourquoi pas, une victoire, demain. Après tout, les Pats ont gagné les 15 derniers matchs entre les deux équipes. Et il y en a un qui sourit à pleines dents, en Asie.