J'avais 13 ans quand Anthony Calvillo a lancé sa première passe de touché en carrière avec le Posse de Las Vegas. Alors qu'il commençait à apprendre les subtilités du football canadien, j'amorçais mon apprentissage de la grammaire québécoise.

Quatorze ans plus tard, j'ai eu le privilège de faire partie de la même équipe que lui. Il faut dire que nous avions tous deux fait beaucoup de chemin depuis. Il était déjà maître de son art alors que, de mon côté, je tentais de me tailler une place au sein du club. Je l'ai rencontré pour la première fois lors d'une réunion d'équipe. J'admets aujourd'hui avoir été réellement impressionné. C'était un homme plutôt timide et discret, mais qui me paraissait fort sympathique et chez qui on sentait la force tranquille du champion.

Ma première expérience sur le terrain fut tout aussi intimidante. J'évoluais au poste de maraudeur et, lors des séances d'entraînement, je devais l'analyser afin d'anticiper le jeu à venir. Un travail plutôt compliqué alors qu'il regardait à ma gauche et lançait à ma droite avec une précision inouïe! Depuis quelques années, ces fantaisies ont disparu, mais je peux vous assurer qu'il est capable de tout faire.

Mais c'est la vie qui aura été son plus redoutable adversaire et qui aura façonné l'homme que nous connaissons aujourd'hui. Aucun joueur défensif n'aurait pu frapper plus fort que le cancer dont a été victime sa femme Alexia en 2007. La famille Calvillo a passé une rude épreuve, mais AC en est ressorti un nouvel homme; plus volubile, plus ouvert et plus dominant que jamais grâce à cette nouvelle perspective sur la vie.

L'ère Trestman lui a également offert un souffle nouveau. Les deux génies du football concoctent des tactiques et des concepts qui confondent leurs adversaires depuis déjà quatre ans et ainsi, améliorent la qualité du système de jeu non seulement des Alouettes, mais du football canadien dans son ensemble.

L'année dernière, Calvillo a lui aussi reçu des mauvaises nouvelles au sujet de sa santé. Il a subi deux chirurgies afin de retirer sa glande thyroïde. Tous se demandaient comment il en ressortirait. Eh bien, connaître l'homme, c'est connaître la réponse! Calvillo s'est battu, a gagné encore une fois et semble plus fort que jamais.

J'ai eu le privilège de jouer avec cette légende du football professionnel pendant six années, je peux témoigner de sa résilience et de sa passion pour le sport, et bien honnêtement, je ne sais pas s'il y a quelque chose ou quelqu'un qui puisse l'arrêter. De lui, j'ai appris l'humilité dans la victoire, la force dans la défaite et que la valeur d'un homme ne se mesure pas au nombre de fois qu'il tombe, mais au nombre de fois qu'il se relève. Merci Anthony!